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Jusques à quand, Catilina, abuseras tu de notre patience! n'est-ce pas toi, vil intrigant, qui a appelé dans le sein de ta patrie ces insatiables oppresseurs? Ab! n'invoque pas le moment de leur châtiment; car, mille fois plus criminel qu'eux, ce moment sera celui où tu devras fuir avec eux si tu ne veux pas voir ton cœur arraché de ton indigne cadavre, suivant les lois de ces anglais que tu as tant vantés, et que tu as voulu nous donner pour maîtres!

Nous ne voulions d'abord parler que de la princesse Charlotte, et peu à peu nous nous sommes trouvés presque aussi éloignés de notre sujet que Mr. Lainé se trouve différent de lui-même. Nous reviendrons donc à notre objet auquel nous ramène le souvenir de l'indigne farce qu'a joué S. A. R. le prince Régent à l'occasion de l'événement dont nous avons parlé. Non, nous ne pouvons être dupes des évanouissemens de son altesse, et la sai gnée qu'elle s'est fait faire est une trop mauvaise tragédie pour arracher des larmès à ceux qui se souviendront, des tentatives que ce tendre père a faites, plus d'une fois pour jetter des doutes sur la LEGITIMITE de sa fille, par haine pour celle qui en étoit la mère. Mais sans doute cette saignée sentimentale a tellement rempli de larmes les yeux du bon John Bull qu'il a perdu de vue dans le passé les circonstances qui y sont si évidentes, et si remarquables encore pour ceux dont la vue n'est pas troublée, comme la sienne. Touchés de sa sensibilité déjà les gazetiers à gages lui ont fait entrevoir dans l'avenir les ciseaux des furies coupant le lien congugal- un divorce béni venant au secours de la légitimité, et Junon Lucine "versant tous ses parfums sur le lit d'Hymenée... mais quels que simples et crédules que nous soyons par notre bénévole nature; quels que disposés que nous soyons à croire à la légitimité de tout ce que font les légitimes cependant ils nous ont appris assez de malices pour nous avoir forcés à devenir soupçonneux-Or, nous rappelant l'outrage atroce que les papiers semi-officiels des légitimes ont osé faire à l'archiduchesse Marie-Louise, la fille de leur allié l'Empereur d'autriche, lorsqu'ils avancèrent,n’aguéres, que Napoléon II n'était pas fils de Napoléon Ier, pourquoi n'admettrions nous pas la possi bilité d'une pareille contrebande pour préserver la précieuse race des Guelphes !

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INTERIEUR.

Extrait d'une lettre adressée a l'Editeur.

Ste. Mary 3 Janvier 1818.

Monsieur La rédition de l'Isle d'Amelie aux Americains par les indépendans du Mexique, et les actes de violence commis dans ce point du globe depuis quelque temps, me semblent mériter de trouver une place dans votre journal.

La prise de possession qui à eu lieu le 23 décembre ne me parait pas trés politique ; vous ferez la dessus vos réflexions.Les Américains ont perdu un homme, qui a été tué dans la nuit du 24, d'un coup de fusil.

Le 25, un nommé Miguel a été arrêté, nous ignorons la eause de cet acte de sévérité.

Le 26, le lieutenent Colonel Alloncy de- Volle, commandant l'artillerie a été condamné à mort pour avoir été réconnu cou pable d'attentat contre la vie d'ur grand personnage refugié dans

nos contrées.

Le 30 un officier, de couleur, a été fusillé : nous n'en savons pas la cause. Je crois que ces faits authentiques peuvent fournir matière à votre journal &c. &c.

D..

l'un de vos abonnés.

-Le Couverneur Bibb est arrivé à St.-Stephens le 12 du mois dernier, et a immédiatement commencé a organiser le gouvernement du territoire de l'Alabama. On a pris des arrangemens ponr ouvrir une route, pour les postes, qui communiquera avec les établissemens principaux, situés entre le Tombigbee et l'Alabama.

