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Les parois des ventricules présentent trois ordres de colonnes charnues. Les colonnes de premier ordre, appelées muscles pupillaires ou piliers du cœur, sont fixées par leur base aux parois ventriculaires, et rattachées par leur sommet aux cordages tendineux qui se rendent à la valvule auriculo-ventriculaire. Les colonnes du deuxième ordre sont libres dans leur partie moyenne et attachées par leurs deux extrémités aux parois ventriculaires. Les colonnes du troisième ordre restent sur toute leur longueur adhérentes aux parois sur lesquelles elles forment relief.

MARC SEE divise également en trois ordres les cordages tendineux qui partent des sommets des muscles papillaires, et quelquefois aussi directement de la paroi musculaire des ventricules ou d'un petit mamelon qui la surmonte.

Les cordages de 1er ordre, les plus forts, se rendent aux anneaux fibreux auriculo-ventriculaires, les uns en touchant simplement les autres en s'unissant étroitement, en tout ou en partie, à la face externe des valves. Les premiers s'appellent cordages libres, le deuxièmes, cordages adhérents.

Les cordages de 2o ordre, moins forts que les précédents, naissent des piliers ou des cordages de premier ordre et se terminent sur la face externe des valves, à une distance plus ou moins grande de leur bord libre. De même que les cordages de premier ordre, ils sont libres ou adhérents, et anastomosés entre eux.

Enfin les cordages de 3o ordre, qui sont les plus ténus, s'insèrent sur le bord libre des valves, où ils s'anastomosent entre eux, de façon à former une série de petites arcades. Ils naissent le plus souvent des cordages de 1er et de 2o ordre, plus rarement des piliers eux-mêmes.

Dans le ventricule droit, un pilier antérieur naît de la paroi antéro-externe, au voisi nage de l'angle antérieur, à peu près au niveau du milieu de la hauteur de la cavité, par des faisceaux musculaires multiples. Ce pilier antérieur est terminé le plus souvent par deux ou trois sommets d'où partent des cordages tendineux. En arrière, près de l'angle postérieur, le plus souvent deux piliers postérieurs naissent du tissu caverneux de l'angle postérieur et du sommet du ventricule, et envoient des cordages tendineux aux bords postérieurs de la valve postéro-externe et de la valve interne, ainsi qu'à la languette accessoire postérieure. Outre ces colonnes de 1er ordre, il existe des colonnes de 2o et de 3o ordre entre-mêlées un peu partout, mais surtout à la partie inférieure du ventricule et vers l'union des deux parois.

La valve interne de l'orifice auriculo-ventriculaire droit, la plus large, reçoit des cordages tendineux de 2o et de 3o ordre, qui proviennent de la cloison inter-ventriculaire et des piliers postérieurs. La valve externe et antérieure reçoit des cordages tendineux de 1er de 2o et de 3o ordre de la cloison inter-ventriculaire et du pilier antérieur. Quant à la valve postérieure, elle reçoit en avant, du pilier antérieur, en arrière, des piliers postérieurs, des cordages dont la disposition, d'après MARC SÉE, est la même que sur la valve antérieure.

Entre la valve interne et la paroi antérieure du ventricule, la cavité de celui-ci se prolonge en haut en s'amincissant graduellement. Cet infundibulum, appelé conus arteriosus, se continue directement avec l'artère pulmonaire.

L'orifice pulmonaire est muni de trois valvules, dites sigmoïdes ou semi-lunaires, suspendues à l'entrée de l'artère pulmonaire comune trois nids d'hirondelle disposés en triangle. La première est située en avant, la deuxième en arrière et à droite; la troisième en arrière et à gauche. Elles présentent une face supérieure concave, une face inférieure convexe, un bord libre qui est droit quand il est tendu et concave quand il est abandonné à lui-même, muni à sa partie moyenne d'un petit noyau dur appelé nodule ou tubercule d'ARANTIUS, et enfin un bout adhérent, convexe, fixé sur la zone fibreuse de l'artère. Derrière les valvules, la paroi arterielles présente trois enfoncements appelés sinus de VALSALVA.

