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facilité à la température de 20 degrés. Le sodium est chauffé jusqu'à 60 ou 80 degrés. L'un et l'autre peuvent s'obtenir ainsi facilement sous des longueurs de plusieurs mètres. Il va sans dire qu'on les recueille dans de l'huile de naphte.

Mais, si ce dernier procédé est le plus simple pour avoir des fils de potassium ou de sodium, en revanche ceux-ci sont plus difficiles à être introduits dans le circuit que les fils renfermés dans des tubes de verre. Des bouts de fil de cuivre rouge ou d'argent, un peu moins gros que les fils des métaux alcalins s'enfoncent et tiennent aisément dans le verre, mais ne tiennent que difficilement dans les bouts libres des fils protégés par l'huile de naphte.

En outre, une communication sûre et bien déterminée, est difficile à établir entre ces derniers et les puits ou godets de mercure. Enfin, ces fils s'allongent assez facilement lorsqu'on les manie, et leur diamètre devient plus difficilement mesurable.

Quant à ce diamètre, on l'obtenait en prenant le diamètre même du trou de filière par lequel les fils avaient passé. Le diamètre moyen des tubes de verre était donné par des pesées au mercure. On tenait compte, bien entendu, de la résistance des bouts de fil de cuivre ou d'argent servant d'intermédiaires pour l'introduction des métaux essayés dans le circuit.

Voici les nombres que j'ai obtenus, comme moyenne de plusieurs expériences, à la température de 20 degrés, avec deux échantillons provenant de deux sources différentes :

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Afin de faire juger du degré de probabilité des résultats renfermés dans le tableau, je rapporterai ici les nombres que j'ai trouvés pour le cuivre, le platine, et les nombres donnés par M. E. Becquerel et

Pouillet, pour exprimer la conductibilité relative des mêmes sub

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Je n'ai pas la prétention de croire que les nombres donnés dans le premier tableau, représentent la vraie valeur de la conductibilité du potassium et du sodium; car, on ne saurait perdre de vue ce résultat signalé par M. Pouillet, que j'ai eu l'occasion de vérifier sur divers échantillons de mercure et d'argent, savoir, que l'impureté des substances a une grande influence sur leur conductibilité. · Un résultat constant, c'est que le potassium s'est toujours trouvé un peu moins bon conducteur que le sodium.

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Le premier tableau montre, comme on avait pu le prévoir d'après les mouvements si prononcés d'induction que présentent le sodium et le potassium, que ces deux métaux sont relativement trèsbons conducteurs de l'électricité, et se placent entre le cuivre et le fer, ou plutôt à côté de l'étain, sous le rapport de la conductibilité électrique.

On peut induire de là, que leur conductibilité pour la chaleur est également grande. Le fait suivant vient à l'appui de cette conséquence. Si l'on plie en différents sens, dans une étoffe sèche, un gros bâton de sodium, jusqu'à ce que la chaleur développée ne permette plus de la tenir dans la main, il suffit de plonger le fragment dans l'huile de naphte, pendant trois ou quatre secondes, pour qu'il paraisse complètement refroidi. J'ajouterai, en terminant, que j'ai observé qu'en pliant, malaxant en tous sens, le sodium, on ne lui faisait pas perdre sa structure cristalline, ni le cri qu'il fait entendre. Les fils provenant du même métal malaxé et passé à la filière, présentent au bout de peu de temps, dans l'huile de naphte pure, sur toute leur surface, un véritable moiré métallique.

MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ IMPERIALE DES SCIENCES DE L'AGRICULTURE ET DES ARTS DE LILLE.

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ESQUISSE

D'UNE

HISTOIRE DE L'ENSEIGNEMENT PHILOSOPHIQUE

A LILLE,

Par M. DUPUIS, Membre résidant.

Séance du 3 octobre 1856.

INTRODUCTION.

L'histoire de l'enseignement philosophique à Lille semble d'abord un sujet peu digne d'intérêt. Mais c'est précisément parce que cette ville n'a jamais été un centre d'études sérieuses, parce qu'elle a été sans cesse absorbée par des préoccupations pratiques et matérielles, qu'elle peut offrir un champ d'observations fort curieuses. En effet, si la philosophie n'est qu'un thème de discussions plus ou moins brillantes destinées à jeter l'éclat sur quelques capitales privilégiées, on se demandera comment elle a pu tenir une si grande place dans l'histoire de l'humanité. Si au contraire on la voit pénétrer successivement dans toutes les couches de la société, s'étendre jusqu'aux populations les moins adonnées à l'étude et leur imprimer telle ou telle direction des actes et des mœurs, cette science acquerra dans les esprits une nouvelle considération. Or, pour résoudre ce problème, Lille peut mieux que toute autre ville offrir de nombreux éléments d'expérimentation. Purement industrielle, assez éloignée, vu la difficulté des communications, de Paris et de Louvain, elle n'a dû éprouver que long

temps après les autres et d'une façon beaucoup moins complète, l'action des grandes écoles qui se sont succédé dans le domaine philosophique. Elle l'a éprouvée cependant, et la trace en est restée dans son histoire, tant est grande la puissance de ces idées abstraites, même sur les hommes occupés des intérêts les plus positifs.

Dès le XI. siècle en effet, lorsque notre ville commence seulement à prendre une importance sérieuse, on y trouve une école philosophique très-distinguée, luttant avec avantage contre la chaire plus ancienne de Tournai. C'est à la Collégiale de Saint-Pierre, fondée depuis quelques années seulement que l'enseignement avait lieu. Les chanoines lillois mettaient un zèle extrême à seconder ce mouvement nouveau qui tendait à réformer les études philosophiques, à faire une grande part à la raison à côté de la tradition et de l'autorité, à entrer dans cette voie de discussion claire, précise, et rationnelle surtout, à laquelle l'esprit de notre nation est resté fidèle depuis lors. Des écrivains superficiels se sont beaucoup moqués des études du moyen-âge. Sans doute la scholastique comme toute chose humaine a eu ses abus, surtout vers son déclin. Malgré cela, il nous le semble, rechercher quelle est l'origine des idées de l'homme, quel est le caractère et la portée de ses conceptions les plus générales, est un objet au moins aussi digne d'absorber l'attention publique que le cours du trois pour cent et des actions de tel chemin de fer. L'esprit humain doit porter, on en conviendra, des fruits différents selon qu'il croît au sein des premières préoccupations ou des secondes.

Lille, à l'époque que nous étudions, en offrait la preuve. Elle prenait en deux siècles un tel essor qu'elle laissait bien loin derrière elle les plus anciennes cités de la Flandre wallonne. Son enceinte s'étendait rapidement; sa population croissait. Son commerce avait des relations nombreuses et habilement garanties en Angleterre et sur le Rhin, La draperie lilloise était partout recherchée. Les arts n'étaient pas moins en progrès. Les poètes abondaient. Les uns écrivaient en latin des ouvrages qui atteignaient à une célébrité européenne. (L'Alexandréïde de Gauthier de Châtillon, l'Anticlaudien d'Alain de Lille). Les

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