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Ces pages ont été écrites en 1869, à l'occasion d'un concours ouvert, en France et à l'étranger, par la Société des Amis de la Paix. Des circonstances de force majeure ont retardé jusqu'en 1872 les décisions du jury. Voici la fraction du rapport qui concerne ce travail, honoré d'une médaille d'argent :

« Le No 34: La guerre, c'est le despotisme; le despotisme, c'est la guerre. La liberté sera la paix ; la paix sera la liberté (1), de 240 pages, est un travail étendu, mais rapide, dont les qualités sont saillantes et les défauts non moins saillants. Remarquable, comme le N° 18, par l'étendue des connaissances, la variété des points de vue, la chaleur des sentiments et la verve du style, il pèche, comme

(1) Epigraphe choisie par l'auteur.

lui, par le défaut de mesure, parfois même de goût. L'abus des mots et des images, le mélange des questions, et un accent de passion trop continu, qui semble trahir une plume encore jeune et incomplètement maîtresse d'elle-même, lui donnent plutôt le caractère d'une improvisation ardente que celui d'un mémoire ou d'un livre. Par cette passion, il attache et entraîne d'abord, mais à la longue il lasse, comme il arrive pour les discours trop tendus et qui ne finissent pas au moment où l'émotion ne peut plus croître. Il n'a pas seulement l'accent communicatif, il a aussi l'étude; et, cependant, il enlève plus qu'il ne convaine; et la thèse, bien que plaidée avec surabondance, n'est pas en somme complètement plaidée. Elle l'est, d'ailleurs, au milieu de cette vivacité, avec une droiture et une tolérance parfaites, et sans que jamais les convictions politiques ou religieuses chères à l'auteur l'entraînent à manquer de respect pour aucune croyance ou aucune opinion; qualité bien rare, et qui achève de le marquer au coin du vrai libéralisme comme de la plus parfaite honnêteté. C'est, dans toute la force du terme, l'œuvre d'un homme de bien; et une œuvre dans laquelle il y a beaucoup à prendre, bien qu'il y ait, nous l'avons dit, trop à laisser aussi. L'auteur est M. Léon Henry, docteur en droit, auteur d'un livre sur les Lois du Mariage, et trois fois lauréat, en 1865, de la Faculté de

Caen. Voilà bien des récompenses déjà. Espérons que celle-ci ne sera ni la dernière, ni la moins douce au cœur de notre jeune collaborateur. >>

Les Membres du Jury:

EDOUARD LABOULAYE, de l'Institut, Député à l'Assemblée
Nationale;

FARJASSE, ancien Préfet, Membre du Conseil général de
Seine-et-Oise;

FRÉDÉRIC PASSY, Secrétaire général, Rapporteur (1).

L'œuvre est qualifiée d'« improvisation ardente. » Elle fut, en effet, rédigée à la fin de l'année donnée aux concurrents pour la préparation de leur mémoire. Ecrite et transcrite en trois mois, elle se ressent inévitablement de la trop grande rapidité de l'exécution. Il faut même reconnaitre que le ton général laisse souvent à désirer, par suite de certains emportements qu'expliquait, il y a trois ans, une politique dont les conséquences devaient être si désastreuses pour la France et l'Europe.

Les avant-dernières lignes du rapport contiennent, avec une expression de sympathie, l'éloge auquel, assurément, l'auteur pouvait être le plus sensible. Cet éloge acquiert un prix tout particulier dans la bouche du Rapporteur, et

(1) Pages 21 et s. du Rapport publié sous le titre de Crime de la Guerre, Librairie Franklin, 71, rue des Saints - Pères, Paris.

résonne si agréablement à l'oreille du destinataire, qu'il serait presque tenté d'en tirer vanité, s'il ne songeait à remercier de leur bienveillance MM. les Membres du Jury.

Les passages qui semblaient les plus défectueux du mémoire ont été corrigés. En outre d'une nouvelle préface, l'auteur y a fait quelques légères additions et aussi quelques suppressions assez importantes.

Ce livre contient des idées moins populaires aujourd'hui qu'il y a trois ans. Il n'eût pas été difficile d'y réserver quelque accès détourné aux passions guerrières qui survivent encore à nos désastres, et qui, dans beaucoup de cœurs, sont inspirées par les sentiments les plus généreux. Certes, il faut se garder de rougir d'une modification ou d'un revirement sincère et honorable d'opinions; ceux-là seuls sont absolument insusceptibles d'un changement de convictions, qui n'en ont eu jamais aucune. Toutefois, en persévérant avec ardeur dans ses doctrines de la veille, le signataire qui les publie en 1872 aura, du moins, prouvé que le but du livre n'est pas une méprisable exploitation, et que cet écrit, pour employer une expression de M. Frédéric Passy, « n'était pas de ceux qui ne visent qu'à une chose prendre le vent de l'opinion, de quelque côté qu'il souffle, comme la voile indifférente à son œuvre. »

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