La cavité du ventricule gauche est cylindro-conique; son sommet se confond avec la pointe du cœur, et sa base s'élève moins que l'infundibulum pulmonaire. La valvule auriculo-ventriculaire gauche est plus forte, plus épaisse et fixée à un plus grand nombre de cordages que la valvule droite. En outre, elle ne présente que deux valves ou festonsentre lesquelles on voit deux petites valves intermédiaires; c'est pourquoi on l'appelle valvule bicuspide ou mitrale. La valve droite ou antéro-interne est la plus grande; elle

sépare l'orifice auriculo-ventriculaire de l'orifice aortique; elle est lisse sur ses deux faces. La valve gauche, ou postéro-externe, est beaucoup plus petite, presque quadrangulaire, mais son bord inférieur est irrégulièrement découpé. Sa face interne est lisse, tandis que sa face externe est irrégulière, traversée par des cordages tendineux anastomosés.

Les deux parois externes du ventricule gauche présentent chacune une colonne charnue de 1er ordre: pilier antérieur et pilier postérieur. Ces muscles papillaires sont souvent divisés en deux ou trois piliers secondaires, et présentent à leur extrémité libre des mamelons d'où partent les cordages tendineux. Ces deux piliers sont plus rapprochés de l'angle gauche du cœur que de la cloison; ils sont unis l'un à l'autre par de nombreux faisceaux musculaires, et d'autre part aussi des colonnes charnues de 2o ordre les unissent à la paroi ventriculaire. La cloison ventriculaire et les deux parois, au voisinage de cette cloison, sont lisses, et l'espace qu'elles limitent n'est traversé par aucune trabécule musculaire. Cet espace est appelé, par MARC SÉE, canal aortique, parce qu'il se continue directement, en haut, avec l'aorte.

Les colonnes du 2o ordre, autres que celles dont nous venons de parler, et les colonnes du 3° ordre sont beaucoup moins nombreuses et plus petites que dans le ventricule droit.

La valve droite ne reçoit pas de cordages de 1er ordre. Les cordages de 2 ordre viennent du pilier antérieur pour le bord antérieur et du pilier postérieur pour le bord postérieur. La valve gauche reçoit des cordages de 1er, de 2e et de 3e ordre, provenant des piliers.

Entre la cloison inter-ventriculaire et la valve interne de la mitrale, c'est-à-dire à droite et en avant de l'orifice auriculo-ventriculaire gauche, le ventricule gauche offre aussi un infundibulum, comme le ventricule droit, conus arteriosus, qui se continue avec l'aorte. Les valves sigmoïdes de l'orifice aortique ne diffèrent pas de celles de droite, sauf qu'elles sont plus épaisses et ont un nodule d'ARANTIUS plus développé.

Structure du cœur.

Les parois du cœur sont formées par une couche musculaire, tapissée à l'intérieur par l'endocarde et enveloppée extérieurement par un sac fibroséreux spécial, désigné sous le nom de péricarde.

Autour des orifices de la base des ventricules se trouvent des anneaux fibreux ou zones fibreuses qui servent de points d'insertion aux fibres musculaires des oreillettes et des ventricules. On les distingue en zones auriculo-ventriculaires et en zones artérielles. Elles envoient des prolongements: les premières aux valves auriculo-ventriculaires, les deuxièmes aux valves sigmoïdes. On divise les fibres musculaires des ventricules en deux groupes 1° fibres communes aux deux ventricules (fibres unitives de GERDY); 2° fibres propres à chacun des deux ventricules.

