Oeuvres poetiques de Boileau

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F. Didot Frères, 1853 - French poetry - 490 pages

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Page 232 - La simplicité plaît sans étude et sans art. Tout charme en un enfant dont la langue sans fard , A peine du filet encor débarrassée , Sait d'un air innocent bégayer sa pensée. Le faux est toujours fade , ennuyeux , languissant : Mais la nature est vraie , et d'abord on la sent ; C'est elle seule en tout qu'on admire et qu'on aime. Un esprit né chagrin plaît par son chagrin même. Chacun pris dans son air est agréable en soi ; Ce n'est que l'air d'autrui qui peut déplaire en moi.
Page 265 - Enfin Malherbe vint ; et, le premier en France, Fit sentir dans les vers une juste cadence, D'un mot mis en sa place enseigna le pouvoir, Et réduisit la muse aux règles du devoir. Par ce sage écrivain la langue réparée N'offrit plus rien de rude à l'oreille épurée. Les stances avec grâce apprirent à tomber; Et le vers sur le vers n'osa plus enjamber.
Page 265 - Surtout , qu'en vos écrits la langue révérée Dans vos plus grands excès vous soit toujours sacrée. En vain vous me frappez d'un son mélodieux, Si le terme est impropre ou le tour vicieux. Mon esprit n'admet point un pompeux barbarisme, Ni d'un vers ampoulé l'orgueilleux solécisme. Sans la langue, en un mot, l'auteur le plus divin Est toujours, quoi qu'il fasse, un méchant écrivain *. Travaillez à loisir, quelque ordre qui vous presse, Et ne vous piquez point d'une folle vitesse.
Page 278 - En vain vous étalez une scène savante : Vos froids raisonnements ne feront qu'attiédir Un spectateur toujours paresseux d'applaudir, Et qui, des vains efforts de votre rhétorique Justement fatigué, s'endort, ou vous critique. Le secret est d'abord de plaire et de toucher : Inventez des ressorts qui puissent m'attacher.
Page 281 - Bientôt l'amour, fertile en tendres sentiments, S'empara du théâtre ainsi que des romans. De cette passion la sensible peinture Est pour aller au cœur la route la plus sûre.
Page 298 - Je vous l'ai déja dit, aimez qu'on vous censure, Et, souple à la raison, corrigez sans murmure. Mais ne vous rendez pas dès qu'un sot vous reprend. Souvent dans son orgueil un subtil ignorant Par d'injustes dégoûts combat toute une pièce, Blâme des plus beaux vers la noble hardiesse. On a beau réfuter ses vains...
Page 231 - Et qu'un mot quelquefois n'y brave la césure : Mais c'est qu'en eux le vrai, du mensonge vainqueur, Partout se montre aux yeux, et va saisir le cœur, Que le bien et le mal y sont prisés au juste ; Que jamais un faquin n'y tint un rang auguste ; Et que mon cœur , toujours conduisant mon esprit , Ne dit rien aux lecteurs, qu'à soi-même il n'ait dit. Ma pensée au grand jour partout s'offre et s'expose , Et mon vers, bien ou mal, dit toujours quelque chose.
Page 117 - Et croit régler le monde au gré de sa cervelle. Jamais dans le barreau trouva-t-il rien de bon? Peut-on si bien prêcher qu'il ne dorme au sermon? Mais lui, qui fait ici le régent du Parnasse, N'est qu'un gueux revêtu des dépouilles d'Horace.
Page 327 - L'été n'a point de feu, l'hiver n'a point de glace. J'entends à son seul nom tous mes sujets frémir. En vain deux fois la paix a voulu l'endormir: Loin de moi son courage, entraîné par la gloire, Ne se plaît qu'à courir de victoire en victoire. Je me fatiguerais à te tracer le cours Des outrages cruels qu'il me fait tous les jours.
Page 293 - C'est par là que Molière, illustrant ses écrits, Peut-être de son art eût remporté le prix, Si...

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