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Sous le consulat de Marcus Tullius Cicéron et de Caïus Antonius, Lucius Sergius Catilina, homme d'une illustre famile, mais d'un trèsmauvais esprit, jura la perte de sa patrie, et attira dans son parti d'autres personnes également illustres et entreprenantes; mais Cicéron le chassa de Rome, et l'on étrangla dans les prisons ceux de ses complices qui furent arrètés. Catilina fut vaincu et tué dans un combat par Antoine, l'autre consul.

C. JULES CÉSAR, qui fut depuis empereur, fut fait consul avec L. Bibulus, et eut le gouvernement des Gaules et de l'Illyrie avec dix légions. Il vainquit d'abord les Helvétiens, qui sont aujourd'hui les peuples de la Gaule Celtique, et après plusieurs combats très-sanglans où il fut toujours victorieux, il s'avança jusqu'à l'Océan Britannique. En moins de neuf ans, il subjuga toute la Gaule qui est entre les Alpes, le Rhône, le Rhin et l'Océan, et qui a environ trois millions deux cent mille pas de tour. Il attaqua ensuite les peuples de la Grande Bretagne, qui avant lui ne connoissoient pas le nom Romain, et les ayant subjugués, il en reçut des ôtages et les rendit tributaires. I imposa aussi à la Gaule un tribut annuel de quarante millions de sesterces (1). Il alla faire la guerre aux Germains qui habitoient au-delà du Rhin, et remporta sur eux de grandes victoires.

Parmi tant d'heureux succès, la fortune ne lui fut contraire que trois fois. Une fois dans

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petits sesterces, et qui par conséquent vaudroit parmi nous 204 fr. 3 s. 4 d. La somme dont il est ici question revenait à 9 millions de notre monnoie,

Arvernos semel præsens, et absens in Germania bis, nam legati ejus duo, Titurius et Arunculeius, per insidias cæsi sunt.

JAM bellum civile successit, exsecrandum et lacrymabile; quo præter calamitates quæ præliis acciderunt, etiam Romani nominis fortuna mutata est. Cæsar enim, rediens è Gallia victor, cœpit deposcere alterum consulatum : atque, cùm sine dubietate aliqua deferretur, contradictum est à Marcello consule, à Bibulo, à Pompeio, à Catone, jussusque dimissis exercitibus ad Urbem redire : propter quam injuriam ab Arimino, ubi milites congregatos habebat, adversum patriam cum exercitu venit. Consules cum Pompeio, senatusque omnis atque universa nobilitas ex Urbe fugit, et in Græciam transivit: apud Epirum, Macedoniam, Achaiam, Pompeio duce, contra Cæsarem bellum paravit.

Roma sub duodecim Cæsaribus.

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CESAR, vacuam Urbem ingressus, dictatorem se fecit, inde Hispanias petiit. Ibi Pompeii exercitus validissimos et fortissimos, cum tribus ducibus, L. Afranio, M. Petreio, M. Varrone superavit. Inde reversus, in Græciam transivit ; adversùm Pompeium dimicavit ; primo prælio victus est, et fugatus: evasit tamen : quia nocte interveniente, Pompeius sequi no

l'Auvergne où il commandoit en personne, et les deux autres fois dans la Germanie où il ne se trouva point, mais où Titurius et Arunculéius ses lieutenans tombèrent dans une embuscade, et furent taillés en pièces.

Il s'alluma bientôt une guerre civile des plus horribles et des plus déplorables, qui outre les malheurs qu'elle causa par plusieurs batailles, changea la constitution de Rome. César revenant des Gaules victorieux, demanda un second consulat. Il alloit l'obtenir sans difficulté, lorsque Marcellus, pour iors consul, Bibulus, Pompée et Caton s'y opposèrent, et lui firent ordonner de licencier ses troupes, et de revenir à Rome. Irrité du refus qu'on lui faisoit, il sortit de Rimini avec les troupes qu'il y avoit assemblées, et vint faire la guerre à sa patrie. Aussitôt les consuls, le sénat et toute la noblesse sortirent de Rome avec Pompée, et passèrent en Grèce. On arma dans l'Epire, dans la Macédoine et dans l'Achaïe, pour faire la guerre à César, sous les ordres de Pompée.