Les fibres communes partent des anneaux fibreux des quatre orifices de la base des ventricules, et se dirigent obliquement vers la pointe du cœur, au voisinage de laquelle un grand nombre d'entre elles décrivent un tour de spire (tourbillon du cœur). Arrivées à la pointe du cœur, les fibres communes se réfléchissent à l'intérieur des ventricules et reviennent se fixer sur les anneaux fibreux. Les unes s'étalent à la face interne des cavités en formant des anses, ou bien, surtout dans le ventricule gauche, en décrivant un trajet en huit de chiffre (LUDWIG). Les autres se jettent dans les muscles papillaires et vont se fixer sur les anneaux fibreux par l'intermédiaire des cordages attachés aux valvules auriculo-ventriculaires.

Les fibres propres constituent la couche moyenne. Elles représentent pour chaque cavité un cône tronqué, dont la base, dirigée en bas, est enclavée entre les fibres réfléchies des couches communes. En s'adossant l'un à l'autre, ces deux cônes forment la cloison interventriculaire. D'après LUDWIG, les fibres propres ne sont pas indépendantes des fibres communes; mais les fibres, en décrivant des 8 de chiffres appartiennent tantôt à la couche superficielle, tantôt à la couche moyenne, et tantôt enfin à la couche profonde.

KREHL a récemment bien décrit la disposition des fibres musculaires dans les ventricules. Ses recherches ont porté sur le cœur du chien et de l'homme. En voici le résumé dans le ventricule gauche, il y a deux espèces de fibres musculaires des fibres qui se terminent par des tendons, et des fibres qui restent musculaires. En général les premières forment les couches externe et interne. Les fibres externes naissent aux anneaux fibreux de l'orifice auriculo-ventriculaire et de l'orifice aortique, descendent obli

quement et pénètrent pour la plupart dans le tourbillon; ce ne sont que les fibres qui naissent du bord postérieur de l'anneau auriculo-ventriculaire qui sont destinées à former la couche superficielle du ventricule droit. Les fibres du tourbillon, arrivées à la pointe, se réfléchissent et s'étalent à la face interne de la cavité; elles se terminent soit par les muscles papillaires, soit par les cordages tendineux, soit par l'anneau auriculo-ventriculaire. Entre la couche superficielle et la couche profonde, se trouve la couche moyenne, disposée en forme de cône; cette couche moyenne n'est pas séparée des autres couches par du tissu conjonctif; bien plus, beaucoup de fibres de la couche superficielle pénètrent successivement dans la couche moyenne et dans la couche profonde. La direction de ces fibres se rapproche de l'horizontalité. Elles forment avec l'axe longitudinal du ventricule, de préférence un angle obtus. Ces fibres forment des anses qui ne se terminent pas par des tendons, mais qui reviennent à leur point de départ. Il existe encore des fibres qui sont communes aux deux ventricules. Les fibres superficielles du ventricule droit sont en relation avec le ventricule gauche et même avec les muscles papillaires de celui-ci; il en est de même pour la plupart des fibres profondes. Les fibres postérieures se dirigent à travers la cloison sur la face antérieure du ventricule gauche, tandis que les fibres antérieures prennent la direction inverse. Une couche de fibres, originaire de la face externe du ventricule droit, pénètre dans la partie inférieure de la cloison et s'y dirige en haut. Enfin un nombre assez considérable de fibres entoure les deux ventricules, sans participer à la formation de la cloison. Dans le ventricule droit, on distingue une partie par où le sang pénètre et une autre partie par où le sang s'échappe. La première, en forme d'une poche, est limitée en dedans par la cloison et en dehors par la fibre externe du ventricule. La deuxième partie est reliée à la première par une espèce de canal. Elles sont séparées l'une de l'autre par un bourgeon musculaire. Parmi les faisceaux musculaires du ventricule droit, les uns appartiennent en même temps au ventricule gauche; les autres, au contraire, lui sont propres, contribuant à la formation soit de la poche, soit du cône, soit des deux à la fois. La paroi externe de la poche comprend deux couches de faisceaux: une couche superficielle qui est mince et continue, et une couche profonde, plus épaisse, formée d'un réseau de trabécules. La couche superficielle est formée de faisceaux, dont les uns, originaires du ventricule gauche, partent soit de la cloison, soit de l'orifice aortique, tandis que les autres naissent à l'anneau auriculo-ventriculaire droit. La couche profonde est formée de faisceaux courts, qui partent du bord supérieur de la cloison, se dirigent d'abord directement en bas, contribuant ainsi à la formation de la cloison, puis quittent celle-ci à des hauteurs différentes, pour former des trabécules ou des muscles pupillaires. Le cône artériel comprend aussi deux couches: une couche interne longitudinale et une couche externe circulaire. Ce sont les fibres longitudinales qui pendant la systole produisent, à l'origine de l'artère pulmonaire, un bourrelet musculaire analogue à celui de l'aorte. Quant aux fibres musculaires, elles naissent de la cloison interventriculaire, à l'endroit où celle-ci se continue avec la paroi aortique, et se réfléchissent autour du cône. Parmi ces fibres, il en est qui ne se terminent pas dans le cône, mais qui pénètrent dans les couches superficielles du ventricule gauche.

