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I 2033 4 58.21

Minot fund.

DES ASSYRIENS.

AVANT-PROPOS.

§ I. Réflexion sur la variété des gouvernements.

A

LA La multiplicité de gouvernements parmi les peuples dont j'ai à parler offre d'abord aux yeux et à l'esprit un spectacle bien digne d'attention, et montre l'étonnante variété que le souverain maître du monde a mise dans les empires qui le partagent, par la différence d'inclinations et de mœurs qui se rencontre dans chacune des nations. On reconnaît en cela le caractère de la Divinité qui, toujours semblable à elle-même dans tous ses ouvrages, se plaît à y peindre sous mille différentes formes et à y faire éclater sa sagesse infinie, et par une fécondité merveilleuse, et par une admirable simplicité : sagesse qui, de toutes les parties de l'univers, aussi bien que de toutes les productions de la nature, quoique multipliées et diversifiées en une infinité de manières, sait former un ouvrage unique, et composer un tout parfaitement régulier.

Dans l'Orient, c'est le gouvernement monarchique qui domine, lequel, entraînant avec soi une pompe majestueuse et une hauteur presque inséparable de l'autorité souveraine, conduit naturellement à exiger

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des sujets un respect plus marqué et une soumission plus entière. A l'égard de la Grèce, il semble qu'un souffle de liberté et un esprit républicain s'étaient répandus dans tout le pays, et avaient inspiré presqu'à tous les peuples qui l'habitaient un violent desir de l'indépendance, diversifiée néanmoins sous différentes sortes de gouvernements, mais tous également ennemis de l'assujettissement et de la servitude. Ici, c'est le peuple qui commande, et c'est ce qu'on appelle démocratie; là, c'est l'assemblée des sages et des anciens, connue sous le nom d'aristocratie; dans une autre république, c'est un petit nombre d'hommes choisis et puissants, et qui se nomme oligarchie; dans quelquesunes c'est un mélange de toutes ces parties, ou de plusieurs d'entre elles, et quelquefois même de la royauté.

On sent bien que cette variété de gouvernements, qui tendent tous à une même fin, quoique par des voies différentes, contribue beaucoup à la beauté de l'univers, et qu'elle n'a pu venir que de celui qui le gouverne avec une sagesse infinie, et qui met par-tout un ordre et une symétrie dont l'effet est de lier toutes les parties entre elles, et par là de les rappeler toutes à l'unité; car, bien que, parmi ces différentes sortes de gouvernements, les uns soient préférables aux auROM. 13.1. tres, il est vrai néanmoins de dire qu'il n'y a point de puissance qui ne vienne de Dieu, et que c'est lui qui a établi toutes celles qui sont sur la terre. Tout usage de cette puissance, ni toute voie pour y entrer, ne sont pas de Dieu, qnoique toute puissance soit de lui; et si l'on voit ces gouvernements dégénérer quelquefois en violence, en factions, en despotisme, en tyrannie,

ce n'est qu'aux passions des hommes qu'il faut attribuer ces désordres, qui sont directement contraires à l'institution primitive des états, et qu'une sagesse supérieure sait faire rentrer dans l'ordre en les faisant servir à l'exécution de ses desseins, toujours pleins d'équité et de justice.

Ce spectacle, comme je l'ai déja dit, est bien digne de notre attention et de notre admiration ; et il se développera peu-à-peu à mesure que j'avancerai dans l'exposition de l'histoire ancienne, dont il fait, ce me semble, une partie essentielle. C'est pour y rendre les esprits attentifs que je me crois obligé d'ajouter au récit des faits et des événements ce qui regarde les mœurs et les coutumes des peuples, parce que c'est ce qui en fait connaître le génie et le caractère, et ce qu'on peut appeler en quelque sorte l'ame de l'histoire; car n'y observer que les faits et les dates, sans porter plus loin sa curiosité ni ses vues, ce serait imiter l'imprudence d'un voyageur qui, en parcourant beaucoup de pays, se contenterait d'en connaître exactement la distance, de considérer la situation des lieux, les bâtiments des villes, les habillements des peuples, sans se mettre en peine de converser avec les hommes pour connaître leur génie, leurs mœurs, leur caractère d'esprit, leurs lois, leur gouvernement. Homère, qui a eu dessein de nous donner dans la personne d'Ulysse le modèle d'un voyageur sage et intelligent, avertit dès le commencement de l'Odyssée que son héros, en visitant les villes, eut grand soin de s'informer des mœurs et des coutumes des peuples. Il en doit être de même de quiconque s'applique à l'étude de l'histoire.

§ II. Description géographique de l'Asie 1.

Comme l'Asie sera désormais le principal théâtre de l'histoire où nous allons entrer, il ne sera pas hors de d'en donner d'abord une idée générale, qui propos en fasse connaître au moins les provinces et les villes les plus considérables.

Les parties septentrionales et orientales de l'Asie sont moins connues dans l'histoire ancienne.

Au nord ou septentrion, sont LA SARMATIE ASIATIQUE et LA SCYTHIE ASIATIQUE, qui répondent à la Tartarie. La Sarmatie est entre le fleuve Tanaïs, qui sépare l'Europe de l'Asie, et le fleuve Rha ou Volga. La Scythie se divise en deux parties, l'une en -deçà, l'autre au-delà du mont Imaüs. Les peuples de Scythie les plus connus sont les Saques et les Massagètes.

Les partiès les plus orientales sont SERICA 2, le Catay; SINARUM 3 REGIO, la Chine; INDIA, l'Inde. Cette dernière anciennement était plus connue que les autres: elle se divisait en deux parties; l'une en - deçà du Gange, renfermée entre ce fleuve et l'Inde, ce qui

I Cette description est fort incomplète. Je me suis contenté de faire un petit nombre d'observations sur des inexactitudes palpables, et de rectifier l'orthographe des noms. L.

2 La Serica de Ptolémée renferinait le pays des Issédons et des Asmiréens, et paraît avoir compris non-seulement la vallée de Sirinagar, mais encore toutes les vallées qui sont au nord de l'Inde, telles que le Cachemire, le Boutan et la partie méridionale du Thibet, la seule

contrée d'où l'on tire encore à-présent la serica materies, ou le poil de chèvre, avec lequel on fabrique les tissus de laine les plus fins et les plus précieux. La Sérique n'a rien de commun avec le Catay, nom dont Marc Paul s'est servi, lui tout seul, pour désigner la Chine entière. L.

3 Les Sina de Ptolémée ne sont point la Chine: ces peuples paraissent avoir occupé le pays à l'est des Birmans, qui répond à celui des Bramas, de Mien et de Siam ou Sian.-L.

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