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prix baissent, et ainsi chaque véhicule monétaire transportant la possession de plus d'objets, la quantité existante de la monnaie suffit, et sa rareté, cette raison d'en faire payer l'usage plus cher, disparaît,

DEUXIÈME PARTIE.

LA CIRCULATION DES BIENS.

Quand chacun des facteurs qui ont contribué à créer la richesse, le propriétaire du fonds, le travailleur et le capitaliste, a obtenu la part qui lui revient, il en fait usage pour se procurer les choses qu'il désire consommer. Il donne pour recevoir; la richesse passe d'une main dans une autre. Elle circule par l'échange.

CHAPITRE I.

L'ÉCHANGE.

§ 1. Le troc.

La forme la plus simple de l'échange est le troc, marchandise contre marchandise. Aux époques préhistoriques, le troc seul a dû être en usage, et il l'est encore chez les sauvages, où l'on donne une hache pour obtenir un porc, et un clou pour un régime de bananes.

Mais quand les échanges se sont multipliés, en même temps que se spécialisaient les occupations, on a eu recours, pour accomplir les échanges, à la monnaie; et le troc s'est accompli par deux opérations: la vente et l'achat.

Dans l'Iliade (chant VII, vers 468), quand les vaisseaux de Lemnos apportent du vin aux Grecs, « les guerriers, empressés, donnent en échange de l'airain, du fer, des peaux, des bœufs et jusqu'à des esclaves >> : c'est le troc primitif.

§ 2. Emploi de la monnaie: Vente; Achat.

Aristote d'abord, puis le jurisconsulte romain Paulus, ont parfaitement montré l'origine et le rôle de la monnaie. Voici comment s'exprime le philosophe grec :

« La nécessité introduisit la monnaie. On convint de donner et de recevoir, dans les échanges, une matière qui, utile par elle-même, fût facilement maniable dans les usages habituels de la vie; ce fut du fer par exemple, de l'argent ou telle autre substance, dont on détermina d'abord la dimension et le poids, et qu'enfin, pour se délivrer des embarras des continuels mesurages, on marqua d'une empreinte particulière, signe de sa valeur. Mais la monnaie n'est par ellemême qu'une frivolité, une futilité; elle n'a de valeur que par la loi, et non par la nature, puisqu'un changement de convention entre ceux qui en font usage peut la déprécier complètement et la rendre tout à fait impropre à satisfaire aucun de nos besoins. » (Politique Liv. I, ch. vi.)

Le jurisconsulte Paulus reproduit la même idée, mais avec plus de précision :

« L'origine de la vente et de l'achat se trouve dans les trocs. La monnaie était inconnue, et il n'y avait point de mots pour distinguer la marchandise et le prix; mais chacun, suivant les besoins du moment et des circonstances, troquait ce qui lui était inutile contre ce qui lui était utile, car il arrive souvent que l'un a en excès ce qui manque à l'autre. Mais, comme il ne se rencontrait pas toujours ni facilement que tu possé

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