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ROIS DE JUDA.

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charité. Un jour, épuisé de fatigues, après avoir enseveli plusieurs morts, s'étant endormi au pied d'une muraille, la fiente chaude d'un nid d'hirondelle lui tomba sur les yeux

épreuve avec une résignation qu'Anne, sa femme n'imita pas. Réduit à l'indigence, dans cet état, il n'avait de ressource que dans l'espérance d'une somme de dix talens, qu'il

sur son rétablissement. Ils avaient ordre en même tems de s'informer de la cause de la rétrogradation de l'ombre du soleil (1). Ezéchias, par mouvement de vanité, montre à ces ambassadeurs et l'aveugla. Il soutint cette toutes ses richesses, qui étaient très considérables, et ne leur cache rien. Mais après leur départ, Isaïe étant venu trouver ce prince, lui prédit que tout ce qu'il étalé à leurs yeux sera transporté à Baby-avait prêtée à Gabelus, son lone. Le saint roi s'humilie ami, qui demeurait à Ragès, et se résigne à la volonté du en Médie. Son dessein étant seigneur. d'y envoyer Tobie, son fils, pour toucher le remboursement de cette somme, il lui manquait un guide, pour conduire ce jeune homme. L'ange Raphaël, déguisé sous le nom et la figure d'Azarias, vient se présenter à celui-ci et s'offre

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Peu de tems après ce qui vient d'être raconté, Sennachérib entre en Judée à la tête d'une armée innombrable. Les principaux seigneurs de la cour de Jérusalem, envoient de grands présens au roi d'E

(2) Ceci est encore une nouvelle preuve que le soleil n'avait pas rétrogradé dans le miracle d'Ezéchias. Car si cela eût été, les ambassadeurs du roi de Babylone ne seraient pas venus à Jérusalem pour s'informer de ce prodige, puisqu'ils en auraient été les témoins de même qu'Ezéchias. Il n'y aurait, en effet, point eu d'endroits de notre hémisphère où il n'eût été aperçu. Nous remarquerons encore ici que la maladie et la guérison d'Ezéchias ne sont rapportées, dans le quatrième livre des Rois (Reg. xx. ) et dans le deuxième des Paralipomenes (cap 32.), qu'après la levée du siége de Jérusalem; d'où le P. Pétau infere que la maladie et la guérison de ce prince suivirent l'arrivée de Sennacherib devant Jérusalem. Mais il nous parait qu'il y a ici une transposition de faits, ce qui n'est pas rare dans les livres saints, et qui peut se dire saus préjudice du respect qui leur est dû, puisqu'on en voit des exemples dans les meilleurs écrivains profanes.

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gypte (Sethos) pour l'engager a lui servir de guide. Ils parà venir à leur secours. Le tent ensemble du consenteprophète Isare, instruit par |ment du père. Sur la route , une lumière surnaturelle de le jeune Tobie s'étant voulu l'inutilité de cette démarche, baigner dans le Tigre, est attane néglige rien pour faire re- qué par un poisson monsvenir les Juifs de l'illusion trueux, que l'ange lui conseille qu'ils se font. Les discours d'éventrer, pour en tirer le qu'il leur adresse pour les dé-fiel, le foie et le coeur, qu'il sabuser, ne produisent aucun destine pour en faire un reeffet, il se dépouille du ci-mède très-utile, et dont ils lice qu'il portait sur ses reins, salent les chairs, pour les et des souliers qu'il avait à ses nourrir dans le cours de leur pieds; en un mot, il paraît voyage. Arrivés à Ecbatane nu en public, pour figurer en Médie, ils logent chez la nudité à laquelle les Assy- Raguel, parent du jeune Toriens reduiraient les Juifs bie, dont la fille, nommée qu'ils feraient prisonniers. Ce- Sara, était déjà veuve de sept pendant Sennacherib mar-maris que le démon avait tous chant rapidement de con- étranglés le jour de leurs noces. quête en conquête, prend L'ange persuade à son comHaï, Bethel, Gabaon et d'au-pagnon de demander cette fille tres bourgs et villes sans coup en mariage, sans être effrayé férir. Lachis soutient un siége. [du sort de ceux qui l'avaient Tandis que Sennacherib est obtenue avant lui. Elle lui est devant cette place, Ezéchias accordée, et les deux époux tire du temple et de ses pro- s'étant réunis sains et saufs, pres trésors toutes les riches-après avoir passé les trois ses qu'ils renferment, et en premières nuits en prières, charge des ambassadeurs qu'il partent pour se rendre vers envoye à ce prince pour lui Tobie le père. Le saint vieildemander la paix. Sennaché- lard finit ses jours à l'âge de rib, charmé de ces présens et cent deux ans, dans la cinde la soumission d'Ezechias, quante - deuxième année du s'en retourne sans imposer à règne de Manassès. ce prince d'autre punition qu'un tribut annuel de trois cents talens d'argent et de trente talens d'or. Mais par une insigne perfidie, à peine

