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ser que de l'obtenir de force. Cependant il est rare que quelque lien commun ne se présente pas (1).

Comme le prédicateur paraît plus porté par son texte dans l'homélie que dans le sermon synthétique, le premier de ces deux genres est réputé plus facile. Et en effet, il est plus facile de faire une homélie qu'un sermon; mais un bon sermon est plus aisé à faire qu'une bonne homélie. De grands maîtres dans l'art de prêcher, Bourdaloue par exemple (2), n'ont réussi dans l'homélie.

pas

Les plus excellents juges en fait de prédication ont recommandé l'homélie.

Fénelon. « Vous voulez qu'un prédicateur explique de suite et littéralement l'Écriture sainte? « Oui, cela serait admirable (3). »

Herder.

« Dès que la prédication cessa d'être ce «< qu'elle était dans la bouche des apôtres, un message «< proprement dit, elle devint explication de la Parole <«< de Dieu, des écrits apostoliques, de leur doctrine, et

application au troupeau silencieux et recueilli, de << tout ce qui venait de lui être lu. Cela s'appela ho« mélie, et ce n'était, en effet, ni une harangue ni un «< discours.... L'explication de l'Écriture est à mes << yeux la principale et la meilleure prédication, dans <«< notre temps surtout; et je la regarde en particulier

(1) Voyez l'exemple cité par Ammon, Anleitung zur Kanzelberedsamkeit, page 108, note 1.

(2) Exemple: l'homélie sur l'Aveugle-né, (tome II, page 239, de l'édition Lefèvre), dont voici le plan : I. Aveuglement des pharisiens. II. Témoignage sincère, généreux, convaincant de l'aveugle. Un genre comme celui-là est encore plus celui du sermon que celui de l'homélie.

(3) FENELON, Dialogues sur l'éloquence, dialogue III, vers la fin.

<«< comme le meilleur et le plus sûr exercice de prédi<«< cation pour les jeunes gens (1). »

a

Dutoit-Membrini. « Il serait bien à désirer que « ce genre fût plus général. On aurait la parole de « Dieu expliquée d'une suite, et non un tissu de rai<<< sonnements humains auxquels on fait plier un texte. « Les homélies étaient le genre des Pères de l'Église... « Les homélies faites dans le vrai goût, et par des << hommes capables de les faire, seraient extrêmement « utiles. On prend un morceau de l'Écriture, et on l'explique dans son enchaînement; on en développe << le sens intérieur; une infinité d'idées y entrent et << viennent comme à la file; nombre de devoirs sont expliqués en peu de mots (2). Ce serait une façon « de prêcher plus moelleuse, plus scripturaire, plus «< chrétienne. On apprendrait au peuple la manière « dont il doit lire l'Écriture; on la lui explique; on <«< montre la connexion entre des idées qui semblaient « d'abord peu se rapprocher. Enfin, on s'éloignerait << moins de la vraie Parole de Dieu (3). »

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Ammon. « Les homélies sont propres à faire con« naître la Bible toujours moins connue; elles facili<< tent l'application de ses principes à la vie privée et « à la vie publique; la simplicité et la variété qui les <«< caractérisent leur assurent un effet plus général et plus durable sur la majeure partie des auditeurs 2

(1) HERDER, Briefe über das Studium der Theologie, 43er Brief. (Tome II, pages 19-24 de l'édition de Carlsruhe, 1829.)

(2) Voilà un avantage qui touche de bien près à un inconvénient.

(3) Dutoit-MembRINI, Philosophie chrétienne, Discours préliminaire, page 89.

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enfin, elles excitent le prédicateur lui-même à une « étude plus suivie et plus approfondie de l'homme et <<< des documents de notre religion. D'un autre côté, elles ont l'inconvénient de gêner le libre cours << de la pensée du prédicateur, de diviser l'attention << en lui proposant une trop grande diversité d'objets, << et de ne pas laisser assez d'espace au développement << et à l'application d'une vérité particulière (1).

«

Scholl. La Parole de Dieu en est (de l'homélie) «< plus complétement la base et le fil directeur. Ce << genre de prédication appelle naturellement et sans « effort à une plus grande variété d'enseignements, « et dès lors il est mieux adapté aux besoins divers « des âmes. Il combat cette uniformité dans le choix «< de leurs sujets, et ces tendances exclusives aux« quelles les prédicateurs ne sont que trop portés. Il << est plus propre à communiquer la connaissance de <«<l'Écriture sainte dans son ensemble et dans ses dé« tails, à inspirer le goût de la méditation de cette di<< vine Parole, et à apprendre à ceux qui l'étudient à << la lire avec intelligence, avec réflexion, et en s'en « faisant sans cesse une application directe et person« nelle (2).

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Résumé. Cette méthode n'a pas tous les avantages de la méthode synthétique, et elle est susceptible d'abus plus ou moins fâcheux. Ammon vient de nous le montrer. Mais l'absence de certains avantages et la possibilité de certains abus, ce ne sont pas des dé

(1) AMMON, Anleitung zur Kanzelberedsamkeit, page 111.
(2) SCHOLL, Sermons. Londres, 1836. Préface, pages XVI-XVII.

fauts. L'autre méthode aussi n'a pas tous les avantages qu'on peut imaginer; elle n'est pas non plus à l'abri de tous les abus qu'on peut craindre. Ce qu'on peut dire en faveur de celle-ci : 1° c'est qu'elle fait connaître et remet en honneur l'Écriture sainte ; 2° c'est qu'elle est accessible à un plus grand nombre d'intelligences et plaît à toutes en remplaçant par des teintes plus vives la teinte grisâtre de l'abstraction; 3° c'est qu'elle combat les tendances exclusives auxquelles les prédicateurs ne sont que trop portés; 4° c'est qu'elle assure à la prédication plus de variété que le genre synthétique.

SECTION DEUXIÈME.

MATIÈRE DU DISCOURS DE LA CHAIRE.

Le chapitre de notre cours sur le texte peut être considéré comme un simple appendice du précédent, sur le sujet. Nous n'avons donc traité, jusqu'ici, que du sujet du sermon. Aujourd'hui nous commençons à traiter de la matière du sermon.

La matière est au sujet ce que l'édifice est au fondement.

Le sujet, c'est la proposition; la matière en est le développement, la substance même du discours, la pulpe du fruit.

L'ordre que nous suivons dans notre cours n'est pas nécessairement celui qu'a suivi la pensée du prédicateur. Nous allons du sujet à la matière : il a pu, dans la préparation de son discours, aller de la matière au sujet, c'est-à-dire qu'il a pu être conduit à l'invention de son sujet par l'invention des idées principales de son sermon; son sujet en est le résumé, la conclusion; et, dans ce cas, son discours semblerait devoir consis

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