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CHOEUR des fuivans de l'Amour.
Aimables fers!

CHOEUR des fuivans de Bacchus.
Douce victoire!

CHOEUR des fuivans de l'Amour.

Ah! Quel plaifir d'aimer !

CHOEUR des fuivans de Bacchus.

TOUS

Ah! Quel plaifir de boire! ENSEMBLE.

Non, non, c'est un abus,

Le plus grand Dieu de tous

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CHOEUR des fuivans de l'Amour.
C'eft l'Amour.

CHOEUR des fuivans de Bacchus.

C'eft Bacchus.

SCENE I V.

UN BERGER, & les mêmes A&eurs.

UN BERGER.

'Eft trop, c'est trop, Bergers. Hé, pourquoi ces débats?

C'

Souffrons qu'en un parti la raifon nous affemble. L'Amour a des douceurs, Bacchus a des appas, Ce font deux Déités qui font fort bien ensemble, Ne les féparons pas.

LES DEUX CHOEUR s.

Mêlons donc leurs douceurs aimables. Mêlons nos voix dans ces lieux agréables;

Et faifons répéter aux échos d'alentour,

Qu'il n'eft rien de plus doux que Bacchus & l'A

mour.

III. ENTRE'E DE BALLET.

Les bergers & bergères fe mêlent avec les fuivans de Bacchus & les Bacchantes. Les fuivans de Bacchus frappent avec leurs tyrfes les efpéces de tambours de bafque que portent les Bacchantes, pour repréfenter ces cribles qu'elles portoient anciennement aux fetes de Bacchus, les uns & les autres font differentes poftures, pendant que les bergers & les bergères danfent plus ferieusement.

FIN.

NOMS DES PERSONNES QUI ONT représenté, chanté, & danfe dans les Intermédes de la Comédie de George Dandin.

George Dandin, le fieur Moliere. Bergers danfans, déguifés en valets de fête, les fieurs Beauchamp,Saint André, la Pierre, Favier. Bergers jouant de la flûte, Les fieurs Defcoteaux, Philbert, Jean & Martin Hotteterre. Climéne, Mademoiselle Hilaire. Cloris, Mademoiselle des Fronteaux. Tircis, le fieur Blondel. Philéne, le fieur Gaye. Une bergére, Mademoiselle.... Bâteliers danfans, les fieurs Beauchamp, Jouan, Chicanneau, Favier, Noblet, Mayeu. Un payfan, ami de George Dandin, le fieur... Bergers danfans, les fieurs Chicanneau Saint André, la Pierre, Favier. Bergéres danfantes, les fieurs Bonard, Arnald, Noblet, Foignard. Satyre chantant, le fieur Eftival. Suivant de Bacchus, chantant, le fieur Gingan. Suivans de Bacchus, danfans, les fieurs Beauchamp, Dolivet, Chicanneau, Mayeu. Bacchantes danfantes, le fieur Payfan, Manceau, le Roi, Pefan. Un berger, le. fear le Gros,

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CEt agréable fpectacle étant fini de la forte, le

Roi & toute la Cour fortirent par le portique du côté gauche du falon, & qui rend dans l'allée de traverse, au bout de laquelle, à l'endroit où elle coupe l'allée des prés, l'on apperçut de loin un édifice élevé de cinquante pieds de haut. Sa figure étoit octogone, & fur le haut de la couverture s'élevoit une efpéce de dôme d'une grandeur & d'une hauteur fi belle & fi proportionnée, que le tout ensemble reffembloit beaucoup à ces beaux temples antiques, dont l'on voit encore quelques reftes; il étoit couvert de feuillages, & rempli d'une infinité de lumiéres. A mesure qu'on s'en approchoit, on y décou vroit mille différentes beautés. Il étoit ifolé, & l'on voyoit dans les huit angles autant de pilaftres qui fervoient comme de pieds forts ou d'arc-boutans élevés de quinze pieds de haut. Au deffus de ces pilaftres, il y avoit de grands vafes ornés de différentes façons & remplis de lumières. Du haut de ces vafes fortoit une fontaine, qui retombant à l'entour, les environnoit comme d'une cloche de criftal. Ce qui faifoit un effet d'autant plus admirable, qu'on voyoit un feu éclairer agréablement au milieu de l'eau.

