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pulit, ut ei rectè putarem; nisi fortè candidatorum licentiâ hic quoque usus, hoc subitò cognomen arripuit. "Etsi modestus ejus vultus sermoque constans habere quiddam à Curibus videbatur. Sed de Sabino satis. Tu, mi Treboni, quando ad amorem meum aliquantulùm discedens addidisti, quò tolerabiliùs feramus igniculum desiderii tui, crebris nos litteris. appellato, atque ita si idem fiet à nobis : quanquam duæ causæ sunt cur tu frequentior in isto officio esse debeas quàm nos primùm, quod olim solebant, qui Romæ erant, ad provinciales amicos de republicâ scribere : nunc tu nobis scribas oportet: res enim publica istic est: deinde quod nos aliis officiis tibi absenti satisfacere possumus ; tu nobis nisi litteris non video quâ re aliâ satisfacere possis. Sed cætera scribes ad nos posteà; nunc hæc primò cupio cognoscere, iter tuum cujusmodi sit: ubi Brutum nostrum videris, quandiù simul fueris ; deinde cùm processeris longiùs, de bellicis rebus, de toto negotio, ut existimare possimus quo statu simus. Ego tantum me scire putabo, quantum ex tuis litteris habebo cognitum, Cura `ut valeas, meque ames amore illo tuo singųJari. Vale.

La réputation dont jouissent ses concitoyens, m'a fait croire que je pouvois le lui confier sans crainte; à moins, pourtant, qu'à l'imitation des candidats, il se soit cru permis de prendre un surnom qui ne lui appartient pas. Il est vrai que son extérieur modeste, ses discours fermes et assurés, semblent tenir quelque chose des habitans de Cures. Mais en voilà assez sur son compte. Pour vous, mon cher Trébonius puisque, depuis votre départ, j'ai encore senti augmenter l'amitié que j'ai pour vous, écriveznous souvent, pour nous aider à supporter le regret de votre absence. Je vous promets de ma part une égale exactitude. Il est pourtant deux raisons qui doivent vous faire écrire plus souvent que nous la première, c'est qu'à l'exemple des anciens Romains qui avoient coutume de mander à leurs amis absens l'état des affaires de la république, c'est vous qui devez maintenant nous écrire, puisque la république se trouve où vous êtes; la seconde, c'est que nous pouvons ici vous rendre d'autres services, tandis que tout ce que vous pouvez faire pour nous, c'est de nous écrire. Dans la suite, vous me parlerez de ce que vous voudrez; pour le moment voici ce que je désire apprendre : d'abord, quelle route vous tenez, où vous avez vu notre ami Brutus, combien de temps vous avez passé avec lui. Quand vous serez plus avancé dans votre route, donnez-moi des nouvelles de l'armée et de tout ce qui se passe, afin que je puisse juger de l'état où nous sommes. Je ne me croirai bien sûr que de ce que vos lettres m'auront appris. Ayez soin de votre santé, et aimez moi autant que vous m'avez toujours aimé. Adieu.

L

MORALIA

EX ERASMO.

Laudatores conducti.

OPTIMATUM PTIMATUM ac sapientum vulgus, perverso quodam pudore, vel rhetorem quempiam palponem, vel poetam vaniloquum, subornare solent, eumque mercede conductum, à quo suas laudes audiant, hoc est, mera mendacia, et tamen verecundus interim ille, pavonis in morem pennas tollit, cristas erigit, cùm impudens assentator nihili hominem diis æquiparat, eum absolutum omnium virtutum exemplar proponit à quo sciat ille se plus quàm bis per omnia abesse, cum corniculam alienis convestit plumis: cùm AEthiopem dealbat; denique cum ex musca elephantem facit.

Infantia stulta.

Quis nescit primam hominis ætatem multo lætissimam multoque omnibus gratissimam esse? quid est enim illud in infantibus, quod sic exosculamur, sic amplectimur, sic fovemus, ut hostis etiam huic ætati ferat opem, nisi stultitiæ lenocinium, quod data opera prudens natura, recèns natis adjunxit, ut aliquo voluptatis velut auctoramento, et educantium labores delinire queant, et tuentium favores

eblandiantur.

FRAGMENS MORAUX

D'ÉRASME.

Trad. de Barrett.

Louangeurs gagés.

Les grands et les sages vulgaires n'ont pas honte de soudoyer ou un orateur patelin, ou un poète hâbleur, pour leur débiter en face un éloge mensonger de leurs personnes. Cependant notre homme si modeste se rengorge, se déploie comme le paon, et écoute l'impu dent harangueur qui fait un dieu d'un chétif mortel, et un modèle de toutes les vertus d'un homme qui n'en a aucune; quore la corneille d'un plumage emprunté, blanchit un Ethiopien, et change une mouche en éléphant.

Folie de l'Enfance.

L'ENFANCE est l'âge le plus heureux et le plus attrayant, tout le monde le sait. D'où vient que nous aimons à caresser les enfans, à les presser entre nos bras, et qu'ils attendrissent jusqu'au soldat ennemi ? C'est que la bienfaisante nature leur a donné le charme de la folie, afin qu'il fasse oublier à leurs maîtres les peines de leur éducation, et qu'il leur gagne d'avance les cœurs.

1.

Vita humana, stultitiæ lusus est.

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QUÆ vis saxeos quernos, et agrestes illos homines in civitatem coegit, nisi adulatio ? Nihil enim aliud significat illa Amphionis et Orphei cithara.Quæ res plebem Romanam jam extrema molientem, in concordiam civitatis revocavit ? Num oratio philosophica ? Minimè. Imò ridiculus ac puerilis apologus, de ventre reliquisque corporis membris confictus. Idem valuit Themistoclis apologus consimilis de vulpe et erinacio. Quæ sapientis oratio tantumdem potuisset, quantùm commentitia illa cerva Sertorii potuit, quantùm Laconis illius de duobus canibus, deque vellendis equinæ caudæ pilis ridendum modo dicti Sertorii commentum Ut ne quid dicam de Minoë, deque Numa, quorum uterque fabulosis inventis stultam multitudinem rexit. Hujusmodi nugis commovetur ingens ac potens illa bellua, populus. At rursum civitas , quæ Platonis, unquam aut Aristotelis leges, aut Socratis dogmata recepit? Tum autem quæ res Deciis persuasit, ut ultro sese diis Manibus devoverent? Quid

(1) Les Athéniens se plaignoient des concussions de leurs magistrats. Themistocle leur conta cet apologue. Un renard étoit couvert de mouches qui lui suçoient le sang. Un hé risson en eut pitié, et voulut l'en délivrer, Gardez-vous-en bien lui dit le renard. Celles-ci sont soûles. Il en viendroit d'autres qui auroient bon appetit.

(2) Sertorius disoit qu'il avoit une biche qui l'avertissoit de tout. Pour prouver que l'esprit est plus utile que la force, il ordona à deux hommes d'arracher, chacun les

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