Alfred de Musset par Eugene de Mirecourt

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J.-P. Roret et cie., 1854 - Authors, French 19th century Biography - 95 pages
 

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Page 52 - Dors-tu content , Voltaire, et ton hideux sourire Voltige-t-il encor sur tes os décharnés? Ton siècle était , dit-on , trop jeune pour te lire; Le nôtre doit te plaire, et tes hommes sont nés. Il est tombé sur nous, cet édifice immense, Que de tes larges mains tu sapais nuit et jour. La mort devait t'attendre avec impatience, Pendant quatre-vingts ans que tu lui fis ta cour; Vous devez vous aimer d'un infernal amour.
Page 24 - Amour, fléau du monde, exécrable folie ", Toi qu'un lien si frêle à la volupté lie, Quand par tant d'autres nœuds tu tiens à la douleur, Si jamais, par les yeux d'une femme sans cœur, Tu peux m'entrer au ventre et m'empoisonner l'âme, Ainsi que d'une plaie on arrache une lame, Plutôt que comme un lâche on me voie en souffrir", Je t'en arracherai, quand j'en devrais mourir.
Page 42 - Ah! malheur à celui qui laisse la débauche Planter le premier clou sous sa mamelle gauche! Le cœur d'un homme vierge est un vase profond : Lorsque la première eau qu'on y verse est impure, La mer y passerait sans laver la souillure, Car l'abîme est immense, et la tache est au fond.
Page 68 - Quand j'ai passé par la prairie, J'ai vu, ce soir, dans le sentier, Une fleur tremblante et flétrie, Une pâle fleur d'églantier. Un bourgeon vert à côté d'elle Se balançait sur l'arbrisseau ; J'y vis poindre une fleur nouvelle ; La plus jeune était la plus belle : L'homme est ainsi, toujours nouveau.
Page 53 - Ne quittes-tu jamais la couche nuptiale Où vous vous embrassez dans les vers du tombeau, Pour t'en aller tout seul promener ton front pâle Dans un cloître désert ou dans un vieux château ? Que te disent alors tous ces grands corps sans vie, Ces murs silencieux, ces autels désolés, Que pour l'éternité ton souffle a dépeuplés ? Que te disent les croix? que te dit le Messie? Oh!
Page 21 - Mardoche et Namouna. M. de Sainte-Beuve, occupé depuis un temps indéfini à tracer des portraits extrêmement littéraires, mais peu ressemblants, insinue quelque part avec, son défaut de bienveillance habituel , qu'Alfred de Musset n'est qu'une pâle copie d'une foule de poêles, ses contemporains ou ses prédécesseurs.
Page 14 - L'aîné, Paul-Edme de Musset, débuta le premier dans les lettres par la Table de nuit, équipées parisiennes, et par la Tête et le cœur, autres équipées. Il a publié, dépuis, beaucoup de romans très-remarquables sous le double rapport de l'invention et du style. Alfred, son frère cadet, acheva ses études dans le même collège que le duc d'Orléans. Il devint le camarade le plus intime du prince, et resta son ami jusqu'au jour où une destinée fatale entraîna sur la route de Neuilly...
Page 33 - Spectacle dans un fauteuil. de calme et de sagesse que vous n'avez pas encore. Alfred de Musset consentit à se laisser diriger et conduire. Il composa pour M. Buloz quelques proverbes, tournés avec une grâce exquise, preuve évidente que la nature de son talent ne lui ferme pas les plus douces régions de la morale, de la délicatesse etde l'esprit.
Page 36 - Les ennemis de M. de Musset (jamais les ennemis ne reculent devant la calomnie et le mensonge) ont voulu lui attribuer, à cette époque, un livre odieux, intitulé la Comtesse Gamiani, où madame Sand serait, dit-on, peinte de pied en cap sous les plus indignes couleurs.
Page 39 - Restauration, et qui achève, en ce moment, son apprentissage dans le conflit de toutes les idées et sur les débris de toutes les croyances, Octave est amoureux; il l'est avec naïveté, confiance, adoration, et, jusque-là, il ressemble aux amoureux de tous les temps; mais au plus beau de son rêve, un soir à souper, étant en face de sa maîtresse, sa fourchette tombe par hasard, il se baisse pour la ramasser, et voit... quoi? le pied de sa maîtresse qui s'appuie sur le pied de son ami intime....

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