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doit dire qu'une chose est ou n'est pas à une autre, tantôt universellement, tantôt individuellement.

§ 2. Si donc d'une chose universelle, on énonce d'une manière universelle, qu'elle est ou qu'elle n'est pas, les énonciations seront contraires. Ce que j'entends par énoncer une chose universelle d'une manière universelle, c'est dire, par exemple : Tout homme est blanc, aucun homme n'est blanc.

§ 3. Mais quand on énonce une chose universelle d'une manière qui n'est pas universelle, les énonciations ne sont plus contraires; ce qui n'empêche pas que les choses ainsi désignées ne puissent quelquefois être contraires. J'entends par énoncer une chose universelle d'une manière qui n'est pas universelle, cette énonciation, par exemple: L'homme est blanc, l'homme n'est pas blanc. L'homme est bien une chose universelle, mais on se sert, pour l'exprimer, d'une énonciation qui n'est pas universelle. En effet, Tout indique, non pas que la chose est universelle, mais seulement qu'on l'exprime d'une manière universelle. § 4. Du reste, la proposition ne

$ 2. Les énonciations seront contraires, Deux propositions sont contraires, quand étant toutes deux de même quantité, soit universelles soit particulières, l'une aftir me et l'autre nie: Tout homme est blanc, aucun homme n'est blanc.

§ 3. Une chose universelle d'une manière qui n'est pas universelle, C'est alors une proposition indéterminée, sans le signe d'universalité ou de particularité. Ne sont plus contraires, Comme elles le seraient si elles étaient détermi

nées. Ne puissent quelquefois être contraires, Parce qu'on prendra une proposition indéterminée, tout aussi bien dans le sens universel que dans le sens particulier. Prises au sens universel, ces deux propositions deviennent contraires. — D'une énonciation qui n'est pas universelle, D'une forme indéterminée.

$ 4. Quand on attribue l'universel à un attribut universel, C'est-à-dire quand on met le signe de l'universalité à l'attribut, lequel

peut être vraie, quand on attribue l'universel à un attribut universel: car il n'y a jamais d'affirmation vraie, quand on donne à un attribut universel une attribution universelle, et qu'on dit, par exemple: Tout homme est tout animal.

§ 5. Je dis que l'affirmation est contradictoirement opposée à la négation, quand la première indique que la chose est universelle, et que la seconde exprime que cette même chose ne l'est pas. Par exemple : Tout homme est blanc, quelque homme n'est pas blanc.-Aucun homme n'est blanc, tel homme est blanc. Les énonciations sont contraires, quand l'affirmation est universelle, et que la négation l'est également. Ainsi : Tout homme est blanc, aucun homme n'est blanc. - Tout homme est juste, aucun homme n'est juste. § 6. Aussi,

est toujours universel, ou autrement, pris dans toute son extension. On ne peut jamais dire: Tout homme est tout animal. Cette proposition est évidemment absurde, et toutes celles où l'on emploierait cette forme ne le seraient pas moins, bien qu'à l'apparence elles pussent sembler être plus vraies.

$ 5. Contradictoirement opposée, Définition des propositions contradictoires après celle des propositions contraires. Quelque homme n'est pas blanc, Le texte dit seulement Non-tout homme est blanc. Il faut nécessairement comprendre le texte comme je le fais dans ma traduction, afin de remplir les deux conditions exigées par Aristote: la première, que les

deux propositions diffèrent en qualité, affirmation et négation: la seconde, qu'elles diffèrent aussi en quantité, l'une étant universelle et l'autre ne l'étant pas. C'est ainsi qu'il faut entendre la formule Nontout. Les manuscrits ne donnent d'ailleurs ici aucune variante. — Les énonciations sont contraires, Définition des propositions contraires plus nette encore que celle du $ 2.

$ 6. Toutes deux vraies en même temps, Mais il est possible qu'elles soient toutes deux fausses à la fois, ou que l'une soit vraie et l'autre fausse. Voir, dans les Catégories, la théorie des contraires, ch. 11, qui fera mieux comprendre tout ceci.

n'est-il pas possible que ces dernières énonciations soient toutes deux vraies en même temps.

§7. Mais les énonciations opposées à celles-là peuvent quelquefois être vraies en même temps d'une même chose. Ainsi Quelque homme n'est pas blanc, tel homme est blanc.

