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C'est une observation que vous avez déjà faite bien des fois, et vous saisirez avec empressement cette occasion de la reproduire, puisqu'elle s'applique à l'introduction de toute espèce de plantes nouvelles dans le pays.

Vous avez décerné à M. Duguet une médaille d'argent pour ses utiles importations.

Les noms de houblon, garance, pastel, ont été bien des fois prononcés dans les comptes rendus de vos secrétaires. Vous avez toujours dit que ces cultures pourraient être introduites avec succès dans notre pays, qu'avec des efforts, de la persévérance, nos laboureurs pourraient tirer un grand profit de ces produits. Ce que vous avez dit en théorie, l'expérience d'un agriculteur éclairé et pratique vient de le confirmer. Depuis quelques années, M. Bornot, de Vert-laGravelle, cultive le houblon et en tire un bon parti, Aujourd'hui que la consommation de la bière va toujours croissant, pourquoi continuerions nous à demander le houblon à des contrées voisines, si notre pays peut nous la donner?

Les essais de M. Bornot sur la garance et le pastel lui ont également réussi.

M. Bornot a bien mérité la médaille d'argent que vous lui avez décernée.

Sous le titre modeste de : Extrait pratique sur l'Éducation économique des abeilles', M. Prot de Livry, vous a adressé un véritable traité sur ce sujet. La vie

'M. LEBRUN, rapporteur.

des abeilles, leurs habitudes, leur nourriture, les causes d'essaimage; les diverses constructions des ruches, les procédés pour l'extraction et la purification du miel et de la cire, la conservation du miel et son emploi sont successivement passés en revue avec un soin et une clarté qui prouvent que l'auteur ne s'est pas contenté d'apprendre dans les livres qu'il cite. Cet ouvrage est celui d'un homme de bonne pratique, et peut être consulté avec avantage par les personnes qui s'occupent de l'éducation des abeilles.

M. Thiroux vous a fait hommage de la nouvelle édition qu'il a donnée de son Manuel de police rurale. Vous avez déjà rendu un compte satisfaisant de cet ouvrage. Vous n'ajouterez qu'un mot à ce que vous en avez dit : c'est un livre que le plus petit cultivateur doit avoir.

En vous rendant compte d'un travail sur l'absorption des poisons métalliques par les végétaux, votre collègue, M. Faure vous a signalé les dangers que présente l'emploi de quelques substances pour le chaulage des grains. Déjà M. Desmarets avait appelé votre attention sur la funeste habitude que quelques cultivateurs ont de se servir de l'arsenic. Les substances toxiques n'auraient pas seulement les inconvénients qui résultent de la manipulation. On pourrait craindre encore que, par leur absorption par les plantes, elles ne devinssent préjudiciables à la santé publique. Le sulfate de cuivre, employé généralement aujourd'hui pour le chaulage, présenterait ce double danger, et M. Faure pense qu'on pourrait le remplacer avec succès par le sulfate de soude, qui rendrait les mêmes

services, et qu'on peut d'ailleurs obtenir à un prix beaucoup moins élevé.

Votre correspondance scientifique vous a plus d'une fois fourni des faits d'un intérêt tout local pour notre pays; c'est ainsi que M. Caquot, vous a rendu compte d'observations curieuses de physiologie végétale, faites par l'Académie des sciences, sur des expériences de M. Leclerc-Thouin, au sujet de l'influence des feuilles de la vigne, sur le développement et la maturité des raisins.

L'expérience a démontré que les feuilles de la vigne étaient nécessaires pour le développement et la maturité du fruit. Cependant l'épamprement est quelquefois une chose utile; mais dans quelles conditions doit-il être pratiqué? La solution de cette question a pu déjà être avancée par les faits suivants, que votre rapporteur a fait ressortir de la savante discussion de l'Académie.

La suppression totale, ou dans une grande proportion, des feuilles de la vigne, arrête le développement et la maturité des raisins.

La suppression partielle des feuilles, au printemps, provoque le développement de bourgeons auxiliaires, qui remplacent les feuilles enlevées. A une époque plus avancée, quand les bourgeons ne peuvent plus se développer, cette suppression arrête le développement des grains, diminue la quantité de moût, retarde la maturité et nuit à l'élaboration du principe sucré.

Le temps vous a manqué pour examiner aussi sérieusement que vous l'auriez voulu, les statuts d'une Compagnie d'assurances contre la grèle, établie à Li

moges, dont l'action s'étendrait à toute la France; mais vous pouvez déjà approuver le principe sur lequel elle repose.

Si les assurances contre la grêle peuvent s'établir en France, c'est surtout en prenant la mutualité pour base.

Il est bien à regretter qu'on n'ait pas dès le principe appliqué ce systême aux assurances contre l'incendie.

La prime que l'on aurait eu à payer eût été de beaucoup inférieure à l'impôt considérable que l'industrie particulière est parvenue à établir en France.

Dans le cours de vos travaux, vous avez été plusieurs fois amenés à examiner l'importante question de l'introduction libre des bestiaux étrangers en France. Vos conclusions ont toujours été que cette mesure n'apporterait aucun préjudice à notre agriculture, et qu'elle serait profitable à notre industrie, en favorisant, par les échanges, le débouché de ses produits, qui d'ailleurs, pour la plupart au moins, tirent aussi leur origine de l'agriculture.

Vous ne continuerez pas moins à étudier d'une manière particulière tout ce qui est dit pour ou contre le système prohibitif. -Votre collègue, M. Joseph Perrier vous a rendu compte de plusieurs travaux dans l'un et l'autre sens.

Dans un mémoire en faveur de la prohibition, publié dans les annales de la Société académique de la Charente, MM. Rivaux et de Lunesse prétendent que la production suffit à la consommation, que la moindre diminution dans les droits sur les bestiaux étrangers tuerait l'industrie des éleveurs français, et qu'ainsi

celte mesure retomberait sur les consommateurs qui deviendraient tributaires de l'étranger.

Il n'est aucun de ces moyens auxquels vous n'ayez déjà répondu; en reproduisant ses observations de l'année dernière, votre rapporteur a trouvé une arme excellente à opposer aux doctrines économiques de MM. Rivaux et de Lunesse, car elle lui a été fournie par un rapport fait, au nom de la même Société, sur l'état de l'industrie vinicole, par une commission dont MM. Rivaux et de Lunesse faisaient partie. On lit dans ce travail :

« L'association des douanes allemandes est née de » l'élévation de nos droits sur quelques-uns des pro>> duits de l'Allemagne, particulièrement sur l'in»>dustrie du bétail; nos vins en ont subi le contre>> coup.

>> Des alliances commerciales, basées sur des tarifs » équitables, sont nécessaires à la production vinicole » de la France; mais pour arriver à ce but, il faut » modérer le système protecteur.

>> Nous ne sommes pas seulement une puissance » agricole, nous sommes aussi une puissance indus»trielle, nous ne pouvons donc pas nous enfermer » dans un système exclusivement protecteur. L'é»poque des concessions mutuelles est arrivée, une »sage politique conseille l'abaissement graduel des >> tarifs. >>>

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Les partisans de la diminution des droits sur le bétail étranger, ont d'ailleurs une excellente raison à donner à l'appui de leur cause; c'est que le maintien

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