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tesses. Dès le dixième siècle, Baume se divisait en ville haute et ville basse : la ville haute, bâtie sur la montagne de Saint-Léger, fut détruite par Berthod IV, duc de Zeringhen, à l'époque où l'empereur Frédéric-Barberousse avait fait alliance avec ce seigneur pour reprendre au perfide Guillaume de Mâcon l'héritage de Béatrice, fille de Rainaud III; et cette guerre commença la décadence de Baume. Depuis lors, la ville a été réduite à l'étendue qu'on lui voit aujourd'hui.

Les doutes qui planent sur l'antiquité de Baume et de Vesoul disparaissent à l'égard de Poligny. Ici les preuves d'une origine reculée sont manifestes la fameuse pierre qui vire et les débris d'un autre monument de même style témoignent de l'existence de cette ville à l'époque druidique; les différents objets d'arts que l'on a découverts sur son territoire, ses restes de voies romaines, ses débris de bains et d'aqueduc, surtout les ruines du palais des Chambrettes, nous révèlent le haut rang qu'elle occupait sous la domination des Romains. Poligny fut l'une des cités séquanaises qui eurent le plus à souffrir des diverses invasions barbares : il ne resta rien de cette ville, et jusqu'au huitième siècle il n'est plus question d'elle. On la voit reprendre vie au temps de Charlemagne; elle se développe dans le cours du neuvième siècle; elle se range, dès le règne de Charles le Chauve, parmi les localités importantes du comté de Varasque, puis elle retombe dans la ruine, lors du passage des Normands et des Hongrois. Poligny se releva lentement de ses désastres et ne redevint un peu considérable que vers la fin du douzième siècle; mais, à l'époque où cette ville appartenait au comte palatin Othon III, une population déjà nombreuse commençait à se grouper sur son territoire.

Othon III avait regagné l'Allemagne, après avoir réglé la question relative à la garde de la Comté de Bourgogne: il ne devait pas revoir cette province. Six aus plus tard, le 19 juin 1248, ce jeune prince rendait le dernier soupir, au milieu d'horribles souffrances: il mourait victime d'un double crime commis à l'aide du fer et du poison. On ignore la cause de ce meurtre; mais on sait que le principal auteur de l'attentat s'appelait Hérold de Haag, et que cet homme était un des chevaliers attachés à la suite d'Othon. L'infortuné prince n'avait pas trente ans lorsqu'il termina ses jours d'une manière si tragique. Othon ne laissait pas de postérité. Après sa mort commença le règne d'une nouvelle dynastie, qui s'établit sans secousse et sans opposition au sein du pays: ce fut la dynastie de la branche cadette de Bourgogne. Les barons comtois étaient depuis longtemps dégoûtés de la domination de la branche aînée, dont l'origine étrangère les humiliait, et, Othon III expiré, ils avaient reconnu pour comte palatin Hugues de Chalon, le mari d'Alix de Méranie. L'avénement de la maison de Chalon exerça sans doute une très-grande influence sur les destinées de la Comté de Bourgogne, mais il ne marqua pas, comme on l'a dit à tort, la fin de la suzeraineté impériale dans le pays. La suite de ce livre prouvera surabondamment le contraire, et, sans aller bien loin en chercher un exemple, l'histoire nous montre Hugues de Chalon lui-même se reconnaissant le vassal de l'Empire dans un traité à la date du mois de juillet 1251, on voit ce prince et sa femme Alix faire alliance avec le duc de Bourgogne « contre toutes gens, sauve la féauté à l'emperour d'Alemaigne, qui doit estre nostre sire. A un aveu si explicite on ne peut rien opposer.

CHAPITRE TROISIÈME.

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Hugues de Chalon, comte palatin de Bourgogne. Jean de Chalon l'Antique ou le Sage. - Affranchissement de Salins; origine de cette ville. Affranchissements de Chaussin, d'Orgelet, de Faverney, d'Ornans et d'autres lieux. - Fondation des communes. - Commencements de la bourgeoisie. Vues de Jean de Chalon sur Besançon; état de cette ville; recouvrement de sa commune. Guerres entre Jean de Chalon et son fils. Besançon, ville impériale. — Nouveaux défrichements dans les montagnes du Jura. - Jean de Chalon et l'Inquisition. — Mort de Jean de Chalon et de son fils. Luxeuil et Gray. - Alix de Méranie, Hugues de Bourgogne et Philippe de Savoie. Guerre en Comté. · Affanchissements de Dôle, de Saint-Amour, de Faucogney et d'Arlay. Othon IV, comte palatin; son caractère. L'empereur Rodolphe de Hapsbourg; son fils Hartmann. Renaud de Bourgogne, comte de Montbéliard; affranchissement de cette ville. État de la Comté au treizième siècle.— Affranchissements d'Arbois, de Nozeroy, de Bletterans, de Montmorot, de Poligny, de Lons-le-Saulnier, de Quingey, et d'autres localités. — Les Vépres siciliennes. · Jean de Chalon, sire d'Arlay Jer. - Parti français et parti impérial en Comté. - Siége de Besançon. Reconnaissance des libertés de cette ville par l'empereur Rodolphe.--Les Bisontins et l'archevêque Eudes de Rougemont. Traité de Vincennes. Confédération des hauts barons comtois. Philippe le Bel, roi de France, et le baron d'Arlay. Mort d'Othon IV. gogne et Philippe de France. Le baron d'Arlay et les Bisontins. Défaite de ceux-ci; perte de leur indépendance. Arrestation des Templiers. - Jacques de Molay; sa conduite; sa mort.

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Jeanne de Bour

Hugues de Chalon avait à peu près trente-trois ans lorsqu'il prit le titre de comte palatin de Bourgogne : c'était un seigneur né avec d'heureuses qualités privées, mais d'une intelligence secondaire, et il se laissa gouverner plutôt qu'il ne gouverna. Son père, le célèbre Jean de Chalon, fut le véritable souverain du pays. Arrêtonsnous un moment sur cet homme remarquable, dont le nom est encore populaire dans les montagnes du Jura. Jean de Chalon l'Antique, le premier d'une race illustre qui commença par un sage et finit par un héros, est la plus grande renommée historique de la Comté de Bourgogne au treizième siècle. Génie à vues élevées, volonté énergique et persévérante, caractère martial et vigoureusement trempé, il joignait à l'autorité morale qui donne le pouvoir, la puissance matérielle qui le fortifie il possédait presque tout le midi de la Comté et de vastes domaines le long de la Saône. Jean de Chalon ne méprisait pas les lettres, mais il les cultivait peu: son faste à lui, comme dit M. Édouard Clerc, c'étaient les milices nombreuses de ses vassaux et la hauteur de ses forteresses; et s'il ne brillait pas par les connaissances littéraires, il excellait dans l'art de lier ensemble ses seigneuries, les fortifiant ainsi l'une par l'autre. Le fameux arrangement qu'il fit avec le duc de Bourgogne fut, sous ce rapport, l'acte capital de sa vie : il échangea le comté d'Auxonne et les terres qui lui appartenaient le long de la Saône, contre le Bourg-Dessus de Salins, avec les châteaux, seigneuries et fiefs en dépendants. L'autre bourg de Salins était à son fils Hugues. La maison de Chalon se trouvait ainsi propriétaire de Salins, c'est-à-dire de la ville la plus riche en revenus qui existât dans la Comté de Bourgogne. En faisant cet échange, Jean de Chalon se montrait calculateur pro

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