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SCENE VII.

MONSIEUR DE SOTENVILLE, MADAME DE SOTENVILLE, CLITANDRE, GEORGE DANDIN, CLAUDINE.

Madame DE SOTENVILLE à George Dandin.

Llez

A vous ne méritez pas l'honnête femme

qu'on vous a donnée.

CLAUDIN E.

Par ma foi, il mériteroit qu'elle lui fist dire vrai; &, fi j'étois en fa place, je n'y marchanderois pas. (à Clitandre.)

Oui, Monfieur, vous devez, pour le punir, faire l'amour à ma maîtreffe. Pouffez, c'est moi qui vous le dis ce fera bien employé ; & je m'offre à vous Ꭹ fervir, puifqu'il m'en a déjà taxée.

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(Claudine fort.)

M. DE SOTENVILLE.

Vous méritez, mon gendre, qu'on vous dife ces chofes-là, & votre procédé met tout le monde

contre vous.

Madame D E SOTENVILLE. 'Allez, fongez à mieux traiter une Demoiselle bien née; & prenez garde déformais à ne plus faire de pareilles bévûes.

GEORGE DANDIN à part.

J'enrage de bon cœur d'avoir tort, lorfque j'ai raifon.

SCENE VIII.

MONSIEUR DE SOTENVILLE, CLITANDRE, GEORGE DANDIN.

CLIT ANDRE à M. de Sotenville. Onfieur, vous voyez comme j'ai été fauffement

mes du point d'honneur; & je vous demande raifon de l'affront qui m'a été fait.

M. DE SOTENVILLE.

Cela eft jufte, & c'eft l'ordre des procédés. Allons, mon gendre, faites fatisfaction à Monfieur.

GEORGE DANDIN.

Comment, fatisfaction?

M. DE SOTENVILLE. Oui, cela fe doit dans les régles, pour l'avoir à tort accufé.

GEORGE DANDIN.

C'eft une chofe, moi, dont je ne demeure pas d'ac cord, de l'avoir à tort accufé; & je fais bien ce que j'en penfe.

M. DE SOTENVILLE. Il n'importe. Quelque penfée qui vous puiffe refter, il a nié, c'eft fatisfaire les perfonnes; & l'on n'a nul droit de fe plaindre de tout homme qui fe dédit.

GEORGE DANDIN.

Si bien donc que, fi je le trouvois couché avec ma femme, il en feroit quitte pour se dédire.

M. DE SOTENVILLE.

Point de raifonnement. Faites-lui les excufes que je vous dis.

GEORGE DANDIN.

Moi? Je lui ferai encore des excuses après ...

M. DE SOTENVILLE.

Allons, vous dis-je, il n'y a rien à balancer, & vous n'avez que faire d'avoir peur d'en trop faire, puifque c'est moi qui vous conduis.

GEORGE DANDIN.

Je ne faurois...

M. DE SOTENVILLE.

Corbleu, mon gendre, ne m'échauffez pas la bile, je me mettrois avec lui contre vous. Allons, laiffez-vous gouverner par moi.

GEORGE DANDIN à part.

Ah, George Dandin!

M. DE SOTENVILLE.

Votre bonnet à la main, le premier; Monfieur eft gentilhomme, & vous ne l'étes pas.

GEORGE DANDIN à part le bonnet
à la main.

J'enrage.

M. DE SOTENVILLE.

Répétez après moi. Monfieur,

Monfieur,

GEORGE DANDIN.

M. DE SOTENVILLE.

Je vous demande pardon

(Voyant que George Dandin fait difficulté de lui obéir.) Ah!

GEORGE DANDIN.

Je vous demande pardon

M. DE SOTENVILLE.

Des mauvaises penfées que j'ai eues de vous;
GEORGE DANDIN.

Des mauvaises penfées que j'ai eues de vous ;
M. DE SOTENVILLE.

C'eft que je n'avois pas l'honneur de vous connoître,
GEORGE DANDIN.

C'eft que je n'avois pas l'honneur de vous connoître, M. DE SOTENVILLE.

Et je vous prie de croire

GEORGE DANDIN.

Et je vous prie de croire

M. DE SOTENVILLE.

Que je fuis votre ferviteur.

GEORGE DANDIN.

Voulez-vous que je fois ferviteur d'un homme qui me veut faire cocu?

M. DE SOTENVILLE le menaçant encore. Ah!

Il fuffit,

CLITAN DRE.

Monfieur.

M. DE SOTENVILLE.

Non, je veux qu'il achéve, & que tout aille dans les formes. Que je fuis votre ferviteur.

GEORGE DANDIN.

Que je fuis votre ferviteur.

CLITANDRE à George Dandin.

Monfieur, je fuis le vôtre de tout mon cœur, & je ne fonge plus à ce qui s'eft paffé. (à M. de Sotenville.)

Pour vous, Monfieur, je vous donne le bon jour, & fuis fâché du petit chagrin que vous avez eu. M. DE SOTENVILLE.

Je vous baise les mains ; &, quand il vous plaira, je
vous donnerai le divertiffement de courre un liévre.
CLITAN DRE.
C'est trop de graces que vous me faites.
Clitandre fort.)

M. DE SOTENVILLE.

Voilà, mon gendre, comme il faut pouffer les chofes. Adieu. Sachez que vous étes entré dans une famille qui vous donnera de l'appui, & ne fouffrira point que l'on vous faffe aucun affront.

A

SCENE

IX.

GEORGE DANDIN Seul.

...

H! Que je. Vous l'avez voulu, vous l'a vez voulu, George Dandin, vous l'avez voufu; cela vous fiéd fort bien, & vous voilà ajusté comme il faut, vous avez juftement ce que vous méritez. Allons. Il s'agit feulement de défabuser le pere & la mere ; & je pourrai trouver, peut-être, quelque moyen d'y réuffir.

Fin du premier acte.

**********************

A CTE I I.

SCENE PREMIERE.

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CLAUDINE, LUBIN.

CLAUDINE.

UI, j'ai bien deviné qu'il falloit que cela vint de toi, & que tu l'euffes dit à quelqu'un qui l'ait rapporté à notre maître.

LUBIN.

Par ma foi, je n'en ai touché qu'un petit mot en paffant à un homme, afin qu'il ne dît point qu'il m'avoit vû fortir; & il faut que les gens en ce pays-ci, foient de grands babillards.

CLAUDINE.

Vraiment, ce Monfieur le vicomte a bien choisi son

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