Éloges de Madame Geoffrin: contemporaine de Madame Du Deffand, par MM. Morellet, Thomas et d'Alembert, suivis de lettres de Madame Geoffrin et à Madame Geoffrin : et d'un essai sur la conversation, etc., etc

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Popular passages

Page 126 - Geoffrin avait fondé chez elle deux dîners, l'un (le lundi), pour les artistes ; l'autre (le mercredi), pour les gens de lettres ; et une chose assez remarquable, c'est que, sans aucune teinture ni des arts, ni des lettres, cette femme qui de sa vie n'avait rien lu ni rien appris qu'à la volée, se trouvant au milieu de l'une ou de l'autre société, ne leur était point étrangère ; elle y était même à son aise ; mais elle avait le bon esprit de ne parler jamais que de ce qu'elle...
Page 105 - ... encore. On trouvera peut-être un peu sèche la bienfaisance du philosophe; mais du moins on ne lui reprochera pas l'ostentation. Que le ciel donne à tous les hommes la bienfaisance, même avec autant de sécheresse , mais surtout avec autant de simplicité ; et que le genre humain bénisse la vertu active , qui sait , comme la digne amie de Fontenelle , mettre ce sentiment en action dans les cœurs où il repose et attend qu'on le réveille.
Page 127 - Elle était simple dans ses goûts, dans ses vêtements, dans ses meubles, mais recherchée dans sa simplicité, ayant jusqu'au raffinement les délicatesses du luxe , mais rien de son éclat ni de ses vanités ; modeste dans son air , dans son maintien , dans ses manières , mais avec un fond de fierté et même un peu de vaine gloire.
Page 153 - Il fit donc son unique étude de cette partie de la philosophie qui concerne les mœurs , et qui s'étend à tous les âges et à toutes les conditions de la vie; et cette nouvelle manière de philosopher fut d'autant mieux reçue , que celui qui en...
Page 103 - mon profit de ce que me disait souvent le bon abbé « de Saint-Pierre , que la charité d'un homme de bien « ne devait pas se borner à soulager ceux qui souffrent, « qu'elle devait s'étendre aussi jusqu'à l'indulgence dont « leurs fautes ont si souvent besoin ; et j'ai pris comme « lui pour devise ces deux mots : Donner et pardonner.
Page 106 - On peut juger par -là qu'elle regardait la paternité comme le plaisir le plus doux de la nature. Mais plus ce plaisir était sacré pour elle , plus elle voulait qu'il fût pur et sans trouble. C'est pour cela qu'elle priait ceux de ses amis qui étaient sans fortune de ne pas se marier.
Page 191 - J'ayme, entre les galans hommes, qu'on s'exprime courageusement, que les mots aillent où va la pensée.
Page 105 - ... à observer en eux la nature, qui , grâce à nos mœurs , ne se laisse plus voir que dans l'enfance ; elle se plaisait à causer avec eux , à leur faire des questions , et ne souffrait pas que les gouvernantes leur suggérassent la réponse. J'aime bien mieux , leur disait-elle, les...
Page 111 - ... l'une à l'autre. Que me reste-t-il dans la solitude où mon cœur se trouve que de penser à elles et de les pleurer ! La nature, qui nous a fait naître pour la douleur et pour les larmes , nous a fait dans notre malheur deux tristes présens dont la plupart des hommes ne se doutent guère : la mort pour voir finir les maux qui nous tourmentent, et la mélancolie pour nous aider à supporter la vie dans les maux qui nous flétrissent. Le cœur encore tout plein de la première perte que je...

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