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Perfonne.

LUBIN.

GEORGE DANDIN. Il fuit, & me laisse informé de la nouvelle perfidie de ma coquine. Allons, il faut que, fans tarder, j'envoie appeler fon pere & fa mere, & que cette aventure me ferve a me faire féparer d'elle. Holà, Colin, Colin.

SCENE I V.

ANGELIQUE & CLITANDRE, avec CLAUDINE & LUBIN affis au fond du theatre, GEORGE DANDIN, CÓLIN.

Monfieur.

Onfieur.

COLIN à la fenêtre.

GEORGE DANDIN.

Allons, vîte ici-bas.

COLIN fautant par la fenêtre.

M'y voilà, on ne peut pas plus vîte.

Tu es-là ?

GEORGE

Oui, Monfieur.

DANDIN.

COLIN.

(Pendant que George Dandin va chercher Colin du côté où il a entendu fa voix, Colin passe de l'autre, &

s'endort.)

GEORGE DANDIN fe tournant du côté où il croit qu'eft Colin.

Doucement. Parle bas. Ecoute. Va-t-en chez mon beau-pere, & ma belle-mere, & di que je les prie très-inftamment de venir tout-à-l'heure ici. Entenstu? Hé? Colin, Colin,

COLIN

COLIN de l'autre côté, se réveillant.

Monfieur.

GEORGE DANDIN.

Où, diable, es-tu ?

Ici.

COLIN.

GEORGE DANDIN.

Pefte foit du maronfle, qui s'éloigne de moi.

(Pendant que George Dandin retourne du côté où il croit que Colin eft refté, Colin, à moitié endormi, paffe de l'autre, & fe rendort.)

Je te dis que tu ailles de ce pas trouver mon beaupere, & ma belle-mere, & leur dire que je les conjure de fe rendre ici tout-à-l'heure. M'entens-tu bien? Répons. Colin, Colin.

COLIN de l'autre côté, fe reveillant.

Monfieur.

GEORGE DANDIN. Voilà un pendard qui me fera enrager. Viens-t-en à moi.

(Ils fe rencontrent, & tombent tous deux.) Ah! Le traître ! Il m'a eftropié. Où eft-ce que tu es? Approche que je te donne mille coups. Je pense. qu'il me fuit.

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Point. Vous me voulez battre.

GEORGE DANDIN

Hé bien, non. Je ne te ferai rien.

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COLIN,

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GEORGE DANDIN.

(à Colin qu'il tient par le bras.) Oui. Approche. Bon. Tu es bienheureux de ce que j'ai besoin de toi. Va-t-en vîte, de ma part, prier mon beau-pere & ma belle-mere, de fe rendre ici le pluftôt qu'ils pourront, & leur di que c'eft pour une affaire de la derniére conféquence; &, s'ils faifoient quelque difficulté, à caufe de l'heure, ne manque pas de les preffer,& de leur bien faire entendre qu'il eft très-important qu'ils viennent, en quelque état qu'ils foient. Tu m'entens bien maintenant. COLIN.

Oui, Monfieur.

GEORGE DANDIN.

(Je croyant feul.). Va vîte, & reviens de même. Et moi, je vais rentrer dans ma maison, attendant que. Mais j'entens quelqu'un. Ne feroit-ce point ma femme? Il faut que j'écoute, & me ferve de l'obfcurité qu'il

fait.

...

(George Dandin fe range près la porte de fa maison.)

SCENE V.

ANGELIQUE, CLITANDRE, CLAUDINE, LUBIN, GEORGE DANDIN.

ANGELIQUE à Clitandre.

A Dieu. Il eft temps de fe retirer.

CLITANDRE.

Quoi! Si-tôt ?

ANGELIQUE.

Nous nous fommes affez entretenus.

CLITAN DRE.

Ah! Madame, puis-je affez vous entretenir, & trouver, en fi peu de temps, toutes les paroles dont j'ai besoin? Il me faudroit des journées entiérés pour me bien expliquer à vous de tout ce que je fens; & je ne vous ai pas dit encore la moindre partie de ce que j'ai à vous dire.

ANGELIQUE.

Nous en écouterons une autre fois davantage.
CLITAN DRE.

lorf

Hélas! De quel coup me percez-vous l'ame, que vous me parlez de vous retirer, & avec combien de chagrin m'allez-vous laiffer maintenant ! ANGELIQUE.

Nous trouverons moyen de nous revoir.

CLITANDRE.

Oui ; mais je fonge qu'en me quittant, vous allez trouver un mari. Cette penfée m'affaffine, & les priviléges qu'ont les maris, font des chofes cruelles pour un amant qui aime bien.

ANGELIQUE. Serez-vous affez foible pour avoir cette inquiétude, & penfez-vous qu'on foit capable d'aimer de certains maris qu'il y a? On les prend parce qu'on ne s'en peut défendre, & que l'on dépend de parens, qui n'ont des yeux que pour le bien; mais on fait leur rendre juftice, & l'on fe moque fort de les confidérer au-delà de ce qu'ils méritent.

GEORGE DANDIN à part.

Voilà nos carognes de femmes.

ČLITANDRE.

Ah! Qu'il faut avouer que celui qu'on vous a donné étoit peu digne de l'honneur qu'il a reçû, & que c'eft une étrange chofe que l'affemblage qu'on a fait, d'une perfonne comme vous, avec un homme comme lui !

GEORGE DANDIN Pauvres maris! Voilà comme on vous traite.

part.

CLITANDRE.

Vous méritez, fans doute, une toute autre deftinée ; & le ciel ne vous a point faite pour être la fem me d'un paysan.

GEORGE DANDIN.

Plût au ciel, fût-elle la tienne! Tu changerois bien de langage. Rentrons, c'en eft affez. (George Dandin étant rentré, ferme la porte en dedans.)

SCENE V I.

ANGELIQUE, CLITANDRE, CLAUDINE, LUBIN.

MA

CLAUDINE.

Adame, fi vous avez du mal à dire de votre mari, dépêchez vîte, car il eft tard. CLITAN DRE.

Ah, Claudine, que tu es cruelle !

ANGELIQUE à Clitandre.

Elle a raifon. Séparons-nous.

CLITAN DRE.

Il faut donc s'y réfoudre, puifque vous le voulez, Mais, au moins, je vous conjure de me plaindre, un peu, des méchans momens que je vais passer. ANGELIQUE.

Adieu.

Où es-tu,

LUBIN.

Claudine, que je te donne le bon foir?
CLAUDINE.

Va, va, je le reçois de loin, & je t'en renvoie au

tant.

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