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M. Povillon-Piérard vous a envoyé plusieurs bonnes notices archéologiques.

Vous avez reçu de MM. Monnot des Angles, de Brière et Rupert-Lebeau, plusieurs pièces de vers; de M. Fanart, un discours plein d'érudition sur l'utilité d'étudier la musique dans son histoire ; de M. Gaspard Belin un ouvrage intitulé: Exposition des principes de rhétorique.

M. Materne ne vous oublie pas. Il vous a fait part, cette année, de sa traduction de la vie de César, par Plutarque. Vous trouverez toujours trop rares les communications de votre collègue.

Enfin, Messieurs, vous devez à M. le comte Dessoffy plusieurs écrits littéraires, tous remarquables par l'élévation des pensées et la richesse de l'expression. Je citerai ses réflexions sur l'influence que peut avoir notre situation actuelle sur la littérature; son essai sur Châteaubriand et celui sur Victor Hugo, qui fait partie des lectures de cette séance. Depuis que M. Dessoffy est entré dans vos rangs, il n'a pas seulement charmé vos séances par ses lectures intéressantes, il vous a prêté dans vos travaux plus sérieux une utile coopération.

Vous avez fait, cette année, deux grandes pertes dans la personne de M. le docteur Moignon et dans celle de M. Houzeau-Muiron.

Tout à l'heure, un de vos collègues vous rappellera la vie du plus ancien de vos membres, M. Moignon. Quant à la biographie de M. Houzeau, vous ne l'attendez pas de moi, Messieurs, elle serait superflue dans

ma bouche. La vie politique de M. Houzeau appartient à toute la France, et toute la France a regretté en lui l'un de ses plus honorables représentants et l'un des plus ardents défenseurs de la grandeur du pays et de tous ses progrès. A d'autres titres, M. Houzeau appartient surtout à Reims. Vous pouvez envier, mais vous devez laisser à la ville qui l'a vu naître l'heureux privilége de retracer ses belles qualités privées, l'utile part qu'il a prise à son administration, et les services nombreux qu'il a rendus à la science et à l'industrie.

Vous avez acquis, comme membres titulaires résidants:

MM. Sellier, Duguet et Boulard (*).
Et comme membres correspondants:
M. Havard, notaire à Charolles;

M. Remy, père, instituteur et botaniste à Livry;
M. d'Hombres-Firmas, géologue à Alais (Gard);
M. Etienne Gallois, homme de lettres, à Paris;
M. Bonneville, procureur du roi, président de
l'Académie de Reims;

M. Disaut, sous-préfet à Sainte-Ménehould;
M. Louis Pein, avoué à Verdun ;

M. le comte Dessoffy, propriétaire à Moncets; M. Blanchard, professeur de mathématiques à Clermont-Ferrand;

M. de Vroïl, avocat à Reims;

M. de Pinteville-Cernon, président du Comice à Châlons.

Je vais maintenant vous entretenir de vos concours.

(*) Ce dernier faisait déjà partie de la Société, depuis 1837, comme membre correspondant

Des circonstances indépendantes de votre volonté vous ont empêchés de donner à ceux de l'année dernière la publicité accoutumée. Je dois donc vous en reparler.

Vous aviez offert un prix à l'auteur du meilleur mémoire sur le Reboisement de la France. Vous n'avez pu le décerner; aucun des concurrents ne vous a paru avoir traité cette grande question d'une manière assez complète. Vous avez cependant distingué un mémoire remarquable par des aperçus ingénieux et par l'indication de bonnes vues. Vous avez décerné à son auteur, M. Grandyaux de Dole, une médaille d'or à titre d'accessit. L'auteur démontre parfaitement, dans son mémoire, la nécessité du reboisement. Les inondations qui, depuis le commencement de ce siècle, reviennent si souvent désoler le Midi; le changement de climatures, si variables maintenant, n'ont pas d'autre cause que le dépouillement de nos montagnes. C'est le résultat de la loi de 1791, qui a aboli toutes les restrictions mises antérieurement à l'exercice du droit de propriété privée sur les forêts, et sous l'empire de laquelle, pendant douze ans, c'est-à-dire jusqu'à son abrogation, des déboisements considérables ont eu lieu. Ajoutons que, depuis 1830, on s'est remis à cette œuvre déplorable.

