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terminaison, comme grammairien tire la sienne de grammaire, et courageux de courage.

CHAPITRE II.

Division des mots selon qu'ils sont unis ou séparés. — Division des choses selon qu'elles sont substances ou attributs.

§ 1. Les mots peuvent être tantôt liés entre eux, tantôt séparés. Liés entre eux, quand on dit, par exemple: L'homme court, l'homme triomphe; séparés, quand on dit: Homme, bœuf, court, triomphe.

§ 2. Les choses peuvent se dire d'un sujet sans être

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sujet, c'est-à-dire n'être pas sujet, ne pas servir de sujet ni recevoir des attributs, mais être un simple accident qui n'a d'être que dans un autre que soi. Par exemple l'homme, L'homme est une substance générique, universelle, qui s'applique comme attribut à un individu homme, à Socrate, à Platon, mais qui n'est dans aucun sujet parce qu'elle est substance, et et que, par conséquent, elle existe en soi, et non pas dans un autre. Ainsi la première division des choses comprend les substances universelles, genres ou espèces.

D'autres choses, La seconde division comprend les accidents particuliers, qui ne sont pas par euxmêmes, qui sont dans un sujet autre qu'eux, et qui ne peuvent servir d'attributs parce qu'ils sont individuels.- La grammaire particulière, faite par tel auteur, opposée à la grammaire de tel autre. Certaines choses peuvent à la fois, La troisième division des choses comprend les accidents universels, qui comme accidents ne sont que dans un autre qu'eux-mêmes, et qui comme universels peuvent servir d'attributs.-Certaines choses enfin, La quatrième et dernière division des choses comprend les existences individuelles, qui sont par soi et ne peuvent jamais servir d'attributs. Ce sont toutes les réalités sensibles, les individus de tous genres

cependant dans aucun sujet: par exemple, l'homme se dit d'un sujet, lequel est un homme quelconque, et l'homme n'est cependant dans aucun sujet. D'autres choses peuvent être dans un sujet et ne se dire cependant d'aucun sujet; et je dis d'une chose qu'elle est dans un sujet, lorsque, sans y être comme partie de ce sujet dans lequel elle est, elle ne saurait toutefois exister indépendamment de lui. Je prends pour exemple la grammaire : la grammaire est certainement dans un sujet qui est l'intelligence de l'homme, et cependant elle ne saurait se dire d'un sujet quelconque. De même la blancheur est certainement dans un sujet qui est le corps où elle est, puisque toute couleur est dans un corps, et cependant on ne peut dire ce mot d'aucun. sujet. Certaines choses peuvent à la fois et se dire d'un sujet et être dans un sujet : la science, par exemple, est dans un sujet qui est l'intelligence humaine, et en même temps elle se dit d'un sujet qui peut être la grammaire. Certaines choses enfin ne peuvent ni être dans un sujet, ni se dire d'un sujet : par exemple, un homme, un cheval, toutes choses qui ne sont dans aucun sujet et ne se disent d'aucun sujet. En général, les

que nous offre la nature. Ammonius, Schol., p. 44, b, 1, aurait préféré qu'Aristote eût dit que la substance est un sujet, plutôt que de dire qu'elle n'est pas dans un sujet.

elles se partagent en substances et accidents: puis les substances et les accidents se subdivisent en universels et particuliers, en genres ou especes et en individus. Les substances sont sujets toujours et parPar exemple, la grammaire, C'est l'exemple de la seconde divifois attributs: les accidents, quand sion déjà cité plus haut. Les choses ils sont sujets, ne sont que sujets se partagent donc en deux grandes d'attribution (subjectum prædicaclasses qui se subdivisent chacune tionis), et jamais sujets d'inhéen deux autres analogues: d'abord rence (subjectum inhærentiæ ).

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individus et tout ce qui est numériquement un, ne peuvent se dire d'aucun sujet. Mais rien n'empêche qu'elles ne soient quelquefois dans un sujet : par exemple, la grammaire est une de ces choses qui sont dans un sujet, et cependant elle n'est dite d'aucun sujet.

CHAPITRE III.

Règles des attributs et des sujets, des différences des choses hétérogènes, et des différences des genres subordonnés.

