On le lit, on tâche d'entendre Mais en vain : car comment comprendre Ne possédera plus sa part héréditaire, En cent et cent mille manières, Y jettent leur bonnet, se confessent vaincus, De partager le bien sans songer au surplus. Voici, leur dirent-ils, ce que le conseil treuve. Si mieux n'aime la mère en créer une rente, Les buffets dressés sous la treille, Les esclaves de bouche, et, pour dire en deux mots, Dans un autre, celui de la coquetterie, Et les brodeuses, Les joyaux, les robes de prix; Valets et bêtes de labeur. Ces lots faits, on jugea que le sort pourroit faire N'auroit ce qui lui pourroit plaire. Ce fut dans la ville d'Athènes Petits et grands, tout approuva « Si le défunt vivoit, disoit-il, que l'Attique D'être le plus subtil des peuples d'aujourd'hui, A si mal entendu la volonté suprême D'un testateur? Ayant ainsi parlé, Il fait le partage lui-même, Et donne à chaque sœur un lot contre son gré; Qui suit les personnes buveuses; Qu'elles se marieroient dans les bonnes familles Ne posséderoient plus les effets de leur père; Le peuple s'étonna comme il se pouvoit faire FABLE I. Le Meunier, son Fils et l'Anc. Ces deux rivaux d'Horace, héritiers de sa lyre, Qui par tous ses degrés avez déjà passé, Et que rien ne doit fuir en cet âge avancé, A quoi me résoudrai-je? il est temps que j'y pense. Prendre emploi dans l'armée, ou bien charge à la cour? J'ai lu dans quelque endroit qu'un meunier et son fils, Puis cet homme et son fils le portent comme un lustre. < Pauvre gens! idiots! couple ignorant et rustre! » Le premier qui les vit de rire s'éclata: α Quelle farce, dit-il, vont jouer ces gens-là? « Le plus âne des trois n'est pas celui qu'on pense. » << Oh là! oh! descendez, que l'on ne vous le dise, ·Messieurs, dit le meunier, il vous faut contenter.» L'enfant met pied à terre, et puis le vieillard monte; Quand trois filles passant, l'une dit : « C'est grand'honte Qu'il faille voir ainsi clocher ce jeune fils, α Tandis que ce nigaud, comme un évêque assis, << Fait le veau sur son âne, et pense être bien sage. <- Il n'est, dit le meunier, plus de veaux à mon âge : << Passez votre chemin, la fille, et m'en croyez. » Après maints quolibets coup sur coup renvoyés, L'homme crut avoir tort, et mit son fils en croupe. Au bout de trente pas, une troisième troupe Trouve encore à gloser. L'un dit : « Ces gens sont fous! « Le baudet n'en peut plus; il mourra sous leurs << Eh quoi! charger ainsi cette pauvre bourrique! << N'ont-ils point de pitié de leur vieux domestique? « Sans doute qu'à la foire ils vont vendre sa peau. (1 Parbleu! dit le meunier, est bien fou du cerveau Qui prétend contenter tout le monde et son père. «Essayons toutefois si par quelque manière coups. « Nous en viendrons à bout. » Ils descendent tous deux. L'âne se prélassant marche seul devant eux. Un quidam les rencontre, et dit : « Est-ce la mode D « Je conseille à ces gens de le faire enchâsser. . Ils usent leurs souliers, et conservent leur âne! Nicolas, au rebours: car, quand il va voir Jeanne, « Il monte sur sa bête; et la chanson le dit. Beau trio de baudets! Le meunier repartit : « Je suis âne, il est vrai, j'en conviens, je l'avoue; « Mais que dorénavant on me blâme, on me loue, « Qu'on dise quelque chose ou qu'on ne dise rien, « J'en veux faire à ma tête. » Il le fit, et fit bien. Quant à vous, suivez Mars, ou l'Amour ou le prince; FABLE II. Les Membres et l'Estomac. Je devois par la royauté Avoir commencé mon ouvrage : Messer Gaster' en est l'image; S'il a quelque besoin, tout le corps s'en ressent. De travailler pour lui les membres se lassant, Chômons; c'est un métier qu'il veut nous faire apprendre.. Tous dirent à Gaster qu'il en allât chercher. 1. L'estomac. |