Bon. Beau début! L'efprit toujours plein de vos charmes, M'a voulu choifir entre tous, Pour vous donner avis du fuccès de fes armes, Et du defir qu'il a de fe voir près de vous. Ah! Vraiment, mon pauvre Sofie, A te revoir, j'ai de la joie au cœur. Dans les occafions où la gloire l'engage. Quand viendra-t-il, par fon retour charmant, Le pluftôt qu'il pourra, Madame, affurément; Pefte! Où prend mon efprit toutes ces gentilleffes Je le veux bien, Madame; & fans m'enfler de gloire, (Sofie marque les lieux fur fa main.) Tome V. B La riviére eft comme là. Et plus bas, du côté droit, Après avoir aux Dieux, adreffé les priéres, (On fait un peu de bruit.) Qui d'abord... Attendez, le corps d'armée a peur, J'entens quelque bruit ce me femble. SCENE I I. MERCURE, SOSIE. MERCURE fous la figure de Sofie, fortant de la maifon d'Amphitryon. Schaffens de ces lieux ce caufeur, Dont l'abord importun troubleroit la douceur Mon cœur, tant foit peu fe raffure, Crainte pourtant de finiftre aventure, MERCURE à part. Tu feras plus fort que Mercure, Cette nuit, en longueur, me femble fans pareille. Pour avoir trop pris de fon vin. Et je vais m'égayer avec lui comme il faut, C'eft fait de moi, chétive créature. MER CURE. Qui donc eft ce coquin qui prend tant de licence (A mesure que Mercure parle, la voix de Sofie s'affoiblit peu à peu.) Veut-il qu'à l'étriller ma main un peu s'applique ? SOSIE à part. Cet homme, affurément, n'aime pas la mufique. MERCURE. Depuis plus d'une femaine, Je n'ai trouvé perfonne à qui rompre les os; Et je cherche quelque dos, Quel diable d'homme eft-ce-ci? De mortelles frayeurs je fens mon ame atteinte.' Et que le drôle parle ainfi, Pour me cacher fa peur, fous une audace feinte. Oui, oui, ne souffrons point qu'on nous croie un oifon. Si je ne fuis hardi, tâchons de le paroître. Faifons-nous du cœur par raifon. Il eft feul, comme moi; je fuis fort; j'ai bon maître Et voilà notre maison. D'être homme, & de parler., MER CURE. Es-tu maître, ou valet ? SOSIE. Comme il me prend envied MERCURE. Où s'adreffent tes pas ? SOSIE. Qù j'ai deffein d'aller¿ MERCURE. Ah! Ceci me déplaît. SOSIE. J'en ai l'ame ravie. Réfolument, par force, ou par amour, Ce que tu fais, d'où tu viens avant jour, Je fais le bien & le mal tour à tour, Tu montres de l'efprit, & je te vois en train 'A moi-même ? SOSIE. MERCURE. A toi-même ; & t'en voilà certain. (Mercure donne un foufflet à Sofie.) SOSIE. Ah, ah! C'eft tout de bon ? MERCURE. Non, ce n'eft que pour rire, Et répondre à tes quolibets. SOSIE. Tudieu ! L'ami, fans vous rien dire, Ce font là de mes moindres coups, Sij'étois auffi prompt que vous, MERCURE. Tout cela n'eft encor rien, |