Les fibres musculaires des oreillettes sont les unes communes aux deux cavités, les autres propres à chacune d'elles. Les fibres communes s'étendent transversalement d'une oreillette à l'autre, en franchissant le sillon inter-auriculaire. Les fibres propres forment des anneaux disposés en sphincter autour des orifices veineux, des orifices auriculo-ventriculaires et des auricules. Il y a encore les muscles pectinés qui commencent et se terminent autour des zones fibreuses auriculo-ventriculaires, en formant des anses à direction ascendante. La cloison inter-auriculaire est formée par l'adossement de ces fibres, au niveau du sillon qui limite les deux cavités.

Les différentes cavités du cœur possèdent une épaisseur variable, proportionnée au travail à effectuer, c'est-à-dire à la longueur du chemin que doit parcourir le sang chassé par la contraction. Les oreillettes ont des parois beaucoup plus minces que les ventricules, car elles sont seulement chargées de transmettre le sang aux ventricules. Le ventricule gauche, chargé d'envoyer le sang vers la périphérie du corps, est plus épais que le ventricule droit qui ne préside qu'à la petite circulation.

Quoique soustrait à l'influence de la volonté, le tissu musculaire du cœur est formé

de fibres à striation transversale. Ces fibres sont anastomosées entre elles, de manière à former un immense réseau; elles sont dépourvues de sarcolemme et leur noyau allongé occupe les centres de la fibre.

Le cœur de l'homme pèse en moyenne, à l'état adulte, de 300 à 350 grammes. Le ventricule droit ne pèse que la moitié du ventricule gauche.

cœur.

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Mécanisme de la contraction cardiaque. Le cœur est chargé de mettre le sang en circulation dans les vaisseaux sanguins. Dans chaque moitié du cœur, chacune des deux cavités est le siège de deux mouvements opposés : l'un consiste dans la contraction et l'effacement de la cavité, l'autre dans la dilatation et le retour à son volume primitif de la cavité effacée lors de la contraction. On appelle systole (ovotoλn, resserrement) la contraction du cœur, et diastole (diastoλn, dilatation) le relâchement du Succession des mouvements du cœur. BOERHAAVE, LANCISI et NICHOLS crurent à l'alternance des mouvements entre le cœur droit et le cœur gauche; et, d'après HEYNE, les mouvements étaient croisés, c'est-à-dire la contraction du ventricule d'un côté coïncidait, d'après lui, avec la contraction de l'oreillette du côté opposé, pendant que les deux autres cavités se trouvaient à l'état de repos. HALLER est le premier qui a réfuté ces opinions erronées, et tout le monde admet aujourd'hui que les mouvements des cavités de même nom sont isochrones ou simultanés, tandis que les mouvements des cavités de nom contraire sont alternatifs ou successifs. Cet isochronisme des mouvements dans les cavités similaires permet, quand on se contente d'étudier les grandes lignes du mécanisme cardiaque, de considérer le cœur double comme un cœur simple, puisque chaque mouvement observé, à droite, par exemple, s'accomplit à gauche dans le même temps et de la même manière.

