Il retourne chez lui: dans sa cage il enserre Plus de chant: il perdit la voix Du moment qu'il gagna ce qui cause nos peines. Il eut pour hôtes les soucis, Les soupçons, les alarmes vaines. Le chat prenoit l'argent. A la fin le pauvre homme << Rendez-moi, lui dit-il, mes chansons et mon somme; Et reprenez vos cent écus. » FABLE III. Le Lion, le Loup, et le Renard. Un lion, décrépit, goutteux, n'en pouvant plus, Manda des médecins : il en est de tous arts. Le renard se dispense, et se tient clos et coi. D'avoir différé cet hommage; Et m'acquittois d'un vœu fait pour votre santé. Gens experts et savants; leur ai dit la langueur Dont votre majesté craint à bon droit la suite. Le long âge en vous l'a détruite : Le secret sans doute en est beau S'il vous plaît, de robe de chambre. » On écorche, on taille, on démembre Messieurs les courtisans, cessez de vous détruire; Où l'on ne se pardonne rien. La qualité d'ambassadeur Peut-elle s'abaisser à des contes vulgaires? Vous puis-je offrir mes vers et leurs grâces légères? S'ils osent quelquefois prendre un air de grandeur, Seront-ils point traités par vous de téméraires? Vous avez bien d'autres affaires A démêler que les débats Du lapin et de la belette. Mais empêchez qu'on ne nous mette Toute l'Europe sur les bras. Que de mille endroits de la terre Veuille Il nous vienne des ennemis, J'y consens; mais que l'Angleterre que nos deux rois se lassent d'être amis, J'ai peine à digérer la chose. N'est-il point encor temps que Louis se repose? Si votre esprit plein de souplesse, Par éloquence et par adresse, Peut adoucir les cours et détourner ce coup, De prendre en don ce peu d'encens : Et le récit en vers qu'ici je vous dédie. Doit avouer qui vous sont dus, Dans Athène autrefois, peuple vain et léger, Qui savent exciter les âmes les plus lentes; Étant fait à ces traits, ne daignoit l'écouter; Cérès, commença-t-il; faisoit voyage un jour Avec l'anguille et l'hirondelle : Un fleuve les arrête; et l'anguille en nageant, Le traversa bientôt. » L'assemblée à l'instant L'anima d'abord contre vous. Quoi! de contes d'enfans son peuple s'embarrasse; Lui seul entre les Grecs il néglige l'effet! Par l'apologue réveillée, Se donne entière à l'orateur. Un trait de fable en eut l'honneur. Nous sommes tous d'Athène en ce point; et moi-même, Au moment que je fais cette moralité, Si Peau d'âne m'étoit conté, J'y prendrois un plaisir extrême. Le monde est vieux, dit-on : je le crois; cependant FABLE V. - L'Homme et la Puce. Par des vœux importuns nous fatiguons les dieux, Un sot par une puce eut l'épaule mordue. La terre de cette hydre au printemps revenue! Que fais-tu, Jupiter, que du haut de la nue Pour tuer une puce, il vouloit obliger FABLE VI. Les Femmes et le Secret. Rien ne pèse tant qu'un secret: Bon nombre d'hommes qui sont femmes. Pour éprouver la sienne un mari s'écria, La nuit, étant près d'elle : « O dieux! qu'est-ce cela? Quoi! j'accouche d'un œuf!-D'un œuf!- Oui, le voilà Ainsi que sur mainte autre affaire, Crut la chose, et promit ses grands dieux de se taire; Mais ce serment s'évanouit Avec les ombres de la nuit. L'épouse, indiscrète et peu fine, Sort du lit quand le jour fut à peine levé; a Ma commère, dit-elle, un cas est arrivé; N'en dites rien surtout, car vous me feriez battre : Mon mari vient de pondre un œuf gros comme quatre. Au nom de Dieu, gardez-vous bien D'aller publier ce mystère. -Vous moquez-vous? dit l'autre : ah! vous ne savez guère La femme du pondeur s'en retourne chez elle. |