§ 1. Quand une chose est attribuée à une autre, comme à son sujet, tout ce qui pourra se dire de l'attribut pourra se dire aussi du sujet. Ainsi, homme est attribué à un homme quelconque, et animal est attribué à homme; donc animal sera attribué à un homme quelconque, et en effet un homme est à la fois homme et animal.

S 2. Dans les choses de genres différents et qui n'ont entre elles aucun rapport de subordination, les différences aussi sont spécifiquement dissemblables. Soit, par exemple, les différences de l'animal et celles de la

1. Cette règle est évidente. L'attribut étant toujours plus large que le sujet, tout attribut de l'attribut sera nécessairement aussi l'attribut du sujet.

§ 2. Les différences aussi, Pacius remarque avec raison qu'il s'agit ici des différences distributives aussi bien que des différences

constitutives. Pour ces dernières, la chose est évidente, mais elle l'est moins pour les autres; et voilà pourquoi les différences que cite Aristote ne sont que des différences distributives. Voir dans l'Introduction de Porphyre, ch. 3, § 12 et suiv., la distinction entre toutes ces différences.

science. Les différences dans l'animal, c'est d'être terrestre, bipède, volatile, aquatique. La science n'offre aucune différence pareille; car une science ne diffère pas d'une autre science parce qu'elle a deux pieds. § 3. Au contraire, dans les genres subordonnés, rien n'empêche que les différences soient semblables. Les genres supérieurs peuvent servir d'attributs aux genres inférieurs, de sorte que toutes les différences de l'attribut pourront être en nombre égal celles du sujet.

SECTION DEUXIÈME.

THEORIE.

CHAPITRE IV.

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Énumération des dix catégories. Exemples de chacune. -Distinction des mots isolés, et des mots formant par leur réunion soit une affirmation, soit une négation.

§1. Les mots, quand ils sont pris isolément, expriment chacun l'une des choses suivantes : ou substance,

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ou quantité, ou qualité, ou relation, ou lieu, ou temps, ou situation, ou état, ou action, ou enfin passion.

§ 2. La substance c'est, par exemple, afin de parler par image, homme, cheval; la quantité, c'est : de deux coudées, de trois coudées; la qualité, c'est : blanc, grammatical; la relation, c'est : double, demi, plus grand; le lieu, c'est dans la place publique, dans le lycée; le temps, c'est : hier, l'an passé; la situation, c'est : être couché, être assis; l'état, c'est être chaussé, être armé; l'action c'est couper, brûler; la souffrance, c'est être coupé, être brûlé.

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§3. Aucun des mots que nous venons d'énumérer n'emporte seul et par lui-même, l'idée d'affirmation ou de négation. C'est seulement par la combinaison de ces mots les uns avec les autres, que se forment l'affirma

tégories sans exception et suivant l'ordre même où elles sont ici plaplées, dans les Topiques, liv. I, ch. 9, § 2. Partout ailleurs il n'en énumère que quelques-unes, et il en bouleverse l'ordre très souvent, si ce n'est pour la substance qu'il place toujours la première. Cette énumération ou division des Catégories a été fort attaquée dans l'antiquité Voir Simplicius, Schol., p. 47, b, 18; Dexippe et Porphyre, p. 48 et surtout David, ibid. p. 48, b, 28. L'état, Voir pour cette Catégorie le dernier chapitre qui lui est spécialement consacré et qui la développe.

82. Etre couché, être assis... Quelques manuscrits donnent ces verbes à la troisième personne du singulier; et c'est la leçon qu'a

suivie l'édition de Berlin. J'ai préféré l'infinitif à cause de son indétermination même.

$ 3. N'emporte seul et par luimême l'idée d'affirmation, C'est là ce qui distingue les Catégories de l'Herméneia, et les place nécessairement avant elle. Voir Ammonius, Schol., p. 49, b, 13. Adraste d'Aphrodise, qui n'était point, comme le dit Simplicius, un commentateur vulgaire, voulait cependant les placer avant les Topiques, et leur donnait un titre analogue à ce changement; édit. de Berlin, Schol., p. 32, b, 37.-Ou de négation, Quelques manuscrits, suivant Ammonius, supprimaient ces mots, Schol., p. 49, b, 23.-Ainsi : homme, blan. cheur, C'est à peu près l'exemple déjà donné plus haut, chap. 2, § 1.

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