Cependant la dissociation fonctionnelle des ventricules peut s'observer dans certaines circonstances anormales, par exemple, après l'administration de la digitaline (BAYET), pendant qu'on expérimente sur les nerfs pneumogastriques (ARLOING), pendant l'asphyxie, les nerfs pneumogastriques étant préalablement coupés (KNOLL), et sous l'influence de l'helléboréine (KNOLL).

On a longtemps discuté sur l'ordre dans lequel les actes cardiaques se succèdent. VÉSALE attribua trois temps à chaque révolution du cœur, se succédant dans l'ordre suivant la dilatation, la contraction et le repos. Chacun de ces temps était dû à l'action de fibres musculaires spéciales : la dilatation était opérée par les fibres droites, la contraction par les fibres transversales, et le repos par les fibres obliques. D'après VÉSALE, le repos est l'état intermédiaire entre la dilalation et la contraction.

La doctrine de la dilatation préalable a été soutenue par BEAU et par SPRING.

La durée d'un battement complet, dit BEAU, représente une mesure de trois temps. Le premier temps comprend la contraction de l'oreillette et la dilatation du ventricule, suivies rapidement de la contraction de cette dernière cavité; le deuxième temps l'arrivée brusque du sang dans l'oreillette, et le troisième temps la réplétion entière de l'oreillette. D'après BEAU, les ventricules, après leur contraction, restent oblitérés, grâce au resserrement tonique des fibres musculaires. La pause serait caractérisée par la vacuité, l'inaction et la pâleur du ventricule; elle est la continuation de la systole ventriculaire. Ce n'est qu'à la fin de la pause ou diastole, ou, ce qui revient au même, immédiatement avant la systole ventriculaire que le sang pénètre brusquement dans le ventricule.

D'après SPRING, après la systole ventriculaire qui efface et oblitère la cavité, il y a relaxation des parois, c'est-à-dire que les fibres musculaires sont abandonnées à leur élasticité. Il se forme ainsi un petit espace dans lequel reflue aussitôt le sang resté dans l'infundibulum et dans les mailles et les aréoles des colonnes charnues. Les valvules auriculo-ventriculaires restent appliquées à leur orifice. Aucune goutte de sang, à l'état normal, ne descend de l'oreillette. Le ventricule est au repos. Ensuite, l'activité se réveille, et au moment ou la réplétion des oreillettes arrive à son maximum, ce qui s'annonce par un tressaillement des appendices auriculaires, les ventricules s'ouvrent, les valvules auriculo-ventriculaires s'abaissent, le sang des oreillettes descend dans les ventricules, et une nouvelle révolution cardiaque a licu. Ainsi, d'après SPRING: 1° après la contraction, les ventricules restent un moment oblitérés, nuls comme cavité ou presque nuls; 2° le maximum de leur dilatation n'a lieu qu'immédiatement avant la contraction suivante;

3o ce maximum n'est pas le summum d'un mouvement progressif lent, mais un mouvement à part, un mouvemeut distinct.

Par conséquent, SPRING, en 1860, revenant à l'ordre adopté par VÉSALE, distingua trois temps, se succédant dans l'ordre suivant :

1o La dilatation ventriculaire (active) ou présystole avec resserrement concomitant des oreillettes; 2o le resserrement ventriculaire ou systole; 3° le repos ou diastole.

