saisonnière en perpétuel changement. Il y a aussi tout l'art des siècles passés. Il faut l'aller chercher dans les musées.

Combien y a-t-il de musées à Paris ? Vingt, trente... qui le sait? En tout cas, 5 leur nombre dépasse ce que vous pouvez voir. Il y en a de toutes les sortes et de toutes les espèces, situés dans tous les coins de la ville... Je n'en mentionnerai ici que trois ou quatre, parmi les plus importants.

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Le Louvre d'abord, à la fois musée de peinture, de sculpture et d'archéologie. On y trouve, dans les salles d'en bas, d'admirables statues grecques, rangées en files audessus desquelles se dresse la Victoire de 15 Samothrace, des sculptures assyriennes et chaldéennes provenant des ruines de Ninive et de Babylone; des tombeaux et des dieux égyptiens. Au premier étage sont les salles de peinture: la grande galerie, où l'on trouve 20 les Vincis, les Titiens, les Raphaëls; toute l'école hollandaise et flamande; des Rubens à profusion, dont une merveilleuse Kermesse, comme seul cet artiste qui aimait la vie, la chair et le plaisir en savait peindre, puis un 25 portrait de sa femme et de son enfant: une merveille. Il y a des Van Ostades: deux petits tableaux charmants, des scènes d'in

térieur. Puis des Rembrandts, puissants de lumière et d'ombre, un beau portrait de luimême où il atteint les sommets de l'art. Il ne faut pas oublier de regarder trois grandes 5 toiles de Jordaens, ni les petites salles des petits maîtres hollandais, ni les primitifs italiens, restés si frais, surtout un Ghirlandajo où un vieux moine au nez bourgeonné tient dans ses bras un délicieux enfant. Avant 10 de quitter le Louvre, allez voir, parmi les dons faits par de riches amateurs, une ou deux collections de toute beauté: l'une est la collection Thommy-Thierry. Il s'y trouve des Delacroix, des Corots, des Troyons très 15 intéressants. L'autre est la Collection Commando, qui renferme des Decamps superbes.

Le Musée du Luxembourg, situé au bout du Jardin, est facile à trouver, et plus encore à visiter, car il est fort petit. Il contient 20 des toiles de peintres encore vivants, ou morts depuis peu d'années. On y voit un beau Benjamin Constant, un portrait par Jean Paul Laurens de son fils, une « Nuit » de Fantin-Latour délicieusement envelopée dans 25 des voiles bleus nuancés, plusieurs beaux portraits du même, des tableaux de Gustave Moreau, dont l'« Apparition », l'« Enlèvement d'Europe » la «Salomé », le « Pauvre

Pêcheur » de Puvis de Chavannes, qu'il vaut mieux aller voir et juger au Panthéon... Mais, ce qu'il ne faut pas oublier de voir au Luxembourg, c'est la salle Caillebotte. C'est une collection fort belle de quelques-uns 5 des chefs-d'œuvre de l'École « pleinairiste. » Vous sentez là toute la jeunesse et toute la gaieté de vision de ces peintres qui s'appelaient Manet, Sisley, Renoir, Monet, Degas. Il y a là « Le Moulin de la Galette » 10 de Renoir et les « Régates d'Argenteuil » de Claude Monet (ce dernier est le seul survivant de cette école) qui vous empêcheraient d'être triste, eussiez-vous tout perdu, qui vous enlèvent des années, comme le fai- 15 sait cette fabuleuse Eau de Jouvence.

Entrerons-nous au Musée de Cluny ? Ce serait trop long. La belle promenade cependant! On le voit de loin, dans son costume gothique, avec ses tourelles pointues. Il est 20 rempli, à l'intérieur, de vieux ivoires sculptés, de dentelles, de tapisseries, de chasubles, et de vieilles robes de petites princesses d'autrefois. Merveilles qui nous content de vieilles histoires, joyaux dont l'étui est aussi 25 précieux que son contenu et dont la vue fait rêver longuement à des choses qui ne sont plus, qui ne seront jamais plus...

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Mais un autre Musée encore m'attire tout particulièrement parmi tous ceux de Paris. Parlons encore de celui-là. C'est le Musée Guimet.

Il renferme tous les dieux et les déesses de l'Asie et on sait s'il y en a! — et même quelques démons. Il a été fondé par un riche amateur, M. Guimet, qui a longtemps vécu en Extrême-Orient, et a consacré sa 10 vie et sa fortune à collectionner tous les objets et documents possibles relatifs aux religions de l'Inde, de la Chine et du Japon. On y voit des vases sacrés en porcelaine de chine, qui n'ont pas de prix, des jades, des 15 ivoires et des ors; de petits temples, de hideux démons chinois, grimaçants et terribles, et puis des Bouddhas au front pur, immuables dans leur sérénité dorée, bien au-dessus de l'agitation des hommes. Que de fois, dans 20 notre civilisation moderne si tourmentée, avons-nous occasion de l'envier, cette sagesse sereine de Bouddha !

CINQUIÈME CAUSERIE

LA CHAMBRE DES DÉPUTÉS

Il y a, dans Paris, deux temples grecs jumeaux qui se regardent par-dessus la Seine, à l'un des plus beaux points de vue parisiens. L'un de ces temples païens est une église, la Madeleine. L'autre est la Chambre des 5 Députés.

La Chambre des Députés, ou, pour la nommer d'un nom plus pompeux, le Palais Bourbon, est, comme on sait, l'usine où l'on manufacture les lois pour la France. A ce 10 titre, c'est un lieu respectable, devant lequel on doit passer sans un sourire, en songeant à des choses graves, telles que l'état de nos finances, les nouvelles taxes, et les prochaines élections. Eh bien! on ne pense à rien de 15 tout cela, on regarde ce lieu austère en souriant, et l'on se dit: « Il y aura aujourd'hui un discours de M. de Jouvenel!» ou bien: « Poincaré parlera! » Et l'on quitte, sans un regret, pour s'enfermer dans la tribune étroite 20 où l'on étouffera, l'avenue riante encadrée