Les Israelites, que Salmanasar avait laissés dans leur patrie, y vivaient en paix depuis long-tems, sous les gouverneurs Assyriens qui leur

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a-t-il fait quelques journées, étaient envoyés. Mais quelques qu'il revient sur ses pas et re- seditieux, apparemment, les prend le siège de Lachis. De là portèrent ensuite à se révolil envoye Rabsacès et deuxier. Ce qui est certain, c'est autres officiers avec des trou- qu'Assarhaddon étant venu pes pour sommer Ezéchias de dans ce pays, en fit transporse soumettre à ses lois, et de porter tous les habitants aului livrer sa capitale. Rabsacès delà de l'Euphrate. Nous plaprononce en hébreu, sous les cons cet événement en l'an €72 murs de Jérusalem, en pré- avant l'ère chrétienne, ce qui sence du peuple, des paroles vérifie à la lettre cette prophéde blaspheme contre le Sei-tie qu'Isaïe (VII, 8) prononça gneur, et remet aux envoyés au commencement du règne d'Ezéchias, des lettres de son d'Achaz: encore soixante-cing maître, écrites sur le même ans, et Ephraïm ne sera plus un ton. Isaïe rassure Ezéchias, peuple. Pour ne pas laisser déen lui promettant le secours serte la terre qu'il venait de dédu ciel, et pour signe de la peupler, le roi d'Assyrie y fit vérité de cette promesse, man- venir des Cuthéens, que Scali gez, lui dit-il, cette année ce que ger croit avoir été tirés de Cuvous pourrez trouver, et l'année tha, ou Cuthaïa, dans la Colsuivante ce que la terre produira chide, des Aradiens, ou Bacd'elle-même (c'était une année riens, des Ematiens de Syrie, sabbatique); mais pour la voisins du Liban, des Sephartroisième année, semez mois-vaïmites, des Dinéens, etc. sonnez plantez des vignes et Ces nouvelles colonies aprecueillez-en le fruit. Rabsacès portèrent, avec elles, les suétant retourné vers son maî-perstitions des lieux de leur tre, le trouve faisant le siége naissance, etc., continuèrent de Lobna, que M. Larcher à les pratiquer dans le pays où croit être Peluse, et prêt à elles furent transplantées (1).

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(1) L'Ecriture dit ( Reg. IV, 17.) que les Babyloniens firent.des succoth-benoth, ou tentes de jeunes filles : c'était des lieux consacrés à Vénus, où les jeunes filles se prostituaient une fois en leur vie à l'honneur de cette infâme divinité ; que les Cuthéens firent un nergel ou nerghel; ce que les uns interprêtent d'un coq. les autres d'un brasier perpétuel, allumé dans un clos, à la manière des Perses qui adoraient le feu ; que les Hevéens firent des nebaház ou idoles à tête de chien pour représenter Anubis, dieu des Egyptiens;

