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PRÉFACE

Dans ce traité élémentaire, destiné à l'enseignement, je m'écarte assez souvent de la marche habituellement suivie, parce que, suivant moi, l'objet de l'Économie politique n'est pas celui qu'on indique d'ordinaire.

Ce qui importe, ce me semble, c'est la conduite des individus et des États, concernant la production et l'emploi des biens, c'est-à-dire le côté moral et politique de notre science.

Dans les résumés, où il faut tout condenser en quelques pages, on se borne souvent aux définitions et à l'exposé sommaire de quelques lois générales. Réduite à ce point, l'économie politique offre peu d'utilité.

Je me suis efforcé de rattacher intimement mon sujet à celui des autres branches des études humanitaires, c'est-à-diré à la philosophie, à la morale, aux souvenirs de l'antiquité, à l'histoire et à la géographie.

La géographie décrit la situation des peuples et l'his

a

toire raconte leurs annales. On ne peut profiter des leçons que l'une et l'autre apportent, sans le secours de l'économie politique.

On admet aujourd'hui que la partie principale de l'histoire est celle qui retrace le progrès de l'humanité dans le bien-être et dans la liberté. Pour comprendre cette marche en avant, depuis la barbarie préhistorique, jusqu'au prodigieux épanouissement de richesse qui caractérise notre époque, des connaissances économiques sont indispensables.

C'est pour mieux montrer le rapport intime qui existe entre l'histoire et l'économie politique, que je n'ai pas craint de multiplier les citations d'auteurs

connus.

A l'énoncé de chaque principe j'ai joint un exemple, un fait, une maxime, espérant que le volume, ainsi grossi, paraîtrait cependant plus court, parce que l'attention serait plus soutenue.

Quelques chapitres, comme ceux qui traitent du socialisme, du crédit, des crises commerciales ou de la population, paraîtront, peut-être, trop détaillés pour un traité élémentaire. Toutefois, il ne faut pas oublier que de notre temps le jeune homme qui sort du collège se trouve aussitôt comme saisi par ces importants problèmes.

La question sociale? Mais c'est l'objet des débats de chaque jour. Le crédit? Mais qui n'y a pas recours ? Les crises? Mais elles menacent à chaque instant

notre avoir. La population? Mais l'avenir de notre pays en dépend.

Quand on vit sous des institutions démocratiques, il faut un enseignement viril. Dès notre jeune âge, la chose publique commande notre attention. C'est alors déjà que l'économie politique doit nous faire voir que la liberté conduit les peuples à la prospérité, et le despotisme à la décadence.

Faut-il insister pour prouver la nécessité de répandre les connaissances économiques? La plupart des maux dont souffrent les sociétés proviennent de leur ignorance en cette matière. Rivalités des peuples, guerres à coups de tarifs douaniers, entraves au commerce, imprévoyance des ouvriers, antagonisme entre les ouvriers et les maîtres, abus de la spéculation, charité mal entendue, impôts excessifs et mal assis, dépenses improductives des États et des villes, autant de causes de souffrances provenant d'erreurs économiques.

Les sciences naturelles, qu'on prise tant aujourd'hui. montrent l'homme obéissant, comme les autres êtres animés, à l'intérêt individuel. Tout en maintenant que l'homme, être moral et libre, peut et doit écouter la voix du devoir et se sacrifier pour la famille, pour la patrie et pour l'humanité, il faut reconnaître que le mobile habituel de ses actions est la poursuite de ce qui lui est utile. S'il en est ainsi, la science qui indique en quoi consiste l'utile et comment les hommes

réunis en société peuvent le mieux y atteindre, n'estelle pas indispensable?

Les termes dont je me suis servi ne sont pas toujours ceux qui sont généralement employés. J'ai cru qu'il fallait le plus possible éviter les mots abstraits, pour n'employer que ceux du langage familier.

Quand j'ai cité le nom d'un économiste important, il m'a paru utile d'ajouter, au bas de la page, la date de sa naissance et celle de sa mort, ainsi que le titre de ses principaux ouvrages, afin de donner ainsi un aperçu sommaire de l'histoire de la science. Toutefois j'ai cru devoir borner ces citations aux ouvrages écrits ou traduits en français.

Je dirai en terminant que des traités élémentaires publiés avant celui-ci, m'ont été d'un grand secours ; je citerai notamment ceux de Mme Fawcett et de MM. Baudrillart, Maurice Block, J. Habert, Stanley Jevons, A. et M.-P. Marshall, et surtout celui de M. Luigi Cossa, dont les définitions précises et justes, les analyses ingénieuses et complètes, révèlent une rare connaissance du sujet.

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