Le vigilant Girot court à lui le premier1. C'est d'un maître si saint le plus digne officier; « Quel chagrin, lui dit-il, trouble votre sommeil? <«< Ami, lui dit le chantre encor påle d'horreur, Une épaisse nuée à longs flots est sortie, Qui, s'ouvrant à mes yeux, dans son bluâtre éclat2, Du corps de ce dragon, plein de soufre et de nitre, Dont le triangle affreux, tout hérissé de crins, 'Le valet du chantre s'appelait Brunot, et remplissait la fonction de bedeau ou d'huissier; il gardait la porte du chœur. Il était fâché que le poëte ne l'eût pas désigné par son nom. (BR.) 2 Dans toutes les éditions publiées par l'auteur, et même dans celle de Saint-Marc, on trouve bluatre pour bleuâtre. C'est l'ancienne orthographe du mot, qui nous apprend son ancienne prononciation. J'ai crié, mais en vain; et, fuyant sa fureur, D'une longue soutane il endosse la moire, Assurer pour rassurer; c'est une faute de langue. (ST.-M.) SaintMarc se trompe. Le mot est très-ancien, on le trouve dans le Plutarque d'Amyot, et il s'est conservé jusqu'à Racine, qui l'emploie comme Boi leau dans le sens de rassurer. Aujourd'hui, il a perdu cette signification et on ne s'en sert plus que dans le sens de certifier. (A.-M. ) * Avant l'impression de ce poëme, l'auteur le lut à Sa Majesté; i y avait ici : Alors d'un domino couvrant sa tête grise, Déjà l'aumusse en main... Louis XIV fit remarquer au poëte que l'aumusse était un habiller › d'hiver et le domino un habillement d'été. « D'ailleurs, continua l- roi vous allez dire: Dėjeûnons, messieurs, et buvons frais: cela marque q l'action de votre poëme se passe en été. » Sur-le-champ Boileau changea le vers dont il s'agit; le roi ajouta en souriant : « Ne soyez pas étonné de me voir instruit de ces usages, je suis chanoine en plusieurs églises. >> En effet, le roi de France était chanoine d'Angers, du Mans, de SaintMartin de Tours, de Saint-Jean de Lyon, etc. (BR. ) O toi qui, sur ces bords qu'une eau dormante mouille, « La voilà donc, Girot, cette hydre épouvantable O ciel! quoi! sur mon banc une honteuse masse 'Homère a fait le poëme des Rats et des Grenouilles. (BOIL.) On est maintenant à peu près certain que cette parodie de l'Iliade n'est pas d'Homère. 2 La Secchia rapita, poëme italien. (BOIL.) Ce poëme héroï-comique a pour sujet la guerre qu'entreprirent les Bolonais, afin de recouvrer un seau de sapin que les Modénois avaient fait enlever d'un puits public de la ville de Bologne. L'auteur est Alessandro Tassoni, mort à Modène en 1635. (D.) 3 Var. Ignoré dans l'église, invisible en ce lieu. BOILEAU. 22 Et, sans lasser le ciel par des chants superflus, Ne voyons plus un chœur où l'on ne nous voit plus. Et verra dans le chœur le pupitre exhaussé A ces mots, d'une main par la rage affermie, Var. Il allait terrasser la machine ennemie. 2 Jean le choriste est un personnage supposé. Girard, sonneur de la Sainte-Chapelle, était mort avant la composition de cet ouvrage. Il se noya dans la Seine, ayant parié qu'il la passerait neuf fois à la nage. Un jour, il monta sur les bords du toit de la Sainte-Chapelle, une bouteille à la main, et la vida d'un trait en présence d'une multitude de spectateurs, parmi lesquels se trouvait notre auteur, alors écolier. (BR.) 3 Au lieu de ce vers et des quatre suivants, il y avait avant 1701: Qui, de tout temps pour lui brûlant d'un même zèle Gardent pour le prélat une haine fidèle. A l'aspect du lutrin tous deux tremblent d'horreur : Du vieillard toutefois ils blâment la fureur. Abattons, disent ils, sa superbe machine... Ces mots des mains du chantre arrachent le pupitre. « J'y consens, leur dit-il, assemblons le chapitre. Allez donc de ce pas, par de saints hurlements', Vous-mêmes appeler les chanoines dormants'. Partez. » Mais ce discours les surprend et les glace". « Nous! qu'en ce vain projet, pleins d'une folle audace, Nous allions, dit Girard, la nuit nous engager! De notre complaisance osez-vous l'exiger? Hé! seigneur, quand nos cris pourraient, du fond des rues, De leur sacré repos ministres assidus, Et pénétrer des lits au bruit inaccessibles, Pensez-vous, au moment que les ombres paisibles 2 Var. Sus donc, allez tous deux, par de saints hurlements, Réveiller de ce pas les chanoines dormants. 5 Il y a des lecteurs qui se laissent un peu dérouter, parce qu'ils pensent que les partisans du chantre doivent s'appeler les chantres, et que ce sont ceux du prélat qui se nomment chanoines. Cette distinction n'existe pas. Les chantres en titre étaient eux-mêmes chanoines, et sont nommés ainsi dans ce poëme, bien que souvent ils laissassent A des chantres gagés le soin de louer Dieu. On voit, en effet, que le grand chantre occupe la seconde dignité dans le chœur. (A.-M.) Ce vers et les trois suivants en remplacent huit. Avant 1701, on lisait : Partez. Mais à ce mot les champions pålissent; Nous pourrions réveiller des chantres et des moines : Qui jamais l'entreprit ? qui l'oserait tenter? Est-ce un projet, ô ciel! qu'on puisse exécuter? Hé! seigneur, etc. Var. Appeler ces valets autour d'eux étendus. Au lieu de ce vers et des deux suivants, il y avait d'abord : De la tête une fois pressent un oreiller, Que la voix d'un mortel puisse les réveiller? |