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sculptures des stalles du chœur de San-Giorgio-Maggiore, à Venise, œuvre du flamand ALBERT BRULE (hist. de St.-Benoit), que vante Cicognara, en rapportant qu'on les désigne sous cette pompeuse dénomination: Lavoro di nuovo Policleto. Cette exagération prouve bien la rareté des beaux travaux de ce genre en Italie. En effet, il n'y a de remarquable, en fait de sculpture en bois, dans les divers états que nous avons parcourus, que quelques travaux éxécutés par de grands artistes, tels que les portes ou autres boiseries du Vatican, sculptées sous la direction de Raphaël par Jean Barile (peutêtre français, d'après la désignation de son nom.) Encore le travail en est-il moins fin, moins facile surtout, que la plupart des bahuts de tous genres qu'on trouvait par milliers chez nos paysans de Normandie, de Picardie, etc. Cela tenait sans doute à l'organisation de nos corporations de BAHUTIERS, et aux épreuves que subissaient les sculpteurs chargés de ces travaux.

>> Il est remarquable que Cicognara, parlant (t. V. p. 583) des belles stalles de Gaillon aujourd'hui placées pour la plupart dans le chœur de St.-Denis, et qui sont exécutées partie en relief, partie en marqueterie (tarsia), attribue la perfection de leur travail, qu'il date de 1500, au contact des Italiens; comme si à cette époque les premiers artistes Italiens, dont la migration en France est bien constatée (ceux appelés par Chales VIII pour construire Amboise), avaient pu exercer une véritable influence sur nos travaux de bahuterie très-remarquables, surtout pendant tout le cours du xv. siècle! Cicognara ajoute que, sans doute, de bons sculpteurs et intagliatori italiens avaient apporté en France ce bon goût de sculpture et de manifatture. Sans nier que la marche progressive des arts en Italie pendant le xv. siècle, n'ait dû influencer les progrès et surtout le style des nôtres, on ne saurait admettre qu'il ait fallu que des sculpteurs Italiens vinssent professer chez nous pour y infiltrer leur art, que de jeunes français allaient puiser à sa source, témoins nos JACQUES D'ANGOULÈME, nos frères RICHIER, etc. L'historien de la sculpture dit encore que les arts en France avaient alors (en 1500) grand besoin d'être relevés par de bons principes, car toutes leurs

productions étaient des plus faibles. Mais on pourrait répondre en citant non-seulement nos monuments de Dijon du commencement du xv. siècle (le puits de Moïse, les tombeaux de Jean-sans-Peur et de Philippe-le-Hardi) faits par des flamands sous les yeux et avec la collaboration de nos artistes, mais un très-grand nombre de monumeuts, tous français, et de tout genre, de la deuxième moitié du même siècle, qui ne le cèdent en rien aux productions contemporaines de l'Italie..... (Bulletin du comité historiq. des arts et mon. t. II. p. 246.)

NOTE

A AJOUTER AU CHAP. III. DE LA PREMIÈRE PARTIE.

Nous devons à l'intervention obligeante de M. De Grattier, président de la Société des Antiquaires, la communication qui nous a été faite par un de nos honorables compatriotes du précieux document qu'on va lire. Cette pièce, dont nous avons l'original sous les yeux, nous révèle le plus grand danger que nos stalles aient couru. On verra ce qu'en voulait faire l'architecte de la république. Heureusement le bon sens et la fermeté du citoyen André Dumont, membre de la Convention et représentant du peuple à Amiens, firent prompte justice d'un pareil projet :

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MÉMOIRE.

L'opinion publique a prononcé. La ci-devant église cathédrale est devenue l'azyle de la Raison et de la Vérité. Leurs noms brillent au centre lumineux de la gloire au fond du Temple. Des inscriptions répandues de tous côtés accompagnent leur triomphe. Cependant il n'est pas complet. Nombre de simboles du précédent culte, encore existans, semblent leur disputer la victoire. Il est temps qu'on voie finir cette lutte étrange; il est temps que les ordres soient

donnés de faire promtement disparoître ces chapelles de goût tudesque adossées aux piliers, ces ambons, ces vieilles stales gothiques qui ont jusqu'ici défiguré l'une des plus superbes baziliques de l'Europe. C'est ainsi qu'en débarassant ce beau temple des antiquailles dont je parle, on lui rendra, comme à la vérité qui y préside, toute sa beauté originelle. L'opération faite, je voudrois le consacrer uniquement aux assemblées du peuple, en faire un promenoir public toujours ouvert, y fixer, à heures marquées, les rendez-vous de la jeunesse pour s'exercer au maniement des armes et y passer des revues; que là, sous les regards des magistrats, des prix de gymnastic fussent distribués. Je voudrois que ce lieu fut surtout destiné aux fêtes civiques pour cet effet j'éleverois l'autel de la patrie au centre du rond-point. Le pourtour du ci-devant chœur se trouvant libre par la suppression des stales et de leurs murs-dossiers, je le laisserois tel. Point de grilles, point de barrières; trois marches distingueroient l'enceinte du ci-devant chœur. Elles contribueroient d'ailleurs à faire piramider l'autel avec plus d'avantage.

