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et déployer toutes les forces de l'intelligence pour arriver à la conception scientifique de Dieu; mais Dieu, qui est vraiment le père des hommes, se donne sans peine et sans recherche aux cœurs droits, aux âmes innocentes; il leur montre, dans leurs angoisses, les éternelles consolations de l'avenir; il les assure dans la justice, en leur apprenant à dédaigner le monde et les plaisirs du monde, et à ne vivre que pour le devoir et le sacrifice. C'est une action virile que d'aller sous le toit du pauvre porter la science de la vie, ranimer les courages, donner un outil, de l'ouvrage, de la fierté, de la sécurité; mais si l'on pouvait, si l'on osait, à cette âme endormie, parler des vérités éternelles et de la solide espérance, le bienfait ne serait plus comme une pierre que l'on jette dans l'abîme, qui fait un grand bruit et un certain mouvement d'une seconde, suivis d'une éternelle immobilité. Ce qui rend le soldat indifférent au danger et à la peine, c'est le sentiment profond de la justice d'une cause, ou l'honneur national exalté jusqu'à l'héroïsme; et dans le champ de bataille de la misère, où l'on compte tant de blessés et de morts, c'est aussi la foi, c'est la croyance en Dieu et au devoir qui donne la résignation, le vrai courage, la persévérance infatigable. Nous craignons seulement qu'il n'y ait plus d'apôtres. Cette société, qui périt de scepticisme, n'a pas le droit de prêcher des croyances qu'elle a

perdues ou qu'elle n'a pas encore retrouvées. De toutes les entreprises, la plus déloyale et en même temps la plus inutile, est de prêcher la foi, étant incrédule, et de faire de Dieu un instrument de domination. Donnons d'abord aux ouvriers les moyens d'apprendre et de réfléchir. Quand on leur aura ouvert les champs sans horizons de la pensée, qui sait si ces nouveaux venus ne dépasseront pas leurs maîtres? Ils voient de plus près les rudes conditions de la vie; et dût notre délicatesse en murmurer, à force de tout pénétrer et de tout expliquer, nous sommes peut-être devenus incapables de rien respecter et de rien croire.

Il faut d'ailleurs se rappeler que nous sommes jugés sévèrement et justement dans les ateliers. Les ouvriers connaissent l'état de nos esprits et de nos mœurs; ils nous savent sceptiques, sans savoir ce que c'est que le scepticisme. Ils sont particulièrement rebelles à la morale qui leur arrive sous forme de leçon. Ils se demandent s'ils sont incapables de penser, et s'ils ont tant besoin qu'on le leur apprenne. Ils se disent qu'il est trop facile à des gens à peu près oisifs, bien nourris chez eux, bien vêtus, habitant de vastes maisons et dépensant beaucoup pour leurs plaisirs, de conseiller aux autres la résignation, l'économie, la sobriété. Pauvres, et aigris de leur pauvreté, ignorants, et honteux de leur ignorance, ils craignent toujours d'être ou trompés

ou exploités. Leur erreur, car c'est une erreur, ne peut être dissipée par la parole. Il faut agir sur eux par la voix longue et sûre des institutions. Le bienfait effectif, souvent méconnu dans les commencements, finit toujours par porter avec lui son évidence, tandis que la parole, mille fois plus puissante dans le mal que dans le bien, n'a d'influence que pour exalter leurs passions, jamais pour les domp- · ter. On fait peut-être quelques conversions à coups d'aumônes; reste à savoir ce qu'elles valent, et si l'aumône, qui en est la cause, n'en est pas aussi le but. La seule école que les ouvriers puissent aimer et, à vrai dire, la seule puissante et féconde école en ce monde, c'est la famille. Si, voulant indiquer où est le périi, nous avons surtout étudié la situation des femmes, ce n'est pas parce que les femmes sont les plus malheureuses dans le malheur commun; c'est parce que les habitudes de la vie de famille sont nécessaires à la rénovation des caractères, et par conséquent au salut de cette société intelligente et souffrante. Quand par une mâle discipline on aura rempli les ouvriers du sentiment de leur responsabilité, quand on les aura dégoûtés des joies serviles du cabaret et ramenés à la source pure et intarissable des nobles sentiments et des fortes résolutions, ils trouveront dans les enseignements du foyer cette religion du devoir que nous n'avons, hélas! ni le droit ni la force de leur annoncer. Oui,

la croyance est aussi nécessaire à l'âme de l'homme

que le pain à son corps; c'est seulement quand l'homme a le sentiment du devoir, qu'il est maître de sa destinée; c'est par le devoir qu'il grandit, c'est par le devoir qu'il est consolé ; en présence des affreux malheurs où languit une portion considérable de l'humanité, quand tous les efforts de la loi et de la science sont impuissants, le devoir seul est un remède digne de la profondeur du mal. Mais si nous voulons que le sentiment du devoir pénètre jusque dans nos os et se lie en nous aux sources mêmes de la vie, ne comptons pour cette grande cure que sur la famille. Ce n'est pas trop de cette force, qui est la plus grande des forces humaines, pour obtenir un tel résultat.

FIN.

INDEX.

Aix, p. 421.

suiv.; 211.

421.

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L'Alsace, p. 147, 199, 389.

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Alençon, p. 207 et
Amiens, p. 130

et suiv.; 136, 149, 165 et suiv.; 343, 366, 383.-Angers, p. 416,
M. l'archevêque de Lyon, p. 59. Le département de
l'Ardèche, p. 60, 70. Le département des Ardennes, p. 384.—
Arras, p. 208.- Lord Ashley, p. 51. — M. Aubé père, p. 171.
M. Louis Auber, p.
p. 54, 196, 208.

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171.

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M. Audiganne, p. 1. — L'Auvergne,
Le département de l'Aveyron, p. 233, 244.

Les mines de l'Aveyron, p. 95.

Baccarat, p. 121 et suiv.; 148, 388.-M. Bader, p. 372, 415.

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M. David Bacot, p. 121, 201, 359 et suiv.; 384.
partement du Bas-Rhin, p. 214, 357.
Basses-Pyrénées, p. 357. — M. Bernard, p.
M. Bertèche, p. 384. Bischwiller, p. 177.
M. Blanqui, p. I, 155 et suiv.; 173.
M. Henri Bourdon, p. 24.
Bretagne, p. 203, 226.

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M. Callebaut, p. 279.

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Blamont, p. 200.

- Bordeaux, p. 334.
Bourg-Argental, p. 57.

M. Eugène Buret, p. 296.

Cambrai, p. 200.

La

Le Cateau,

p. 141, 144, 360, 383. — Châlons, p. 421. — M. R. J. Chambers,

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