D'un autre côté, l'industrie qui se développe tous les jours de plus en plus, la consommation particulière qui suit le même mouvement, enfin, l'intérêt qu'on doit montrer pour les générations futures, réclament contre l'abus qu'on a fait des défrichements.

M. Grandvaux voudrait qu'on prorogeât la prohibition au défrichement des bois portée au Code forestier, dont le terme expire en 1847. Cette prorogation sera sans doute une atteinte portée au droit de propriété, et de plus, cette prohibition pourra lui causer un

grand préjudice. Il y a donc lieu à dédommager les propriétaires. Voici en quelques mots le système que l'auteur expose à ce sujet.

On n'accorderait point d'indemnités pour les bois plantés sur les terrains en pente, ou dans les lieux marécageux. Leur défrichement serait plutôt préjudiciable qu'avantageux au propriétaire. En le lui interdisant, on l'empêchera de faire une mauvaise spéculation.

Quant aux autres terrains, on fixerait l'indemnité d'après la différence du produit réel avec le produit qu'on pourrait obtenir du défrichement, défalcation faite des frais qu'il occasionnerait. L'auteur ne pense pas que ces indemnités puissent devenir une charge bien lourde pour le Trésor, parce que dans son intérêt et dans l'intérêt surtout de l'agriculture, on n'empêcherait pas les défrichements dans les bons terrrains de plaine dont la culture en céréales ou en prairies serait facile et avantageuse.

L'auteur examine ensuite les mesures qu'on devra prendre pour préparer le reboisement. Afin de recomposer l'ancien état de choses, il faudra rétrograder successivement sur les faits accomplis, et ramener d'abord quelque végétation à la surface des terrains nus. Pour y parvenir il est nécessaire de les interdire au parcours, ou du moins de les soustraire à une dépaissance hors de mesure. Lorsque le parcours scra absolument nécessaire à l'industrie des habitants, à ceux des Alpes et des Pyrénées, par exemple, la loi devra donner au Gouvernement le pouvoir qu'il n'a pas maintenant, de prescrire l'interdiction de parcours sur certains points, et sur d'autres la limitation des bestiaux et l'aménagement des pâturages.

Viendront ensuite les travaux de sylviculture. Voici comment on procédera :

L'administration fera connaître, chaque année, les propriétés particulières qu'elles projéterait de reboiser cinq ans plus tard.

Les propriétaires seront libres de planter eux-mêmes leurs terrains, mais sur les indications de l'administration, qui leur fournira gratuitement les semis et plants.

A défaut par eux d'avoir usé de cette faculté, l'administration, au terme des cinq années, expropriera ces terrains et en prendra possession après indemnité.

Maintenant, par qui se fera le reboisement des terrains expropriés? M. Grandvaux ne pense pas que l'État puisse se charger de cette grande opération. Il a trop à faire maintenant pour ses chemins et ses canaux, ses ports et sa marine. Ce sont les communes qui doivent, suivant l'auteur, payer la valeur des terrains et faire tous les travaux de reboisement.

La répartition des frais de l'opération entre les communes et les départements intéressés, se fera dans la proportion de l'avantage que chacun doit y trouver, et aussi en proportion des pertes résultant des dégâts que le reboisement aura pour effet de prévenir par la suite.

Quant aux moyens de couvrir les dépenses, l'auteur pense que l'opération devant être successive, les communes les trouveront dans leurs ressources ordinaires. Si elles ne sont pas suffisantes on pourra recourir au système des prestations en nature, lorsque la commune ne sera pas en état de supporter un impôt supplémentaire.

M. Grandyaux ne veut pas que les travaux de re

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