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Sept milliards!!! Grand Dieu ! Cela fait soixantedix milliards en dix ans, sept cents milliards en cent ans! << Si vous aviez laissé ces capitaux multiplier et produire, ce ne seraient plus des centaines de milliards, mais des milliers de milliards...» (F. Passy.) Le général Foy s'écriait à la tribune, et l'on pourrait s'écrier encore : « Savez-vous qu'il ne s'est pas écoulé un milliard de minutes depuis la naissance de Jésus-Christ? » Sept milliards! C'est de quoi enrichir tous les pauvres et soulager tous ceux qui souffrent, c'est de quoi renouveler la face de la terre. O profondeur impénétrable de la sagesse des hommes !...

De tous les animaux...

De Paris au Pérou, du Japon jusqu'à Rome,
Le plus sot animal, à mon avis, c'est l'homme.

tériel maritime et les casernes. La paix armée produit, comme on l'a dit, des effets pires encore que ceux d'une guerre déclarée.

CONCLUSION

le

La paix, le triomphe du droit et du bon sens, règne de la lumière et de la loyauté, le bonheur des peuples réalisé de leurs propres mains..... quelle utopie! quelle chimère ! s'écriera la cohorte des gens qui ont toujours dit ce qui est sera éternellement. Généreuse illusion d'idéalistes, rêves creux et naïvetés d'hommes de bien, telles sont les épithètes les plus indulgentes qui aient été jusqu'ici prodiguées aux prédicateurs de la paix.

Hommes de peu de foi, qui marchez sans cesse l'œil penché ou tourné en arrière, regardez devant vous voyez le flot de l'opinion qui, malgré l'accident de courants rétrogrades, monte, monte toujours; comptez les légions des amis de la paix; entendez les cris du cœur poussés, du fond du peuple, par les hommes qui jadis chantaient la haine et le carnage;

écoutez ces réunions d'ouvriers (1); lisez ces adresses fraternelles; contemplez la main du travailleur tendue à la main de l'étudiant, par-dessus de factices frontières, et dites si le monde pense aujourd'hui ce qu'il pensait hier; dites si, au moins, l'élan n'est pas donné, et si la justice n'est pas en voie de triompher.

(1) Une députation d'ouvriers anglais, appartenant au Workmens Peace Association (Association des Ouvriers pour la Paix, est venue à Versailles, dans le courant du mois de mai 1872, pour présenter une pétition à l'Assemblée nationale. Les délégués, au nombre de 40 environ, venaient proposer, au nom d'un certain nombre de Sociétés ouvrières, l'établissement d'un Tribunal International, pour juger des cas de guerre. Pénétrés de ce principe qu'il n'est pas plus permis aux nations qu'aux particuliers de s'entre-tuer, ils voudraient qu'un tribunal spécial, dans chaque pays, et un tribunal international supérieur connussent souverainement de toutes les causes de guerre. (L'Ouvrier belge.) Voilà un magnifique exemple, donné par les travailleurs, d'une calme et énergique protestation. Cette même Société, qui a son journal The Arbitrator, a réuni, pour la motion de M. Henry Richard, au Parlement anglais, en faveur de l'arbitrage international, plus de CINQ CENT MILLE signatures. Nous savons aussi qu'en Angleterre, une autre Association pacifique, fondée en 1816, la Peace Society, compte plus de 100,000 adhérents, dispose d'un budget régulier de 80 à 100,000 fr., et peut se procurer en quelques semaines, comme en 1871, 200 à 300,000 fr. de souscriptions extraordinaires. (Almanach de la Paix, 1873.)

Jetez principalement les yeux sur les nombreuses et glorieuses phalanges qui marchent, dans le monde, à la tête des idées de paix, et dites si ces hommes dévoués, qui roulent leur boule de neige, ne sont pas dignes d'entraîner bientôt tout ce qu'il y a d'honnête et de loyal dans une nation.

Faites l'appel des progrès réalisés, et que le passé lui-même serve à présager l'avenir. Songez, nous ne saurions trop le constater, qu'en juillet 1870, si l'on s'en tient aux rapports des préfets eux-mêmes, il n'y avait en France que quelques départements qui ne fussent pas absolument hostiles à la guerre. Rappelezvous, il y a peu d'années, les bras déjà commandés pour le massacre, les fusils déjà chargés et les cris de guerre des ferrailleurs qui voulaient se disputer un lopin de territoire, au prix de l'embrasement de l'Europe. Les organes de la pensée publique s'indignèrent; l'apaisement et la transaction succédèrent bientôt à la discorde (1). Souvenons-nous des répro

(1) En 1870, la guerre a éclaté presque sans préliminaires. En 1867, les protestations eurent le temps de se faire jour de tous côtés et d'arrêter les gouvernements. M. F. Passy, à l'Assemblée générale de notre Société, en 1868, nous priait de ne pas oublier « que c'est de l'Allemagne, de la Prusse et du cœur de la

bations qui ont accompagné de récentes expéditions lointaines, et ont contraint les expéditionnaires à hâter leur retour au foyer. Reconnaissons l'esprit de conciliation des nations libres, comme l'Angleterre et les États-Unis. Admirons ces médiations des Etats neutres, pour prévenir des conflagrations auxquelles ils ne seraient qu'indirectement intéressés. Parcourons les discours des souverains pour ménager la patience des peuples, les rois cessent souvent eux-mêmes de brandir le glaive; ils sont forcés d'annoncer et de promettre une paix qu'ils ne tiennent pas toujours. N'est-ce pas là au moins un symptôme plein d'espé

Prusse, de l'Association générale des ouvriers de Berlin, qu'est parti le premier appel à la paix, la première protestation contre la guerre » ; notre secrétaire général nous rappelait, à ce propos, les écrits et les paroles de M. Simon de Trèves, les discours du docteur Jacoby, les lettres de M. H. de Fichte, les adresses des sociétés allemandes de Suisse, des sociétés ouvrières de perfectionnement de Bieberich, Francfort, Hanau, Limbourg, Mayence, Offenbach, Oppenheim, Wiesbaden, et celles de presque toutes les sociétés ouvrières de Wurtemberg, la lettre de M. Grothe, bourgmestre de Schwelm, à M. J. Dollfus, et l'attitude de la Gazette du Peuple, de Berlin. En France, la lettre des ouvriers de Berlin avait immédiatement donné lieu à une déclaration analogue des étudiants des Facultés de Paris, et une réponse des ouvriers parisiens, publiée par la Coopération, s'était, en un moment, trouvée couverte de 1,500 signatures.

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