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OEUVRES

DE

J. DELILLE.

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DE

J. DELILLE.

TOME SIXIÈME.

Bruxelles,

LACROSSE, LIBRAIRE-ÉDITEUR,

RUE DE LA MONTAGNE, No 7.

1834.

PRÉFACE.

Le Paradis perdu est resté long-temps inconnu en Angleterre Milton fut méprisé et haï de ses contemporains; son siècle ne connut que ses opinions insensées, et il ne vit point la beauté de son génie exemple terrible pour les écrivains qui seraient tentés de croire que la réputation littéraire est indépendante de la considération personnelle, et que l'éclat des talens peut effacer le tort d'une conduite repréhensible ou d'une opinion condamnable. Ce ne fut que 40 ans après la mort de Milton, et lorsque sa vie fat oubliée, qu'Addisson apprit aux Anglais qu'ils avaient un poëme épique. Les suffrages du siècle de Louis XIV ont manqué au Paradis perdu; le seul Rollin en a parlé comme d'un ouvrage rival de l'Iliade. Mais la littérature française était assez riche alors de ses propres chefs-d'œuvre; on n'a songé aux richesses étrangères que dans un siècle moins fécond et moins brillant. Voltaire, le premier, a fait connaître aux Français le poëme du Paradis perdu. Dupré de St.Maur le traduisit en prose; sa traduction, peu fidele est élégante et correcte. Racine le fils, dont le suffrage est une autorité, a aussi traduit Milton: il a voulu éviter le défaut de Dupré de St.-Maur; il est plus littéral, mais son style est moins rapide, moins élégant; et l'on pourrait dire de sa traduction, qu'elle est infidèle à force de fidélité. A la fin du siècle dernier, M. Monneron donna une traduction nouvelle de Milton, qui, malgré quelques légers défauts, pourrait suffire pour faire apprécier le génie de l'auteur anglais. Mais le Paradis perdu a des beautés qui ne peuvent être rendues que dans le langage poëtique; cet ouvrage n'est en quelque sorte qu'une immense galerie de tableaux, dont la poësie seule peut animer les couleurs. Le docteur Beatty place le chantre d'Éden entre Thompson et Spencer. Le Paradis perdu est un poëme descriptif: c'est à M. Delille qu'il apparte

A

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