L n'appartient qu'à la liberté de connaître la vérité et de la dire. Quiconque est gêné, ou par ce qu'il doit à ses maîtres, ou par ce qu'il doit à fon corps, eft forcé au filence; s'il eft fafciné par l'efprit de parti, il ne devient que l'organe des erreurs.

Ceux qui veulent s'inftruire de bonne foi fur quelque matière que ce puiffe être doivent écarter tous préjugés, autant que le peut la faibleffe humaine. Ils doivent penser qu'aucun corps, aucun gouvernement, aucun inftitut n'eft aujourd'hui ce qu'il a été, qu'il changera comme il a changé, et que l'immutabilité n'appartient point aux hommes. L'Empire eft aujourd'hui auffi différent de celui de Charlemagne que de celui d'Augufte. L'Angleterre ne reffemble pas plus à ce qu'elle était du temps de Guillaume le conquérant, que la France ne reffemble à la France du temps de Hugues Capet; et les usages, les droits, la conftitution, fous Hugues Capet, n'ont rien des temps de Clovis : ainfi tout change d'un bout de la terre à l'autre. Prefque toute origine

eft obfcure, presque toutes les lois fe contredisent dę fiècle en fiècle. La science de l'hiftoire n'eft que celle de l'inconftance; et tout ce que nous favons bien certainement, c'est que tout eft incertain.

Il y a bien peu de lois chez les peuples de l'Europe, foit civiles, foit religieufes, qui aient fubfifté telles qu'elles étaient dans le commencement. Qu'on fouille les archives.des premiers fiècles, et qu'on voię fi l'on y trouvera des évêques fouverains, difant la meffe au bruit des tambours, des moines princes, des cardinaux égaux aux rois et fupérieurs,aux princes, principibus præflant et regibus æquiparantur.

Il fallut toujours rendre la justice; point de fociété fans tribunal : mais qu'étaient ces tribunaux ? et comment jugeaient-ils ? Y avait-il une feule juridiction, une feule formalité qui reffemblât aux nôtres ?

Quand la Gaule eut été fubjuguée par César, elle fut foumife aux lois romaines. Le gouvernement municipal, qui eft le meilleur, parce