parmi eux qui sont à nous tendre les mains..... L'espèce humaine ne vaut pas la peine ni qu'on la respecte ni qu'on se respecte pour elle. » Deux ou trois jours après je retournai chez madame d'Esparbės. <«< Eh bien! me dit-elle, que nous mande Barras? >> Je témoignai ma surprise d'une question semblable, et, pour en finir, je m'expliquai en de tels termes qu'il n'y eut plus à se méprendre sur ma détermination de me tenir à l'écart. La marquise, à travers sa furie d'opinion, était remplie d'esprit et peut-être mème de sens; elle ne m'approuva donc pas, mais du moins comprit mes intentions, les apprécia, et, tout en me grondant sur mon jacobinisme, avoua pourtant que je pouvais avoir. raison, et que, d'ailleurs, pour eux il serait avantageux d'avoir, auprès du plus influent des directeurs, un homme qui les secourût à propos, le cas y échéant. Aussi me traitat-elle moins mal que je ne m'y attendais, et, dès cet instant, cessa toute persécution à ce sujet envers moi. Je raconterai en temps et fins quelle part je pris postérieurement aux négociations renouées qui eurent lieu depuis entre Louis XVIII et Barras. L'abbé de Montesquiou fut moins clément que la marquise; il me garda toujours une rancune dont il m'a donné des preuves en 1814. Celui-là avait bien volé la réputation d'homme d'état qu'on lui fit je ne sais comment : c'était, avec beaucoup d'esprit et de grâce, le musardisme, la paresse, la niaiserie, sous un costume clérical. Il ne fut jamais bon prêtre, mais fort homme du monde, et n'a pas plus brillé au ministère de la restauration que dans le reste de sa carrière. Il se plaignit beaucoup de moi en 1797, prétendant que je m'étais moqué de lui, que je l'avais mystifié. J'avais, au contraire, employé à son égard les formes de la plus haute considération. Mon tort à ses yeux fut sans doute de ne m'être pas immolé à son profit. En vérité, j'aurais poussé trop loin la complaisance envers quelqu'un point mon ami, et dont j'étais très-éloigné. On me rapporta ses propos; je haussai les épaules. On me proposa d'avoir une explication avec lui; je m'y refusai, me figuranț qu'elle pourrait devenir un piége. Je crois pourtant aujourd'hui que la chose n'eût pas été ainsi, surtout après les derniers rapports que nous eûmes ensemble à la suite du 18 fructidor, lorsque je devins l'intermédiaire entre lui et Barras. Il est vrai que ma défection, plus tard, ne dut pas lui complaire; il me l'a bien prouvé depuis. FIN DU SECOND VOLUME. CONTENUS DANS CE VOLUME. CHAPITRE PREMIER. -Conjuration de Babœuf. directoire aux conseils.- Causerie à ce sujet avec Barras. -Les conjurés. —Plan de la conspiration par Baboeuf. Suite rapide de cette affaire. — Lettre folle de Babœuf au directoire. Lettre de Bonaparte. -Sages conseils qu'il CHAPITRE II.-Bonaparte en Italie. Une de ses proclama- tions. Appétit des gens de lettres. - Propos de Barras à ce sujet. Quelques littérateurs. —Les jeunes gens. Leurs manières et leurs costumes. Reproches que les ja- Un acte de Lettre d'un royaliste à un chef de voleurs. - Effroi - - Une dame compromise. Elle écrit à Barras. - Notre Girodet. Barras me raconte les détails de son entrevue |