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Les passages que nous venons de citer sont suffisamment clairs. Cependant le saint docteur s'explique d'une façon plus expresse encore; il affirme que les âmes des animaux parfaits sont indivisibles, d'une manière absolue, et que la division ne leur peut convenir ni per se, ni per accidens. A cette question (1 p. q. 76, art. 8): L'àme, en général, se trouve-t-elle tout entière dans chaque partie du corps? il répond par l'affirmative en établissant une distinction entre la totalité d'essence et la totalité de quantité, quantitativa. Voici le passage:

« Sed forma quæ requirit diversitatem in partibus, sicut est anima, et precipue animalium perfectorum, non æqualiter se habet ad totum et ad partes; unde non dividitur per accidens, scilicet per divisionem quantitatis. Sic ergo totalitas quantitativa non potest attribui animæ, nec per se nec per accidens. Sed totalitas secunda, quæ attenditur secundum rationis et essentiæ perfectionem, proprie et per se convenit formis. >>

La doctrine de saint Thomas avait trouvé des contradicteurs; ceux-ci ne concevaient point que l'âme des bêtes pût être inétendue, cette propriété leur paraissant appartenir, d'une manière exclusive, à l'âme intelligente. Le cardinal Cajetan, commentateur de saint Thomas, entreprend résolûment sa défense et s'exprime de manière à ne laisser aucun doute sur son opinion. Voici comment il pose l'objection; nous verrons comment il la résout.

« Dubium secundo est circa eandem totalitatem quoniam S. Thomas a communi opinione discordare videtur hoc in loco, eo quod ponat præter animam intellectivam, aliquam aliam formam in materia inextensam, scilicet animam sensitivam animalium perfectorum, cum tamen vix possit sustineri, quod anima intellectiva de foris veniens, informet secundum esse, et sit inextensa. >>

Loin d'avoir recours à des interprétations plus ou moins plausibles du texte de saint Thomas, Cajetan reconnaît hau

tement l'indivisibilité de l'âme des bêtes et traite avec une sorte de dédain les partisans de l'opinion contraire.

« Ad secundum dubium dicitur, quod doctrina hic tradita, est quidem contra modernorum communem phantasiam, sed non contra philosophicas rationes, parum est autem de horum auctoritate curandum. Cum autem dicitur, quod sine ratione hoc est dictum, respondetur quod ratio insinuata est à posteriori, quia scilicet diversam totaliter habet habitudinem ad totum et partem ipsa forma ex propria ratione. Si enim habet totaliter diversam habitudinem ad totum et ad partes, hoc provenit ex indivisibilitate formæ. Quia si divideretur forma ad divisionem totius, jam pars formæ proportionaretur parti corporis, et cum pars quantitativa formæ sit tota essentia formæ, ergo ipsa forma secundum rationem suæ essentiæ non habet totaliter diversam habitudinem ad totum et ad partes: sed utrumque, scilicet tam totum quam partem respicit, ut proportionatum perfectibile. Et confirmari potest ista ratio, quia forma extensa ex vi solius divisionis, non desinit esse secundum illam partem quam habet in parte decisa imo quæ quodammodo erat per modum potentiæ, perficitur, et fit aclu seorsum ut patet in formis naturalibus, ergo a destructione consequentis, si ex sola divisione pars decisa non potest retinere eamdem speciem, ergo non erat extensa et divisibilis ad divisionem subjecti.

Non est ergo sine ratione dictum, quod animæ aliquæ præter intellectivam sunt tantæ perfectionis quod sunt inextensæ, tam per se quam per accidens : quamquam potentiæ omnes earum sint extensæ per accidens : qualitates enim sunt corporis partibus accommodatæ. >>

FIN DES NOTES DU LIVRE DEUXIÈME.

CHAPITRE V.

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-

Conscience et évi-

LA PHILOSOPHIE DU MOI EST IMPUISSANTE A PRODUIRE
LA SCIENCE TRANSCENDANTALE.
dence. Une des causes de l'obscurité et de la stérilité de la
philosophie allemande depuis Fichte. Kant est supérieur à
Fichte; pourquoi. Stérilité du moi comme élément scientifique.
Le subjectif et l'objectif. Acte direct et acte réflexe. Stérilité de

combinaison en dehors des vérités nécessaires. Ce que nous
savons du moi. La conscience universelle. Le panthéisme spi-
ritualiste. Dualité de relation dans tout acte de l'intelligence.
Dilemme contre la philosophie du moi. Le système de Fichte;
méthode erronée de ce philosophe. Assertions gratuites. Acte
primitif. Réflexions. Acte indéterminé. Stérilité de la doctrine
de Fichte pour trouver le principe premier. A quoi se réduit tout
l'appareil de son analyse. Fichte et Descartes. Supériorité du
philosophe français. Panthéisme du système de Fichte. 48

CHAPITRE VIII.

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L'IDENTITÉ UNIVERSELLE. Cette erreur est sans fondement.
Un dilemme. Contradictions de certains philosophes. Leurs
systèmes. Schelling. Difficultés que présente le problème de la
connaissance. Comment raisonnent les partisans de l'identité.
Cette doctrine n'explique pas la connaissance. Connaître impli-
que une dualité. Développement de cette observation. Sa force
contre la philosophie du moi. Le mystère de la Trinité. Platon.
Instruction du moi. Principe de l'être et du connaître.

CHAPITRE IX.

66

SUITE DE L'EXAMEN DU SYSTÈME DE L'IDENTITÉ UNIVERSELLE.
- L'intelligence cherche, d'instinct, l'unité. Qu'est-ce que l'u-
nité. L'unité dans la philosophie. La philosophie et la religion.
Deux problèmes à propos de la représentation intellectuelle.
Descartes. Défense de Malebranche.

CHAPITRE X.

76

PROBLÈME DE LA REPRÉSENTATION, MONADES DE LEIBNITZ. —
Il est dangereux d'exagérer l'unité scientifique. Un fait unique.
Inconvénients. Faux fuyant. L'hypothèse de Leibnitz ne repose
sur rien; elle ne saurait fonder la science transcendantale. Dif-
férences entre ce système et le panthéisme moderne.

CHAPITRE XI.

EXAMEN DU PROBLÈME DE LA REPRÉSENTATION.

. . 80

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