Le meilleur texte des œuvres de Boileau est sans aucun doute celui qu'a publié M. Berriat-Saint-Prix'. Pour parvenir à donner une édition correcte des OEuvres de notre grand poëte, ce consciencieux éditeur rassembla et conféra trois cent cinquante-deux éditions partielles ou complètes de Boileau, dont cent trente-trois publiées du vivant de l'auteur; en outre, il consulta pour son travail cent quarante ouvrages 2. « Nos recherches, dit-il3, n'ont pas été sans quelque fruit, « puisque le total des additions, des corrections, des chan«gements que nous avons faits, soit au texte, soit aux va<< riantes, ne s'élève pas à moins de treize cents. » Cela est vrai; nous les avons comptés. Ne pouvant espérer de faire plus ou mieux que M. BerriatSaint Prix, nous avons adopté le texte qu'il a établi, et nous nous sommes appliqué à le reproduire fidèlement, en y ajoutant: 1° toutes les notes de Boileau; 2° les variantes; 3° les passages d'Horace, de Juvénal, de Perse, etc., que Boileau avait lui-même indiqués à Brossette; 4° des notes explicatives extraites de tous les commentaires, réduites à ce qui est nécessaire pour l'intelligence du texte, et dégagées des erreurs que M. Berriat-Saint-Prix a signalées et démontrées. Notre travail d'éditeur se borne au choix des notes, et à la rédaction de celles que nous avons cru devoir abréger. Les poésies de Boileau sont suivies d'une Table des noms 1 OEuvres completes de Boileau; Paris, 1830-34, 4 vol. in-8°. 'Le catalogue des éditions de Boileau et celui des écrits sur ce poëte, que M. Berriat-Saint-Prix eut sous les yeux, se trouvent dans le tome I de son édition de Boileau, après l'Avertissement de l'éditeur. ' Tom. I, pag. Ix de son Avertissement. BOILEAU. propres, avec l'indication des pages où ils se trouvent, et d'un Recueil alphabétique des comparaisons, des sentences, des maximes, des préceptes, des proverbes ou locutions proverbiales répandues avec tant de génie dans les œuvres poétiques de Boileau. Ce recueil nous paraît devoir être utile et agréable pour les citations, il dispensera de longues recherches, et il rappellera d'austères et piquantes paroles, et surtout de nobles pensées et de beaux vers. LEF.... Pour éviter la répétition des noms à la fin de chaque note, les commentateurs sont désignés ainsi qu'il suit : SUR BOILEAU DESPRÉAUX, PAR M. AMAR. Gilles BOILEAU, greffier de la grand'chambre du parlement de Paris, et père du poëte qui a rendu à jamais ce nom si célèbre, descendait d'Estienne Boyleaux, Boileaue, ou Boylesve, prévôt de la ville de Paris au treizième siècle. Telle était la réputation de sagesse et de probité dont jouissait ce magistrat, que quand Louis IX, qui donnait alors à la terre le spectacle, trop rarement renouvelé pour le bonheur des peuples, d'un grand saint dans un monarque accompli, songea, en 1258, à régulariser les fonctions du prévôt de Paris, il s'occupa, dit Joinville, de faire chercher par tout le pays un bon justicier, et bien renommé de prud'homie; et il le trouva dans la personne d'Estienne Boyleaux, qui fut ainsi le premier prévôt de Paris nommé par le roi. Boileau eut raison, dans la suite, de se montrer fier d'une pareille descendance, et de la faire constater légalement par un arrêt en bonne forme. (Lettre à Brossette du 9 mai 1699.) C'est à l'auteur de la satire sur la noblesse qu'il appartenait surtout de sentir le prix de la véritable, de celle qui est la récompense de la vertu et des services rendus à l'État. Le père de Boileau n'était pas moins distingué au Palais par sa probité que par sa grande expérience dans les affaires. Quoique d'une fortune médiocre, et chargé d'une nombreuse famille, il soigna si heureusement l'éducation de ses fils, que le barreau, l'Église, et surtout les lettres, s'honoreront à jamais du nom de Boileau. Celui qui était destiné à porter si loin la gloire du Parnasse français, et, suivant l'expression de Vauvenargues, à éclairer tout son siècle, Nicolas Boileau, naquit le 1er novembre 1636, à Crosne (petit village près de Villeneuve-Saint-George), selon L. Racine; à Paris, suivant d'autres biographes, et dans la chambre même qu'avait habitée Jacques Gillot, l'un des auteurs de la Satire Menippée. Ce point de biographie n'est point encore suffisamment éclairci : une circonstance cependant qui semblerait donner quelque poids à l'opinion de L. Racine, c'est le surnom de Despréaux donné à Boileau, et emprunté d'un petit pré situé au bout du jardin de cette maison de campagne, où le père de notre poëte venait passer le temps des vacances. Mais laissons Paris et Crosne se disputer l'honneur d'avoir vu naître Boileau un homme tel que lui appartient à la France tout entière, qui se glorifiera éternellement de l'avoir donné à l'Europe. L'erreur ou l'incertitude des biographes a pu résulter de ce que les titres qui constataient la naissance de Boileau à Crosne ayant disparu dans l'incendie qui consuma la presque totalité de ce village, il ne resta plus d'autre preuve légale que les registres de famille où le père de notre poëte consignait la naissance de chacun de ses enfants. Il y a eu également confusion dans les époques, mais par la faute de Despréaux, qui, peut-être incertain lui-même de l'année et du jour où il était né, et se croyant lié par la réponse qu'il avait faite au roi 2, persista toute sa vie à se dire ou à se croire plus jeune d'un an qu'il n'était en effet. BOILEAU DE PUYMORIN, né d'un premier lit, en 1625, mort en 4683. Gilles BOILEAU, né à Paris, en 1631; reçu à l'Académie Française en 1639; mort en 1669. Jacques BOILEAU (l'abbé), également né à Paris, le 16 mars 16535; mort le 1er août 1716. 2 Le roi lui avait demandé la date de sa naissance : « Sire, répondit Boileau, je suis venu au monde une année avant Votre Majesté, pour annoncer les merveilles de son règne. » |