HARVEY Combattit la doctrine de la dilatation préalable active, telle qu'elle avait été prônée par VÉSALE. Il distingua deux états seulement : le mouvement et le repos. Pendant le mouvement le cœur se vide et, pendant le repos il se remplit. En outre, d'après HARVEY, le mouvement est un les contractions de l'oreillette et du ventricule se succèdent de très près, sans le moindre intervalle, et semblent se confondre, chez les animaux à sang chaud surtout, en un seul mouvement apparent (doctrine de l'unité du mouvement).

LANCISI le premier établit une distinction nette entre la systole des oreillettes et celle des ventricules, ainsi qu'entre la diastole des oreillettes et celle des ventricules. Il dit très clairement que les mouvements des oreillettes anticipent sur les mouvements des ventricules (doctrine du mouvement anticipant). Cependant, comme HARVEY, LANCISI n'admit pas un intervalle appréciable.

En 1850, SCHIFF professa aussi que la systole ventriculaire commence avant que la systole auriculaire n'ait cessé.

HALLER SOUtint l'alternance parfaite des actes auriculaires avec les actes ventriculaires; pendant que les oreillettes sont contractées, les ventricules sont relâchés et réciproquement (doctrine du mouvement alternant).

SENAC adopta l'opinion de HALLER. Les dilatations des ventricules, dit SENAC, sont égales aux contractions des oreillettes. Ces deux mouvements commencent et finissent en même temps; l'un est la mesure de l'autre, c'est-à-dire qu'ils ont la même force et la même vitesse.

Les médecins du comité anglais, institué pour l'élucidation de certaines questions concernant le fonctionnement du cœur, notamment du mode de succession des mouvements du cœur, réalisèrent un notable progrès, en recourant aux animaux de grande taille (veau, âne), sur lesquels ils pratiquèrent la respiration artificielle.

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Plus tard, CHAUVEAU et FAIVRE aboutirent aux mêmes résultats, à peu de chose près, que les médecins du comité anglais, en prenant le cheval comme sujet de leurs expériences la moelle épinière étant coupée entre l'atlas et l'axis, et la vie étant entretenue par la respiration artificielle, ils mirent le cœur à nu par la résection des côtes et l'excision du péricarde.

CHAUVEAU et FAIVRE, à l'instar du comité anglais, divisèrent chaque révolution du cœur en trois temps:

1o La contraction (systole) auriculaire, coïncidant avec la diastole ventriculaire; 2o La contraction (systole) ventriculaire, coïncidant avec la diastole auriculaire ;

3o Le relâchement (diastole) général du cœur, avec dilatation de ses cavités par le sang qui continue d'y affluer.

Cependant, pour les médecins anglais, de même que pour CHAUVEAU et FAIVRE, la contraction ventriculaire empiète un peu sur le temps de la systole auriculaire.

Ce n'est qu'un peu plus tard que CHAUVEAU et MAREY, grâce à la méthode graphique, parvinrent à élucider entièrement la question. Ils constatèrent à toute évidence un intervalle appréciable entre la systole auriculaire et la systole ventriculaire.

CHAUVEAU et MAREY, en introduisant les ampoules exploratrices de leur cardiographe dans l'oreillette droite, dans le ventricule droit et dans le ventricule gauche (l'oreillette gauche n'est pas accessible) chez des chevaux vivants, ont pu recueillir le tracé des mouvements de ces diverses cavités (Voir Cardiographie et Cheval). Rappelons, disent ces auteurs, que les contractions s'accusent par une ascension brusque de la ligne du tracé, la fin des contractions par une descente, et les diastoles par une ligne sensiblement uniforme. Cela dit, si nous lisons sur la partie supérieure, qui répond à l'oreillette droite, nous trouvons, en allant de gauche à droite, une première ascension qui répond à la systole auriculaire; si nous passons à la deuxième ligne, qui traduit le jeu du ventricule droit, nous constatons que la première ascension principale, qui est produite par la systole ventriculaire, apparaît un certain temps après l'ascension de la ligne de l'oreillette.

DICT. DE PHYSIOLOGIE

TOME IV.

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