Rome sous les douze Césars.

CÉSAR étant entré dans Rome qui venoit d'être abandonnée, se fit nommer dictateur et alla aussitôt en Espagne, où il défit les puissantes armées que Pompée y avoit laissées, sous la conduite de ses trois lieutenans, L. Afranius, M. Pétréius, et M. Varron. De-là il passa en Grèce, et combattit contre Pompée qui le vainquit dans le premier combat et le mit en fuite. Il se sauva néanmoins parce que Pompée ne voulut pas le poursuivre pendant

luit; dixitque Cæsar, nec Pompeium scire vincere, et illo tantùm die se potuisse superari.

Deinde in Thessalia apud Palæopharsalum, productis utrimque ingentibus copiis, dimicaverunt. Pompeii acies habuit quadraginta millia peditum; equitum in sinistro cornu septem millia, in dextro quinque, præterea totius Orientis auxilia, totamque nobilitatem, innumeros senatores, prætorios, consulares, et qui magnorum jam populorum victores fuissent. Cæsar in acie sua habuit peditum non integra tringinta millia, equites mille.

Nunquam adhuc Romanæ copiæ in unum neque majores, neque melioribus ducibus convenerant, totum terrarum orbem facilè subacturæ, si contra Barbaros ducerentur, pugnatum tamen est ingenti contentione victusque ad postremum Pompeius, et castra ejus direpta sunt ipse fugatus, Alexandriam petiit, ut à rege Ægypti, cui tutor à senatu datus fuerat propter juvenilem ejus ætatem, acciperet auxilia : qui fortunam magis, quàm amicitiam sequutus, occidit Pompeium, caput ejus et annulum Cæsari misit: quo conspecto, Cæsar etiam lacrymas fudisse dicitur, tanti viri intuens caput, et generi quondam sui.

Mox Cæsar Alexandriam venit; ipsi quoque Ptolemæus parare voluit insidias ; quâ causâ regi bellum illatum est : victus in Nilo periit ; inventumque est corpus ejus cum lorica aurea. Cæsar Alexandriâ potitus, regnum Cleopa

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la nuit ; ce qui fit dire à César que Pompée ne savoit pas vaincre, et que César ne pouvoit étre vaincu que ce jour-là.

Enfin les deux généraux déployèrent toutes leurs forces, et combattirent en Thessalie dans les plaines de Pharsale. Pompée avoit quarante mille hommes d'infanterie, sept mille chevaux à son aîle gauche, et cinq mille à la droite, sans compter les troupes auxiliaires qui lui étoient venues de tout l'Orient, toute la noblesse, un nombre infini de sénateurs, et d'autres personnes qui avoient été ou préteurs ou consuls, et qui avoient subjugué des peuples puissans. César n'avoit pas trente mille hommes d'infanterie, avec mille chevaux.

Jamais les troupes Romaines n'avoient été rassemblées en plus grand nombre ni sous de plus grands capitaines; elles eussent aisément conquis toute la terre, si on les eût menées contre des Barbares. La victoire fut long-temps disputée mais Pompée fut enfin vaincu, et son camp fut pillé. Contraint de prendre la fuite, il se retira à Alexandrie pour demander du secours au roi d'Egypte, dont le sénat l'avoit fait tuteur, parce que ce prince étoit fort jeune. Mais Ptolémée cédant à la fortune plutôt qu'à l'amitié, fit tuer Pompée, et envoya sa tèle et son anneau à César, qui, à ce qu'on dit, ne put s'empêcher de pleurer, en voyant la tête d'un si grand homme, qui même avoit été son gendre.

César vint aussitôt à Alexandrie, où Ptolémée voulut aussi le surprendre et s'en défaire. C'est pour cela que César lui fit la guerre. Ce prince fut vaincu, et il se noya dans le Nil, où l'on trouva son corps couvert d'une cuirasse d'or. César s'étant rendu maître d'Alexandrie, donna

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