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amenée à l'asile, garrottée, masquée de fer, tant elle était furieuse dans ses emportements, et qui s'avouant bientôt vaincue, abjurait franchement ses erreurs et rentrait dans sa famille, après avoir quelque temps conservé ses convictions, malgré un désaveu quotidien qui n'était que sur ses lèvres. La honte et la crainte d'un mensonge mirent ses pensées d'accord avec ses paroles.

Cette autre dame qui, devenue veuve et tourmentée par des scrupules religieux, voulait se faire périr par privation de nourriture ou par strangulation, et qui se trouvant tout-à-coup la tête plongée au fond d'une baignoire, sous prétexte de favoriser ses projets de suicide, s'empressa de déclarer, en se débattant, qu'elle ne devait pas périr par l'eau, qu'elle préférait reprendre la nourriture et revenir à la santé.

Mais ces exemples là, on en trouve partout, et les détails qui seuls peuvent leur donner quelque valeur, détourneraient par leur extrême intérêt l'attention recueillie que réclament les conclusions qui découlent des considérations précédentes et qui se résument ainsi :

4.o La liberté morale n'a jamais toute l'amplitude qu'on lui suppose généralement; elle n'est jamais abolie d'une manière absolue.

Affirmer qu'il y a ou qu'il n'y a pas liberté n'est qu'exprimer une formule relative dont il faut se défier.

2.o L'éducation individualisée peut seule établir l'équilibre désirable entre les impulsions et les répulsions qui dirigent les actes de l'hu

manité.

3.o La sévérité des lois n'atteint pas ce but, et le système pénitencier moralisateur appelle toute la sollicitude du législateur.

4. L'intervention des systèmes psychologiques en matière criminelle peut donner lieu à des erreurs à jamais regrettables.

On ne saurait trop, dans ces circonstances, s'éclairer sur les antécédents, l'éducation, l'impressionnabilité particulière et les dispositions morales momentanées, de l'individu dont il faut apprécier les actes au point de vue des intérêts généraux.

6.o La médecine des maladies mentales, dans les cas où la surexcitation cérébrale n'est pas le résultat de désorganisations profondes, peut tirer un excellent parti de la réaction des sentiments et des penchants, par une espèce d'orthopédie intellectuelle.

7. Enfin les méditations de cette nature doivent provoquer de notre part la plus grande sévérité sur nos propres actions, et beaucoup d'indulgence pour les autres.

MEMOIRES DE LA SOCIETE IMPERIALE DES SCIENCES

DE L'AGRICULTURE ET DES ARTS DE LILLE.

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C'est pour la quatrième année que je communique aujourd'hui des notes sur la mortalité à Lille. L'accueil que vous leur avez fait jusqu'ici et la persuasion où je suis que, pour être utiles, ces recherches doivent s'étendre sur un grand nombre d'années et être faites à fur et à mesure, en tenant compte de toutes les circonstances concomitantes, me décident à vous communiquer ces chiffres et ces notes, bien peu attrayants.

La base de mon travail résulte d'un tableau mensuel pour chaque arrondissement urbain, indiquant la date, le sexe, l'âge, l'état civil, la profession, la demcure, la cause présumée de la mort du décédé, de plus la mention s'il est né à Lille ou hors de Lille, s'il est décédé à l'hôpital ou à son domicile; enfin, pour les enfants, si leurs parents sont originaires de Lille ou étrangers. Chaque tableau comporte donc huit ou dix renseignements. Celui qui est joint à ces notes n'est que le tableau récapitulatif de soixante-douze tableaux sem

blables, puisque j'en ai cinq pour chaque mois. Seulement quelques données de tableaux mensuels n'ont pu être reproduites sur le tableau général quoique mentionnées dans ces notes.

Rappelons, en commençant, que d'après le recensement de 1851, la population de notre ville était de 75795 habitants.

En 1852 la mortalité fut de 2018, les naissances de 2 4 4 4 aug.de 426

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Soit une augmentation d'un peu plus de 10 pour 1000. La population de 1855 doit donc être regardée comme étant de de 76582. Les migrations étant considérées comme égales aux émigrations, ce chiffre adopté, nous trouvons que la mortalité totale de 1855 (2596 non compris 199 morts-nés) :

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Ces chiffres rapprochés de la cherté des vivres pendant ces deux dernières années ne viennent-ils pas confirmer les données de notre collègue M. Loiset?

Le chiffre de la mortalité (2596) dépasse celui des naissances (2582) de 14, ce qui n'était pas arrivé à Lille, depuis 1849, où l'excédant des décès causés par le choléra fut de 916.

Le chiffre moyen des décès pour les deux dernières années étant de 2401 décès, celui de 1855 dépasse la moyenne de 195.

Le chiffre moyen des naissances , pour ces mêmes années, étant de 2467, celui de 1855 se trouve supérieur de 115.

Le chiffre des naissances pour 1855 (2582) est inférieur à celui des naissances de 1854 (2716) de 134,

soit pour 1854, 35, 44 naissances par 1000 habitants, ou 1 sur 28,17; soit pour 1855, 33,77 naissances par 1000 habitants, ou 4 sur 29,65.

;

Le chiffre moyen des naissances de 1846 à 1855 inclus, est de 2467, soit 32,69 naissances pour 4000 habitants, ou 1 sur 30,58, la population moyenne de ces dix années étant de 75451. Suivant d'anciens documents, la moyenne des naissances de '766 à 1775, est à peu près la même (2462); mais quelle était la population à cette époque? Lille ne comprenait-il pas alors dans sa circonscription des communes aujourd'hui séparées? Les recherches que nous avons faites jusqu'ici n'ont pu nous permettre de résoudre ces questions.

Voici toutefois, d'après les archives municipales, la population de Lille à diverses époques :

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Ainsi, nous voyons d'abord, en 50 ans environ, cette population augmenter de 10000, puis, à peu près stationnaire pendant le même espace de temps, puis diminuer pendant l'époque calamiteuse de la révolution ; (7000 en 11 ans), et enfin s'accroître constamment depuis le commencement de notre siècle (plus de 19000 en 50 ans).

Toujours est-il que si nous supposons la population de 1766 à 1775 en moyenne de 62500, moyen terme entre celui de 1740 et celui de 1789, le chiffre moyen des naissances (2462) nous donne 39.39 naissances pour 1000 habitants, ou 4 naissance sur 25,39 habitants.

Le chiffre moyen de la mortalité des dix années de 1846 à 1855, est de 2101 ou 34,84 pour 1000 habitants, ou 4 décès sur 34,42 habitants; le chiffre moyen de la mortalité, à Lille, de 1766 à 1775, est de 2381, soit 39,68 pour 1000 habitants, ou ↑ décès sur 25,19 habitants. Il y a une certaine analogie dans ces deux périodes que j'ai rapprochées, c'est que dans chacune d'elles se trouve une année où Lille fut frappé d'épidémie. En 1772, épidémie inconnue, 457 mariages. 2352 naiss. 3343 décès dont 359 dans les hospices; excédant des décès, 991. En 1849 épidémie de choléra, 670 mariages, 2334 naiss. 3247 décès, excédant des décès 946.

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