Je supprimerois toutes les grilles des chapelles collatérales, ainsi que les objets de culte qu'elles renferment, pour faire de ces chapelles autant de serres ou de cabinets fermés sur le devant par un mur en pierre de peu d'élévation, percé dans son milieu d'une porte. Le parement de ce mur et la porte seroient construits dans le stile de l'édifice, afin de ne pas mésallier les genres. Ces cabinets serviroient de dépot aux armes de la jeunesse, aux divers instruments de gymnastic. On pourroit en faire des salles d'institution de tout genre. Plusieurs seroient à usage de buffets, lors des banquets civiques. D'autres seroient destinés à des comités particuliers, etc., etc., etc.

Au centre de la croisée des voutes je placerois le symbole de l'immortalité figuré par une haute pyramide cantonnée aux quatre angles, dans sa partie inférieure, par des faisceaux portant entablement au dessus duquel seroient successivement posés les bustes des républicains législateurs morts pour le salut de la patrie. Les bustes de Marat ct de Lepelletier s'y offriroient à nos yeux les premiers.

La piramide seroit terminée par un globe imitant celui de la terre, sur lequel reposeroit un faisceau.

Je reviens à l'autel de la Patrie. Il occuperoit, comme je l'ai dit, le fond du rond-point. Je voudrois qu'il fut simple et qu'il portât un grand caractère. Je n'y admettrois que des ornements sérieux et ménagés, je le composerois d'un fort stilobate quarré accompagné de quatre autels en forme de demi-cercle sur chacune de ses faces. Au-dessus, je placerois un piedestal circulaire de belle proportion qui serviroit de support à la statue de la liberté assise. Je groupperois le tout de manière à en faire une masse imposante et capable de produire la plus grande sensation.

Et qu'on ne pense pas que tous ces changements, ces projets comporteroient une dépense immense; il y a plus à retrancher qu'à construire. Sauf les grilles dont les fers serviroient exclusivement à fabriquer des armes, le montant de la vente des vieux autels adossés aux piliers, des marbres et attributs des chapelles collatérales, des ambons gothiques tapissant les murs, des figures modernes nouvellement posées etc., etc., le prix, dis-je, de ces objets fourniroit à la dépense. Le district opéreroit la vente par parties pour en tirer plus de fruit, et le produit en seroit versé dans une caisse particulière affectée à l'exécution des vues que je propose. Au surplus, ce qu'on ne pourroit construire à demeure à cause du choix et de la cherté des matières, on le feroit à la manière du modèle. On donneroit cependant à la décoration assez de solidité pour durer bien des années. Le point important, le grand but est de hater le convertissement total de ce temple en celui de la Raison et de la Vérité, et de le consacrer promtement à sa nouvelle destination. Ces changements doivent être rapidement exécutés. Le moment le commande; si on ne le saisit, le succès échappe avec lui.

A Amiens le sept frimaire de l'an 2. de la république une et indivisible. Signé ROUSSEAU,

Ing. arch." du dép, de la Somme.

Sur la marge de l'original, est écrit de la main d'André Dumont : Cette proposition est inadmissible et ne mérite pas de réponse.

NOTE

A AJOUTER A LA SUITE DU TEXTE DE BOECE,

CITÉ PAGE 394.

Quoiqu'on trouve dans les œuvres de St. Bernard plusieurs rapprochements de ce genre, le saint Docteur ne parait cependant pas avoir attaché une idée morale à la représentation des animaux et des monstres dans les cloîtres des monastères. Il s'élève au contraire avec une grande vigueur contre cet usage; voici ses paroles: « Cæterùm in claustris, coram lugentibus fratribus, quid facit illa ridicula monstruositas, mira quædam deformis formositas, ac formosa deformitas? Quid ibi immundæ simiæ ? Quid feri leones? Quid monstruosi centauri? Quid semi-homines? Quid maculosa tigrides? Quid milites pugnantes? Quid venatores tubicinantes? Videas sub uno capite multa corpora, et rursus in uno corpore capita multa. Cernitur hinc in quadrupede cauda serpentis, illinc in pisce caput quadrupedis. Ibi bestia præfert equum, capram retro mediam, hic cornutum animal equum gestat posterius. Tam multa denique tamque mira diversarum formarum ibique varietas apparet, ut magis legere libeat in marmoribus quàm in codicibus, totumque diem occupare singula ista mirando, quàm in lege dei meditando. Proh deum! Si non pudet ineptiarum, cur vel non piget expensarum.» (Apolog. de vitâ et moribus Relig. cap. XI.) Pour bien comprendre ce texte et n'en pas faire une application fausse ou exagérée, il est nécessaire de remarquer que le S. Abbé de Clairvaux s'adressait à des religieux appelés et consacrés comme lui aux exercices de la vie contemplative, auxquels par conséquent les images sensibles ne devaient pas être nécessaires pour reporter leurs esprits et leurs cœurs vers les objets sacrés de la prière et de la louange divine. Il parlait à des hommes lettrés auxquels les livres suffisaient à leur redire l'horreur du vice et la beauté de la vertu. Il leur parlait ainsi au

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