Cet édifice étoit percé de huit portes. Au-devant de celle par où l'on entroit, & fur deux piédeftaux de verdure, étoient deux grandes figures dorées qui repréfentoient deux Faunes jouant chacun d'un inftrument. Au-deffus de ces portes, on voyoit comme une espéce de frife ornée de huit grands bas reliefs, représentant, par des figures affifes, les quatre faifons de l'année, & les quatre parties du jour. A côté des premieres, il y avoit de doubles L, &, à côté des autres des fleurs de lys. Elles étoient toutes enchaffées parmi le feuillage, & faites avec un artifice de lumiére fi beau & fi furprenant, qu'il fembloit que toutes ces figures, ces L, & ces fleurs de lys fuffent d'un métal lumineux & tranfparent.

Le tour du petit dôme étoit auffi orné de huit bas réliefs éclairés de la même forte; mais, au lieu de figures, c'étoient des trophées difpofés en diffé rentes maniéres. Sur les angles du principal édifice & du petit dôme, il y avoit de groffes boules de verdure qui en terminoient les extrémités.

Si l'on fut furpris en voyant par dehors la beauté de ce lieu, on le fut encore davantage en voyant le dedans. Il étoit prefque impoffible de ne fe pas per fuader que ce ne fût un enchantement, tant il y paroiffoit de chofes qui fembloient ne fe pouvoir faire que par magie. Sa grandeur étoit de huit toifes de diamétre. Au milieu il y avoit un grand rocher, & au tour du rocher une table de figure octogone char gée de foixante & quatre couverts. Ce rocher étoit percé en quatre endroits, il fembloit que la nature eût fait choix de tout ce qu'elle a de plus beau & de plus riche pour la compofition de cet ouvrage, & qu'elle eût elle-mème pris plaifir d'en faire fon chef d'œuvre, tant les ouvriers avoient bien fù cachers l'artifice dont ils s'étoient fervi pour l'imiter.

Sur la cime du rocher étoit le cheval Pegafe; il fembloit, en fe cabrant, faire fortir de l'eau qu'on voyoit couler doucement de deffous fes pieds, mais qui auffi-tôt tomboit avec abondance, & formoit comme quatre fleuves. Cette eau qui fe précipitoit: avec violence & par gros bouillons parmi les pointes: du rocher, le rendoit tout blanc d'écume, & ne s'y perdoit que pour paroître enfuite plus belle & plus brillante; car, refortant avec impétuofité par dess endroits cachés, elle faifoit des chutes d'autant plus agréables, qu'elles fe feparoient en plufieurs petits> ruiffeaux parmi les cailloux & les coquilles. Il fortoit de tous les endroits les plus creux du rocher mille gouttes d'eau qui avec celle des cafcades, venoient à inonder une peloufe couverte de mouffe & de divers coquillages qui en faifoit l'entrée. C'é-> toit fur ce beau vert, & à l'entour de ces coquilles

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que ces eaux, venant à se répandre & à couler agréa blement, faifoient une infinité de retours qui paroiffoient autant de petites ondes d'argent, &, avec un murmure doux & agréable qui s'accordoit au bruit des cafcades, tomboient en cent diferentes maniéres dans huit canaux qui féparoient la table d'avec le rocher, & en recevoient toutes les eaux. Ces canaux étoient revêtus de carreaux de porce laine & de mouffe, au bord defquels il y avoit de grands vases à l'antique émaillés d'or & d'azur, qui, jettant l'eau par trois différens endroits, remplif foient trois grandes coupes de cristal qui se dégor geoient encore dans ces mêmes canaux.

Au deffous du cheval Pegase, & vis-à-vis la porte par où l'on entroit, on voyoit la figure d'Apollon affife, tenant dans fa main une lyre; les neuf Mufes étoient au-deffous de lui qui tenoient auffi divers inftrumens. Dans les quatre coins du rocher, & audeffous de la chûte de ces fleuves, il y avoit quatre figures couchées qui en représentoienr les Divinités.

De quelque côté qu'on regardât ce rocher, l'on y voyoit toujours différens effets d'eau, & les lumiéres dont il étoit éclairé, étoient fi bien disposées, qu'il n'y en avoit point qui ne contribuaffent à faire paroître toutes les figures qui étoient d'argent, & à faire briller davantage les divers éclats de l'eau & les différentes couleurs des pierres & des criftaux dont il étoit compofé. Il y avoit même des lumiéres fi induftrieufement cachées dans les cavités de ce rocher, qu'elles n'étoient point apperçûes, mais qui cependant le faifoient voir par tout, & donnoient un luftre & un éclat merveilleux à toutes les gout. tes d'eau qui tomboient,

Des huit portes dont ce falon étoit percé, il y en avoit quatre au droit des quatre grandes allées, & quatre autres qui étoient vis-à-vis des petites allées, qui font dans les angles de cette place. A côtè de

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