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marcher contre Tharaca, roi L'Ecriture nous dit qu'elles de Chus ou d'Ethiopie, qui n'avaient nulle crainte du Seis'avançait lui-même comme gneur, ce qui fut cause allié des rois d'Egypte et de ajoute-t-elle, qu'il envoya des Judée , pour le combattre. lions qui les dévoraient. AsSennacherib étant venu au sarhaddon informé de ce dédevant de Tharaca, taille son sastre, et jugeant que c'était armée en pièces, et en pour-un fléau surnaturel, fit partir suit les débris jusqu'en Egyp-un prêtre Israélite du nombre te. Il entre victorieux dans ce des captifs, pour apprendre royaume; mais la résistance à ces idolâtres, la manière qu'il y trouve l'occupe envi- de servir le Dieu d'Israël. Ce ron trois ans. Pendant l'éloi- prêtre apportant avec lui le gnement de ce prince, Isaïe Pentateuque, établit sa résise montre dans Jérusalem, dence à Béthel. De là, ce livre dépouillé de ses habits (à l'ex- à la main, il alla exercer sa ception de ceux que la pudeur mission dans tout le pays, ne permet pas de quitter) et dont les habitants furent nomsans souliers, voulant par là més dès-lors Samaritains. C'est désabuser ceux d'entre les ainsi qu'ils embrassèrent le Juifs qui croyaient que le roi culte du vrai Dieu. Toutefois d'Assyrie échouerait en Egyp-ils ne laissèrent pas de conte. (Isaïe, ch. 20.) server assez long-tems le culte 707. Sennacherib revient des idoles, et de faire le plus en effet triomphant d'Egypte, monstrueux mélange de l'une traînant après lui une multi-et l'autre religion. Mais dans tude inombrable de captifs tels la suite, ils renoncèrent à l'iqu'Isaïe les avait figurés (1). dolâtrie, et ne différèrent des Il marche droit à Jérusalem Juifs que par le schisine. dans le dessein de l'assiéger. Arrivé devant cette ville, il place ses quartiers à l'entour, et donne tous ses ordres pour l'exécution de son projet.

les Emathiens des asimah ou boucs sauvages; les Sepharvaïmites deux idoles, dont l'une, nommée Adramelech, représentait le soleil, et l'autre, appelée Hanamelech, représentait la lune. Ceux-ci avaient, de plus, l'affreux usage de brûler leurs enfants en l'honneur de ces divinités.

(1) Quelques modernes prétendent que Sennacherib avait conquis l'Egypte avant d'entrer en Judée; mais les raisons qu'ils

Mais avant qu'il ait tiré une seule flèche contre Jérusalem, suivant la prédiction d'Isaïe, l'ange du Seigneur vient dans son camp, pendant la nuit, et y massacre les principaux officiers de son armée, ainsi que ses meilleures troupes au nombre de cent quatre-vingt-cinq mille hommes. Le roi d'Assyrie consterné de ce désastre, s'enfuit promptement, et regagne Ninive, où il devient un objet de mépris pour ses sujets et de haine pour deux de ses fils, qui furieux de la préférence qu'il avait donnée à leur puîné pour le nommer son successeur, l'assassinèrent peu de tems après, comme il priait dans le temple de son dieu Nesroch. Ce grand miracle de la délivrance de Jérusalem est attesté même par les auteurs païens, mais avec quelque déguisement. Car leur aversion pour la nation juive ne leur permettait pas de raconter, sans quelque altération, des avantages qui pouvaient tourner à sa gloire.

La retraite précipitée des Assyriens laissa les Juifs maîtres de leur camp et des richesses immenses qu'ils y avaient laissées en l'abandonnant. Un grand nombre de Juifs, qui s'étaient réfugiés dans les pays voisins revinrent dans leur

apportent de leur opinion ne nous paraissent pas convaincantes, et nous croyons en avoir de plus fortes à leur opposer. En effet peut-on se persuader que voyant la Judée, l'Egypte et l'Ethiopie figuées contre lui, Sennacherib se soit détourné du premier de ces trois royaumes, qui était le plus voisin de ses états, pour aller directement fondre sur l'Egypte et qu'après l'avoir subjuguée, au lieu de profiter de la consternation où cette conquête avait dû jeter PEthiopie et la Judée, pour compléter son triomphe sur la ligue, il les ait laissées de côté l'une et l'autre en s'en retournant chez lui? Quel est le conquérant, aujourd'hui, qui voudrait imiter une pareille conduite? D'ailleurs, si la conquête de l'Egypte était déjà faite, lors que le roi d'Assyrie entra dans la Judée, pourquoi Rabsacès ne la nomme-t-il pas dans l'énumération qu'il fait des peuples que son maître avait soumis? Où est maintenant, dit-il, le dieu d'Emath et le dieu d'Arphad? Où est le dieu de Sépharvaïm, d'Ana et d'Ara? Ont-ils délivré de ma main ces villes, en ont-ils délivré Samarie? (Reg. 1. Iv, ch. 18, v. 34.) Mais qu'était-ce que tout ces petits états, en comparaison du puissant royaume d'Egypte ? Enfin ce qui achève de faire voir que Sennacherib n'alla point en Egypte avant d'entrer en Judée, ce sont ces paroles qu'adresse le prophète Isaïe à la ville de Jérusalem: Il levera le bâton sur vous en allant en Egypte; Baculum suum levabit super te in via Ægypti. ( X. 24. )

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