Le gazette de la Mobile, du 13, parle d'un complot formé dans les établissemens de Tensa, ayant pour objet de s'emparer de Pensacole pour y piller les magasins de Forbes et Comp.

Nous regrettons que les articles interressans signés A. V. Mich.... soient arrivés trop tard.

UNE REUNION D'ELECTEURS OU LE VŒŒU

UNANIME,

A Paris chez tous les marchands de nouveautés Imprimé chez Madame Jeune-homme Crémière, rue Haute-feuille, No. 20.

EN lisant cette brochure qu'un de nos correspondans nous envoie, et qui fait à Paris une grande sensation, onla trouve d'une hardiesse que quelques-uns nommeraient témérité. En voyant qu'elle a été imprimée à Paris, et qu'elle s'y vend ostensiblement, on se demande si cette publicité est, de la part de la police, nn essai, une distraction, ou, par miracle, un acte libéral L'auteur semble avoir eu pour but de guider les électeurs dans leur choix important. Mais sous ce prétexte, il a trouvé le moyen de rappeler une partie de ce qu'on a fait de sottises en France depuis deux ans, de combattre une foule d'erreurs qui y ont été protégées, de réveiller des souvenirs honorables, et d'entretenir des sentimens qu'on a pris à tâche d'éteindre.

Il n'y a, dit-on qu'eur et malheur dans ce monde. Les auteurs du Censeur Européen sont mis en jugement, et emprisonnés par provision, pour avoir dit avec assez de modération leur opinion sur le Budjet, sur les Missionnaires, sur les Sangliers, sur les Loups, et sur les Nobles. M. Chevalier a été condamné pour avoir élevé des doutes sur l'infaillibilité de M. Decazes ; et l'auteur du vœu unanime, qui, à la vérité, ne parle en mal, ni de M. Decazes, ni des loups, ni des sangliers, ni du budjet mais qui ne ménage pas les missionaires, et qui traite les nobles avec peu de respect, vend son livre ouvertement, et est peut-être tacitement encouragé Nous avions bien lu, dans Fascal, que les lois fondamentales changent, que le droit a ses époques, que ce qui est vérité, en-deçà des pyrénées, est erreur au-de-là ; mais dans le même tems, dans le même pays. sous le même prince, et sous les mêmes lois, (s'il y a des lois). une telle différence de sort nous étonne. quoique Larochefoucault ait dit, il y a long-tems, qu'on ne devrait plus s'étonner que de pouvoir encore s'étonner,

Parcourons rapidement cette production, et citons-en quelques passages à l'apui de ce que nous avançons.

L'auteur met successivement en scène, un observateur, up libraire, un instituteur, an épuré,) nous présumons qu'on dési

gae aujourd'hui par ce nom ceux que la loyauté de leurs services Bous l'usurpateur, a fait juger indignes de remplir aucunes fonctions sous le gouvernement legitime,) un provincial, un réfugie Espagnol, un prévenu, un plebéien, un gentilhomme, et un independant. Le refugié espagnol est lá apparemment pour prouver qu'en France on permet aux réfugies de parler librement des affaires politiques. Nous ne nous en doutions guères, bien que nous eussions vu un ministre les défendre courageusement à la tribune, et obtenir pour eux, non pas un asyle, ce qui semble de droit naturel par tout, mais des secours effectifs, ce qui caractérise véritablement l'hospitalité.

L'Observateur n'a rien que de circonspect dans son opinion. Cependant il s'exprime avec franchise sur les arrogans patriciens, entichés de préjugés contraires aux mœurs actuelles, indociles aux leçons du passe, qui voudraient bouleverser toutes les institutions pour ramener des usages plus favorables à leurs prétentions, et sur-tout à leur impéritie. Il ne veut pas d'hommes qui ne se soient donné que la peine de naître, et qui regardent toutes les faveurs du Souverain, toutes les dignités de l'état comme leur patrimoine.

