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intrinsèque est inférieure à leur valeur nominale, et, en second lieu, parce qu'il n'en faut qu'une quantité limitée, leur cours légal étant limité.

Le monnayage libre des deux métaux a été introduit. en Angleterre dès 1666, et, en France, par la loi du 7 germinal an XI (1803).

Le système monétaire en vigueur dans les pays qui, en 1865, ont formé l'Union monétaire latine (France, Italie, Suisse et Belgique), admet, en principe, comme monnaie-étalon, toutes les pièces d'or et les pièces de cinq francs. Les autres pièces d'argent sont à un titre nférieur 835 millièmes de fin. Elles n'ont cours légal, en chaque payement, que jusqu'à concurrence de cinquante francs, et les États associés ne peuvent en émettre que dans la limite de 6 francs par habitant.

Le billon est fait de bronze, en France et en Italie, et de nickel en Suisse et en Belgique. Il est destiné aux menus payements; il ne doit être accepté que jusqu'à concurrence de 5 francs.

Une clause excellente est celle qui stipule que les pièces divisionnaires et de billon peuvent être échangées, dans les caisses publiques, contre des pièces étalons, quand on les offre pour une somme déterminée par la loi. Ainsi la quantité de petite monnaie ne peut jamais être trop grande, puisque ce qui excède les besoins. peut être converti en monnaie principale.

§ 6. La monnaie monométallique et la monnaie
bimétallique.

Le système monétaire de l'Union latine est appelé système du double étalon ou bimétallique, parce qu'il permet, en principe, la frappe libre et illimitée des pièces d'or et d'argent, auxquelles il accorde le privilège du cours légal, c'est-à-dire le droit d'être reçu en tout payement, toute dette étant présumée, par la loi, payable en espèces ayant cours légal.

Le système monométallique n'accorde la frappe libre et le cours légal illimité qu'aux monnaies soit d'or, comme en Angleterre, soit d'argent, comme en Autriche.

Le système monométallique est plus simple, et le rapport de valeur entre les différentes pièces de monnaie est fixe, puisqu'elles sont faites du même métal. Mais le rapport de valeur entre la monnaie et les marchandises dont elle doit opérer l'échange est plus variable quand la monnaie est monométallique, que quand elle est bimétallique. En effet, de même qu'un pendule compensé, fait de tiges de deux métaux dont les dilatations inégales se compensent, est moins variable, ou que le débit d'un fleuve qui reçoit deux affluents est plus régulier, ainsi un système monétaire alimenté par l'afflux simultané des deux métaux précieux est plus stable, parce que la masse monétaire totale est plus considérable et parce que la diminution dans la production de l'un des deux métaux peut être compensée par l'accroissement de la production de l'autre.

§ 7. La loi de Gresham et la loi de Newton.

Un grand inconvénient de la monnaie bimétallique résulte de ce que l'on appelle la loi de Gresham. Sir Thomas Gresham, conseiller de la reine d'Angleterre Élisabeth, a montré (1558) que la monnaie qui a le moins de valeur chasse toujours celle qui en a le plus, celle-ci étant exportée. Aristophane fait la même remarque dans les Grenouilles (V. 718), à propos d'Athènes : « Dans notre république, dit-il, les mauvais citoyens sont préférés aux bons, de même que la mauvaise monnaie circule, alors que la bonne se cache. >>

Newton a indiqué, dès 1717, le moyen d'obvier aux fàcheux effets de la loi de Gresham: c'est d'établir dans tous les pays le même rapport de valeur entre l'or et l'argent. « Alors, dit-il, il n'y aura point de motif pour exporter l'un des deux métaux de préférence à l'autre. >> Cette loi économique formulée, comme celle de la gravitation, par le grand astronome, devrait servir de base à une union monétaire des États civilisés, qui rendrait plus intimes les relations et la solidarité des nations associées. C'est un point que M. Cernuschi a parfaitement mis en lumière.

Jusqu'à ces derniers temps l'argent a toujours été employé comme monnaie principale.

En français, le mot « argent » est même synonyme de monnaie.

L'argent est, en effet, le meilleur métal monétaire, parce que sa valeur est plus stable, ce qui est la qua

lité essentielle que doivent avoir le moyen légal de payement et la commune mesure des valeurs.

La valeur de l'argent est plus stable que celle de l'or, parce qu'il est exclusivement obtenu de l'exploitation des mines. La production de l'or, qui est tiré, pour les trois quarts, des sables aurifères, augmente et diminue en peu de temps, comme le montre l'histoire. Si l'or était partout adopté comme monnaie-étalon unique, les prix seraient soumis à des fluctuations nombreuses et brusques, ce qui est un grand mal.

§ 8. De la conservation des systèmes monétaires.

Pour conserver le système monétaire dans son intégrité, les mesures législatives suivantes sont indispensables:

1o Interdire et punir le fait de fabriquer et d'émettre de la fausse monnaie, d'imiter ou de rogner la monnaie légale.

2o Fixer un minimum de poids au-dessous duquel une pièce perd le privilège du cours légal et peut être refusée en payement.

3o Retirer de la circulation et remonnayer, soit aux dépens du dernier porteur, soit aux frais de l'Etat, toutes les pièces dont le poids est inférieur à ce minimum.

Les pièces s'étant usées au service du public, et non du dernier porteur, il est plus juste de les remonnayer aux frais de l'État.

CHAPITRE IV.

LE CRÉDIT.

§ 1. Ce qu'est le crédit.

Le crédit est l'acte de confiance par lequel le détenteur d'une somme d'argent ou de marchandises les livre à un autre, contre promesse de remboursement ou de payement.

Crédit vient du mot latin credere « croire ». En effet, si l'on délivre à une personne du numéraire ou des marchandises, à condition qu'elle remboursera la somme prêtée ou qu'elle payera le prix convenu, après un certain temps, c'est parce qu'on croit que cette promesse sera remplie.

Celui qui croit à cette promesse et qui a droit au payement est le créancier. Celui qui a promis et qui doit payer est le débiteur. Ce qui doit être payé est pour le premier une créance, pour le second une dette. Le temps qui s'écoule jusqu'au moment du payement est le terme.

Promesse et confiance en celle-ci, tels sont donc les éléments du crédit. La raison de la confiance est la solvabilité, l'intelligence, l'esprit d'ordre et l'honnêteté.

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