tifie des places en Illyrie chacun de nous invente sa fable, et la promène. Ponr moi, de par les dieux, je veux bien croire, Athéniens, qu'enivré de ses grands exploits, il se laisse aller à de pareilles rêveries, d'autant plus que dans toute la Grèce il ne voit personne qui lui fasse tête; mais, de par Jupiter, je ne croirai point qu'il mène ses projets de telle sorte, que nos plus sottes gens les pénètrent. Or, nos plus sottes gens, ce sont nos faiseurs de nouvelles. Mais si, laissant leurs songes à part, nous considérons que Philippe est notre ennemi; qu'il s'empare de nos biens ; que depuis longtemps il nous outrage; que tous les secours dont nous nous étions flattés, ont tourné contre nous; qu'il ne nous reste d'espérance qu'en nous-mêmes; que pour différer à porter la guerre au loin, nous nous exposons à l'avoir dans l'Attique; si nous faisons, dis-je, toutes ces réflexions, alors nous connoîtrons nos véritables devoirs, et nous fermerons l'oreille à de vains discours. Car il ne faut point que de frivoles conjectures nous arrêtent, quand il est clair que si nous manquons de prévoyance et d'activité, nous périrons, Pour moi, qui jamais ne cherchai à vous plaire, si ce n'est autant que vos intérêts me commodis rationibusque cognovi: tum verò quæ visa mihi sunt hodiè, candidè ac apertè, simulque audacter et liberè sum elocutus. Satis intelligo quanti vestrâ omnium referat, ut ea quæ sunt in rem vestram audiatis; verùm illud rescire quoque velim, an hoc perindė illi qui ea dicat, usui futurum sit. Libentiùs multò perorassem. Nunc, etsi quid mihi indè futurum sit ignorem, qui tamen habui persuasum è re vestra esse, ut ea, quæcumque dixi,. præstaretis, ultrò ad dicendum accessi. Vincat ea sententia, quæ vobis omnibus est maximè profutura. SELECTÆ FR. JOS. DESBILLIONS, Fabulæ SOPIÆ. Dos Equi duo. vos equiso sonipedes coemerat Natos eâdem matre, firmis viribus Formâque corporis elegante præditos. Dominum refutat : durum os, mobilius caput, l'ont permis, je viens de vous dire librement et sans adoucissement ma pensée. Heureux si comme il vous est salutaire de recevoir les meilleurs conseils, il l'étoit de même à l'orateur de vous les donner. J'en aurois redoublé ma confiance si je l'avois cru. Mais enfin, de quelque manière que vous preniez mon opinion, il m'a suffi de la croire avantageuse, pour me sentir obligé à vous la dire. Puisse l'emporter celle qui doit vous être la plus utile à tous ! FABLES CHOISIES DE DESBILLIONS, A l'imitation de celles d'ESOPE. Trad. de l'Auteur. CERTAIN Les deux Chevaux. AIN écuyer avoit acheté deux Chevaux nés de la même mère, tous deux également forts et bien faits. Il se met à les dresser. L'un se montre docile à toutes les leçons; mais l'autre, d'un naturel opiniâtre, ne veut rien écouter. Il a la bouche dure, la tête capricieuse, le cou roide, nulle légèreté dans les pieds, nulle souplesse dans les cuisses: comment apprendroit-il à régler son allure au gré du cavalier ? Ergo hunc equiso mulioni vendidit. Spicæ. CUM falcem agricola jam pararet messibus, Curvo sorores capite spectantes humum : In capite vacuo Iaxè habitat superbia. Rusticus et Canis. CUNIS jacentem filium valido Cani Opprimit at meritam inferre dum properat necem, Puerumque, cunasque simul evertit super Exstinctâ peste. Mox suo ex arvo redux Agricola, cunas hinc ut eversas videt Notre écuyer le vendit donc à un muletier. A quelque temps de là, nos deux Chevaux se rencontrent par hasard dans la même auberge : celui-ci, qui étoit tout harassé et chargé d'un lourd fardeau, voit son frère brillant et gaillard, monté par un beau cavalier, et tout fier d'une si noble charge. Il lui demande d'un air triste d'où vient qu'étant nés égaux l'un et l'autre, ils éprouvent un sort si différent. Mon frère, répond l'autre, le bonheur dont vous me voyez jouir est le fruit d'une éducation dont j'ai su profiter. Les Epis. DANS le temps où le laboureur prépare des faucilles pour la moisson, un Epi élevoit sa tête dans les airs : il en prend occasion de se glorifier et de mépriser ses frères dont la tête étoit penchée vers la terre. Mais un de ceux-ci lui dit mon pauvre frère, si tu avois comme nous la tête pleine de grains, tu ne la lèverois pas si haut. L'orgueil est logé au large dans une tête vide. Le Paysan et le Chien. UN Paysan avoit laissé son fils au berceau sous la garde d'un Chien vigoureux. Un énorme serpent vint en rampant jusqu'au berceau, et il alloit dévorer les membres délicats de l'enfant, lorsque le fidèle gardien s'élance sur lui, le saisit à belles dents, lui fait une blessure profonde, le tue enfin malgré ses sifflemens et ses menaces: mais en se débattant pour étrangler le monstre, il a renversé l'enfant avec son berceau sur le cadavre. Peu de temps après, le Villageois, à son retour des champs, voit le berceau ⚫ulbuté, et son Chien, l'air encore furieux et la gueule |