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fois des forges, probablement dans un temps où le pays. était plus boisé. M. Renard pense que l'emploi de la tourbe donnerait une chaleur suffisante pour la fusion du fer. Il s'agit seulement de trouver un procédé convenable, et il serait à désirer qu'un maître de forges consentît à se livrer à des expériences qui seraient trop coûteuses pour tout autre.

La première richesse de notre pays, la vigne de Champagne a bien des fléaux à redouter; les insectes surtout lui font une rude guerre. L'année dernière, nos vignobles ont beaucoup souffert, la montagne de Reims surtout. On n'évalue pas à moins de 5 à 400,000 fr. la perte qu'aurait éprouvée la commune seule de VerLes de combattre cet ennemi doivent naturellement faire partie de vos études. Depuis longtemps déjà, votre collègue, M. Dagonet, consacre à cette importante recherche ses connaissances entomologiques. A plusieurs reprises, il a publié des observations que toutes les personnes qui s'intéressent à l'industrie viticole feront bien de consulter.

zenay.

moyens

Dans un nouveau travail qu'il vous a soumis cette année, et dont vous avez cru devoir publier un extrait, M. Dagonet s'est attaché à déterminer l'espèce, les mœurs et les habitudes de la teigne de la vigne à laquelle on doit attribuer les dévastations qui ont eu lieu pendant l'automne de 1841 et que l'on avait déjà rcmarquées en 1837.

De l'histoire naturelle de cet insecte, un de ceux qui font le plus de mal à la vigne, on peut déjà tirer cette conclusion que, fort heureusement, sa reproduction excessive d'une année à l'autre est peu probable,

car elle exige la réunion de certaines conditions de la température fort rare sous notre climat.

Dans la seconde partie de son travail, votre collègue discute différents moyens proposés pour la destruction des insectes. Il en est un entr'autres récemment indiqué: il consiste à coucher les échalas sur le sol, au lieu de les réunir en moies (moyères). On espère ainsi faire périr les chrysalides par le froid et l'humidité: ce moyen est inefficace. Outre qu'il pourrait être trèspréjudiciable aux bâtons, il résulte des observations d'un grand nombre d'entomologistes (parmi lesquels on doit citer le professeur Audouin) que les vers de la vigne, comme beaucoup d'autres chenilles, résistent au froid le plus intense.

Roberjot a conseillé d'allumer de grands feux pour y attirer et y brûler le papillon de la pyrale.

Modifiant ce procédé, M. Audoin a obtenu dans le Màconnais, la destruction d'un assez grand nombre de papillons, en posant des lampions allumés sur des plateaux enduits de sain-doux. Si ce moyen ne peut être préconisé comme infaillible, du moins il peut être l'objet d'expériences qui, pour avoir des succès contre la vigne, devront être faites par un temps doux et calme, du 20 au 30 mai; contre la pyrale, ce serait du 1er au 10 septembre, sauf à modifier ces époques suivant les conditions atmosphériques.

Comme il peut être utile de faire connaître tous les procédés proposés pour la destruction des insectes nuisibles, nous indiquons un moyen soumis à la Société par M. Vessel, charron à Ambonnay: il propose d'employer des caisses en bois, percées d'un grand nombre de trous, enduites à l'extérieur d'un corps

gras, et dans l'intérieur desquelles on mettrait une lumière. Ces caisses paraissent préférables aux lampions découverts, elles devraient être élevées au moins à un mètre au-dessus du sol, et avoir environ un mètre de longueur et cinquante centimètres dans leurs deux autres dimensions.

Lorsque les bâtons ont été réunis en moyères au commencement de l'hiver, les passer à la flamme, les exposer à la chaleur d'un four, les immerger dans l'eau bouillante, ainsi que l'indique encore M. Vessel, ce serait assurément le plus rationnel des moyens à employer; mais est-il certain qu'un grand nombre de larves n'ont pas été prendre leur poste sur les souches même de la vigne? C'est un fait qui demande à être constaté. La Société a indiqué, en 1857, un procédé pour passer au feu un grand nombre de bâtons à la fois.

