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majorité des représentants Saxons votait une proposition de MM. Schruck et Wigard, ainsi formulée : <«< Qu'il plaise au Gouvernement d'employer toute son influence auprès de la Confédération germanique du Nord, pour obtenir une réduction dans les dépenses militaires et prendre des mesures en faveur d'un désarmement général. » La première Chambre de la Diète Saxonne adopta, elle aussi, une semblable motion. En Autriche, M. Figuly sollicitait la réduction de l'armée la motion de M. Mayerhoffer, demandant au Gouvernement d'effectuer de grandes économies sur le budget de la guerre, et d'agir auprès des puissances en vue d'un désarmement général, obtenait, dans la Chambre basse, 53 voix contre 64.

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Dans le Wurtemberg, qui ne compte qu'une population de 1,800,000 âmes, une pétition contre le système militaire prussien se couvrait de 200,000 signatures, et le Parlement reflétait le vœu des populations.

En Bavière, même succès de semblables pétitions. En Belgique (1), M. Couvreur posait éloquemment la question du désarmement international.

(1) A Verviers vient de se fonder une Société pacifique, sur l'initiative de M. Jean Servais et de quelques autres honorables

En Espagne, M. Pastor, ancien ministre, M. de Marcoartu et plusieurs collègues aux Cortès, prêtaient leur appui à notre cause.

En Italie, se faisaient remarquer tout particulièrement les nobles efforts de M. César Cantu. (A Ravenne, se fonde actuellement une Association contre la guerre ; au Parlement italien, M. Morelli soutient nos principes avec éclat.)

Dans l'intéressante petite Hollande (qui vient aussi de fonder une nouvelle Société de la Paix à La Haye), le rapport d'une commission de la Chambre des Représentants, à l'occasion d'une convention internationale concernant les blessés en temps de guerre, demandait officiellement la substitution de l'arbitrage à la guerre, pour résoudre les différends entre puissances.

La Suisse était et est toujours le centre d'ardentes propagandes en faveur de la paix.

En Suède, grâce surtout au docteur Hedlund, membre de la Diète, rédacteur en chef du Journal du Commerce, de Gothembourg, 60 membres de cette Diète se faisaient inscrire à la fois sur les regis

promoteurs, pour la revendication, au nom du peuple, du droit de paix et de guerre.

tres de notre Association internationale contre la guerre (1).

Surprise par le coup de foudre, notre Ligue ne put concerter aucun essai de résistance efficace. Elle n'est cependant pas restée inactive. Ce n'est que justice de rendre ici hommage au dévouement de notre si digne et si respecté secrétaire-général, M. Frédéric Passy, et, à côté de lui, notamment à MM. Martin Paschoud, Arlès-Dufour, Nottelle, Auguste Visschers, Joseph Garnier, ainsi qu'à l'archevêque de Paris, Mgr Darboy; au président du Consistoire de la Confession d'Augsbourg, M. Vallette; au grand rabbin de France, M. Isidor, qui ont fait une glorieuse tentative.

La guerre déclarée, quelques jours suffirent au Gouvernement impérial pour perdre toutes nos armées, et faire de Sedan le trop digne couronnement du Deux-Décembre.

Dès-lors, il n'y avait plus d'Empire. Un mouvement unanime de honte et de dégoût avait soulevé tous ceux qui croyaient naïvement trouver dans le Bonapartisme

(1) Voir la circulaire de M. F. Passy, au nom de notre Société, en date du 14 juillet 1870, et un meeting, à Londres, Bibliothèque de la Paix.

la gloire du nom Français. Le navire était désemparé au fort de la tempête force était de pourvoir à la vacance. Il fallait que le sentiment public fût bien irrésistible, pour que les Ministres du régime effondré vinssent eux-mêmes, par l'organe de leur présidént, M. de Palikao, proposer officiellement à la Chambre des Députés, de traduire en fait la déchéance de l'Empire. La Chambre s'y décida, mais trop tard.

Aiguillonnée par l'imminence du danger, la population accourait en masse aux abords du Palais Législatif, où elle sentait encore quelque vie. La foule, malgré toutes les mesures stratégiques prises et commandées directement, en arrière du gouverneur, par M. de Palikao, en personne, ne tarda pas à envahir complètement le Palais Bourbon. En vain, MM. Jules Favre, Crémieux, Gambetta, Schneider, Girault déployèrent-ils, à plusieurs reprises, une courageuse et admirable énergie, pour essayer de calmer l'effervescence des envahisseurs; leurs efforts ne purent parvenir à apaiser le tumulte. Le fauteuil, laissé vide par M. Schneider, était déjà occupé par des énergumènes qui allaient faire voter à la foule des décrets insensés et des mesures violentes. Les troupes refusaient de

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défendre, par les armes, les derniers vestiges de l'Empire.

Pour empêcher, à ce moment, toute effusion de sang français par des mains françaises, pour dominer le mouvement populaire triomphant, il fallait que quelques hommes dévoués osassent essayer d'en prendre la tête, en jetant leurs personnes à la traverse. Les Députés précédemment élus par la population parisienne, dont une fraction était maîtresse du terrain, pouvaient seuls entreprendre cette tâche, la plus lourde qui soit jamais incombée à des hommes politiques. Entre la Commune imminente et l'Allemagne victorieuse, (le Corps Législatif s'étant évanoui, non-seulement sous le souffle populaire, mais sous le poids écrasant de ses fautes et de sa terrible responsabilité), eux seuls, peut-être, pouvaient encore sauver quelques débris de la France. Certes, s'il y avait parmi eux quelque individualité ambitieuse, l'ambition n'était point leur mobile vraisemblable; ils venaient de prouver leur répugnance à prendre le pouvoir, le poste

le plus périlleux pouvait-il encore s'appeler le pouvoir? Ils savaient qu'ils allaient sacrifier leur repos et, sans doute, leur popularité; ils savaient qu'il

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