Le libraire comme de raison, se déchaîne specialement con-tre la police. Il ne supporte pas ces légions d'agens qui rappellent trop les operations du saint-office et de ses familiers; il plaide aussi pour les editions de Voltaire et de Rousseau; il appelle libelles les œuvres des Fréron, des Desfontaine et des Labeaumelle, et il trouve qu'on a bien fait de persifler et changonner les grands vicaires pour leurs mandemens. Enfin il ne veut pas qu'on publie dans les journaux que les soldats ont communié, attendu que les vainqueurs de Marengo et d'Austerlitz ne communiaient pas ostensiblement. Ostensiblement est précieux, et les opinions du libraire nous paraissent en tout fort sages; mais nous ne concevons pas pourquoi il aime la censure. C'est peut-être un moyen d'échapper à beaucoup de mauvais procès et à quelques jugemens fâcheux: mais le remède est pire que le mal. Il vaut mieux se condamner tout-à-fait au silence, quoi. que, comme l'a dit encore Pascal, le silence soit la plus grande persécution, et que les saints ne se soient jamais tus. Ce n'é

tait certainement pas un ami de la censure que Pascal. L'inquisition et la société, disait-il, sont les deux plus grands fléaux de la vérité. On sait que par société il entendait les jésuites, et par inquisition il aurait pu entendre la censure. Mais revenons à nos électeurs.

L'instituteur est aussi un homme fort raisonnable, modéré sur le chapitre de la messe, peu zélé pour les jeûnes, les jours

uaigres et les abstinences, et indulgent pour les écoliers qui vont à la comedie. On ne voit pas trop ce que son opinion a de commun avec les elections, d'autant mieux que peu d'instituteurs ont la fortane necessaire pour elire; mais ses opinions, comme sa personne, figurent honorablement dans une réunion d'hommes libres, qui disent ouvertement ce qu'ils pensent sur

tout.

L'épuré devrait être mécontent : il a perdu sa place par les intrigues d'une vieille presidente qui en a fait gratifier un de ses neveux. Mais il a pris son parti en brave, et ses malheurs ng l'empêchent pas de racontér fort gaiment les mésaventures plai. santes de la presidente, avec un colonel des armées alliées.

Le provincial prend les choses plus sérieusement: les mis sionnaires lui ont joue un fort mauvais tour: ils ont rendu să femme folle; elle a failli mourir à la suite d'une procession. Il lui est permis de paricr de ces prêtres avec quelque véhément surtout s'il n'a pas de place à perdre, et s'il ne craint pas d'être excommunié.

Le plébéien justifie complètement son titre, ou plutôt c'est l'ennemi le plus décidé le plus tranchant de tous les titres, de toutes les décorations, de tous les rubans, de tous les crachats, de toutes les broderics. Il ne conçoit pas comment une assemblée choisie par le peuple, pour réprésenter le peuple, a pu n'agir et ne parler que contre le peuple. Il reproche à cette assemblée ses tribunaux extraordinaires, ses cachots, ses bourreaux, et tout ce qu'elle a fait pour ramener sur les pas de l'ignorance, la superstition et le fanatisme.

Enfin il n'y a pas jusqu'au gentilhomme qui, dans cette ré union, ne professe aussi les principes de la liberté, qui ne se montre le zélé partisan des lumières dont le siècle a fait la conquête, et qui n'attache beaucoup plus de prix à sa qualite de citoyen qu'à son titre de noble. Il se trouve fort à propos le parent de son sous-préfet, pour lui donner des leçons utiles, et pour tempérer l'ardeur du zèle qui l'anime contre les brigands de la révolution

Après avoir renfermé dans ce cadre les principaux objets qui occupaient l'esprit public en France, il restait à l'auteur une autre question à traiter, celle de l'indépendance nationale, et de la situation de la France relativement aux armées alliées, Nous citerons sur ce sujet ce qu'il fait dire à celui de ses personnages qu'il honore du beau titre d'indépendant, et cette citation sans réflexions formera notre second et dernier article sur son ouvrage.

Disons avant de terminer celui ci, quelques mots sur la forme adoptée, et son style. Ce n'est pas un dialogue, comme

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