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représentait la honte qu'il y aurait pour des Spartiates à fuir devant l'ennemi, et combien il leur serait glorieux de périr même, s'il le fallait, les armes à la main en combattant pour la patrie. Comme si tout danger fût disparu, et que les dieux, pleinement satisfaits et apaisés par les défaites précédentes, se fussent tournés entièrement de leur côté, il leur faisait envisager la victoire comme certaine et comme déja présente, et comme si elle-même les invitait au combat. Tous les Anciens qui ont parlé du caractère de la poésie de Tyrtée remarquent qu'elle était pleine d'un feu, d'une ardeur, d'un enthousiasme qui enflammait les esprits, [Diog. Laert. qui les élevait au-dessus d'eux-mêmes, qui leur II. § 43.] inspirait je ne sais quoi de généreux et de martial, qui étouffait en eux tout sentiment de crainte des dangers ou de la mort, et qui les rendait uniquement attentifs au salut de la patrie et à leur propre gloire.

Plat.

lib. de leg. pag. 629.

Plut. in

Agid. et Cleom. pag. 805.

ils

Ce fut véritablement l'effet que les vers de Tyrtée
produisirent dans cette occasion sur les soldats. Ils de-
mandèrent tous d'une voix commune qu'on les conduisît
contre l'ennemi. Devenus indifférents pour la vie,
ne songeaient qu'à s'assurer l'honneur de la sépulture.
Ils attachèrent tous à leur bras droit des bandelettes
où ils avaient inscrit leur nom et celui de leurs pères,
afin que,
s'ils périssaient dans le combat, et que les
traits de leurs visages vinssent à se confondre par la
longueur du temps, on pût certainement les reconnaître
à ces marques. Des soldats déterminés à mourir sont
bien forts cela parut dans la bataille qui se donna.

I Tyrtæusque mares animos in Martia bello
Versibus exacuit.

(HORAT, in Art, poet. [v. 402}.)

Elle fut très-sanglante, et la victoire long-temps disputée; mais enfin les Messéniens cédèrent. Quand Tyrtée, dans la suite, passa à Sparte, il y fut reçu avec de grandes marques de distinction, agrégé au nombre des citoyens.

Le gain de cette bataille ne termina pas la guerre: elle avait deja duré trois ans. Aristomène ayant ramassé les débris de son armée, se retira sur une montagne qui était d'un difficile accès, appelée Ira. Les vainqueurs avaient compté l'emporter d'emblée; mais il s'y defendit pendant onze ans, et y fit des actions de bravoure extraordinaires. Ce ne fut même que par surprise et par trahison qu'il fut obligé d'en sortir, après avoir combattu comme un lion. Ceux des Messéniens qui tombèrent entre les mains des Lacédémoniens furent réduits au sort et à l'état des Ilotes: mais les autres, voyant leur patrie ruinée, allèrent s'établir à Zancle, ville de Sicile, qui depuis fut appelée de leur nom Messane; et elle est encore aujourd'hui nommée Messine. Aristomène, après avoir conduit une de ses filles à Rhodes, dont le tyran l'avait épousée, songeait à passer ou à Sardes, chez Ardys, roi des Lydiens, ou à Ecbatane, chez Phraorte, roi des Mèdes. Mais la mort le prévint.

La seconde guerre des Messéniens avait duré quatorze ans. Elle finit la première année de la 27o olympiade.

AN. M. 3334

Il y en eut encore une troisième, qui commença du Av.J.C.670.1 temps et à l'occasion d'un grand tremblement de terre arrivé à Sparte. Il en sera parlé dans la suite.

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TABLE DES MATIÈRES

CONTENUES

DANS LE TOME SECOND.

HISTOIRE ANCIENNE DES ASSYRIENS.

AVANT-PROPOS.

§ I. Réflexion sur la variété des § II. Description géographique de gouvernements.

Page I

l'Asie.

Page 4

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