§ 8. Donc, pour toutes les contradictions universelles de choses universelles, il faut nécessairement que l'une des deux soit vraie ou fausse. § 9. Et de même pour les contradictoires individuelles: Socrate est blanc, Socrate n'est pas blanc. § 1o. Quant aux contradictoires de choses universelles qui ne sont pas exprimées d'une manière universelle, l'une n'est pas toujours vraie, et l'autre fausse. Ainsi, on peut dire à la fois avec vérité: L'homme est blanc, et l'homme n'est pas blanc; L'homme

$ 7. Opposées à celles-là, C'està-dire aux propositions universelles énoncées dans le & 5.Quelque homme n'est pas blanc, Opposé à : Tout homme est blanc.Tel homme est blanc, Opposé à : Aucun homme n'est blanc. Les deux propositions en effet, qui sont ce que les Scholastiques appellent subcontraires, peuvent être vraies toutes les deux à la fois. Voyez pour cette phrase: Quelque homme n'est pas blanc, la note du § 5. Elle est également applicable ici.

$ 8. Pour toutes les contradictions universelles, Règle des contradictoires universelles.

$ 9. Pour les contradictoires individuelles, Règle des contradictoires individuelles.

$ 10. Qui ne sont pas exprimées

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est beau, et l'homme n'est pas beau. S'il est vilain, en effet, il n'est pas beau non plus; et s'il devient quelque chose, il n'est pas non plus cette chose. On pourrait croire au premier coup d'œil que ceci n'est pas exact, attendu que cette assertion : L'homme n'est pas blanc, semble signifier la même chose que celle-ci : Aucun homme n'est blanc, et coëxister. Mais pourtant ces deux propositions n'ont pas la même signification, et ne coëxistent pas nécessairement.

§ 1. Il est clair, d'autre part, qu'il n'y a qu'une seule négation d'une seule affirmation, parce qu'il faut toujours que la négation nie la même chose que l'affirmation a affirmée, et la nie du même objet, soit une chose particulière, soit une chose universelle, qui d'ailleurs est prise où n'est pas prise universellement. Par exemple: Socrate est blanc, Socrate n'est pas blanc. Mais si l'on énonce une chose différente de la même chose, ou bien la même chose d'une chose différente, ce n'est plus une énonciation opposée, c'est une énonciation autre que la première. Ainsi, à cette proposition : Tout homme est blanc, la proposition opposée est : Quelque homme n'est pas blanc; et à celle-ci : Quelque homme est blanc, l'opposée est : Aucun homme n'est blanc; et à celle-ci enfin: L'homme est blanc, l'opposée est: L'homme n'est pas blanc.

§ 12. On a donc établi qu'il n'y a d'opposée contra

$ 11. Qu'une seule négation tradictoires individuelles. — Queld'une seule affirmation contradic- que homme n'est pas blanc, Voir plus haut, $ 5, contradictoires universelles. · L'homme est blanc, Contradictoires indéterminées. $ 12. Sont différentes, Des con

toire.. Est prise ou n'est pas prise universellement, Est mise sous forme universelle ou indéterminée. Socrate est blanc, Con

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dictoire à une scule affirmation qu'une seule négation, et l'on a dit ce que sont alors les propositions. Nous avons ajouté que les propositions contraires sont différentes, et indiqué ce qu'elles sont; nous avons dit de plus que toute contradiction n'est pas fausse ou vraie; enfin l'on a vu à quels titres et dans quels cas elle est vraie ou fausse.

CHAPITRE VIII.

Propositions simples. - Propositions multiples.

§ 1. L'affirmation simple et la négation simple sont celles qui énoncent une seule chose d'une seule chose, que d'ailleurs elle soit ou ne soit pas exprimée universellement. Par exemple: Tout homme est blanc, tout homme n'est pas blanc. - L'homme est blanc, l'homme n'est pas blanc. - Aucun homme n'est blanc, quelque homme est blanc, en supposant toujours que blanc exprime une chose unique. § 2. Si un seul mot sert à exprimer deux choses, qui ne forment pas une seule idée, ce n'est alors ni une affirmation simple, ni une négation simple. Par exemple, si l'on voulait prendre le mot vêtement pour exprimer les idées d'homme et de cheval, et qu'on dît: Ce vêtement est blanc, on ferait alors

tradictoires. Toute contradiction n'est pas fausse ou vraie, C'est quand elle est sous forme indéterminée.

$ 1. L'affirmation simple, Voir plus haut une définition moins

complète, ch. 5, § 4.

$ 2. Si un seul mot sert à exprimer deux choses, Il est alors homonyme, voir Catégories, ch. 1, 1. Il peut donner lieu à des équivoques et à des sophismes.

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