Il est d'ailleurs quelques pratiques qu'il serait bien utile de faire entrer dans le travail régulier de la vigne. Ce serait entr'autres d'enlever les feuilles roulées dans lesquelles l'attelabe, ou rynchite du bouleau (la cunche), dépose ses œufs, et d'écraser entre les doigts les vers de la pyrale et ceux de la teigne qui se réfugient dans les folioles supérieures de la plante, les premiers du 15 mai au 1er juin, les seconds du 1 au 15 juin.

En résumé, pour la destruction des insectes, la science ne peut que poser des principes, qu'indiquer la voie. C'est à la pratique à suivre celle-ci et à l'élargir. L'expérience pourra arriver à modifier d'une manière facile les procédés indiqués. Le vigneron ne doit pas seulement regarder le mal et se plaindre. Pour détruire l'ennemi, il faut qu'il le veuille et

qu'il mette aussi la main à l'œuvre. Ils doit surtout bien se pénétrer qu'il n'est pas absolument nécessaire que les mesures qu'il adopte soient générales pour être préservatrices. En effet, le vol des papillons nocturnes a fort peu de portée, et il est vraisemblable que de grandes pièces bien nettoyées seraient à l'abri des ravages.

MM. Alexandre Berthaux, de Monthelon, et Félix Quinet, de Chavot, à qui vous devez déjà de nombreuses communications, vous ont aussi indiqué des moyens pour détruire les insectes. La nécessité de les soumettre à un examen critique et à une vérification scrupuleuse, n'a pas encore permis, à la commission chargée de ce travail, de vous faire son rapport.

Votre collègue, M. Lebrun, vous a fait un rapport sur l'excellent travail de M. de Saulcy, au sujet du hannetonnage qu'a publié la Société d'agriculture de la Seine-Inférieure. Les vignes et les oseraies de notre pays ont quelquefois souffert beaucoup des ravages de cet insecte. Vous avez cru devoir soumettre le rapport de M. Lebrun à l'attention de l'autorité administrative. Elle pourra, pour le cas indiqué, y trouver d'utiles renseignements.

Vous vous intéressez toujours, Messieurs, aux progrès d'une culture qui peut être appelée, dans un avenir peu éloigné, à jouer un grand rôle dans notre pays : c'est le Polygonum tinctorium. Vous ne vous êtes pas contentés de vos propres essais sur la culture de cette plante et sur l'extraction de sa matière colorante. Vous avez demandé de nouveaux renseignements à la Sociéte d'agriculture d'Indre-et-Loire, dont les tra

vaux sur le polygonum méritent d'être cités. Les expériences qu'elle a faites sur une assez grande échelle concordent avec ce que vous avez dit l'année dernière. Il résulte de ses communications que le polygonum réussit dans les terrains frais, légers, riches en fumiers, que les feuilles seules contiennent la matière colorante, qu'elles ne doivent être cueillies que lorsqu'elles sont marbrées de bleu, que l'extraction de l'indigo est facile par la macération à froid, que l'indigo obtenu par ce moyen possède toutes les propriétés physiques, chimiques et tinctoriales des beaux indigos des Indes et du Bengale, enfin qu'un hectare employé à cette culture pourrait donner un bénéfice de 300 à 460 francs. Ce serait un bien beau résultat, s'il venait à être constaté par de nouveaux faits (1).

Le riche produit du ver-à-soie ne paraît plus être un des privilèges de nos climats méridionaux. Dans peu, vous l'espérez, Messieurs, nos départements du centre et du nord seront appelés à jouir aussi des avantages attachés à cette belle industrie, et ce surcroît de production allégera le pays d'un tribut de 40 à 50 millions qu'il paie encore à l'étranger. Le mûrier blanc s'accommode très-bien de notre sol et de notre tempé rature. Cette année, malgré la sécheresse, votre correspondant, M. de Tillancourt, dans sa plantation du Reclus (Marne), de 4 hectares environ, n'a pas perdu un seul arbre, et il annonce que la végétation de ses mûriers est aussi belle que dans les années précédentes. L'exploitation d'une magnanerie n'est ni difficile ni

(4) M. le docteur Salle, rapporteur.

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