Page images
PDF
EPUB

LUCET TE.

Non ya res de tan beritable.

NERINE.

Il gn'y a rien de plus chertain.

LUCETT E.

Aufos-tu dire lou contrari, avalifquos?

NERIN E.

Ef-che que tu me demaintiras,méchaint homme?
M. DE POURCEAUGNAC.
Il eft auffi vray l'un que l'autre.
LUCET TE.

Quaign'inpudenffo! Et couffy, miferable, nou te foubenes plus de la pauro Françon, & del paure Jeanet, que foun lous fruits de noftre mariatge? NERIN E.

Bayez un peu l'infolence. Quoy, tu ne te fouviens mie de chette pauvre ainfain, no petite Madelaine que tu m'as laichée pour gaige de ta foy?

M DE POURCEAUGNAC.

Voilà deux impudentes carognes!

LUCETTE.

Beny, Françon, beny, Jeanet, beny toustou,beny touftoune, beny fayre beyre à un payre dénaturat, la duretat quel a per nautres.

NERIN E.

Vencz, Madelaine, men'ainfain,venez-vesen ichy faire honte à vo pere de l'impudainche qu'il a. JEA. FAN. MAD.

Ah mon Papa, mon Papa, mon Papa.
M. DE POURCEAUGNAC.
Diantre foit des petits fils de putains.
LUCETTE

Coufly,trayte,tu nou fios pas dins la darniere confufiu,de reffaupre atal tous enfans,& de ferma l'aureillo à la tendreffe paternello? Tu nou m'escaparas pas,infame,yeu te boly feguy per tout & te reproucha ton crime jufquos à tant que me fio benjado, & que t'ajo fayt penja, couqui, te boly fayre penja. NERIN E.

Ne rougis-tu mie de dire ches mots-là, & d'être infainfible aux caireffes de chette pauvre ain fain? Tu ne te fauveras mie de mes pates; & en dépit de tes dains, je feray bien voir que je lista femme, & je te feray peindre.

Les

Les Enfans tous ensemble.

Mon Papa, mon Papa mon Papa.
M. DE POURCEAUGNAC.

Au fecours, au fecours, où fuiray-je? je n'en puis plus.

ORONT E.

Allez, vous ferez bien de le faire punir, & il merite d'être pendu.

SCENE IX.
SBRIGANI.

JE conduis de l'œil toutes chofes, & tout ceci ne

va pas mal. Nous fatiguerons tant nôtre Provin cial, qu'il faudra, ma foy, qu'il déguerpiffe.

SCENE X.

M. DE POURCEAUGNAC,
SBRIGANI.

M. DE POURCEAUGNAC.
!
H je fuis aflommé. Quelle peine! quelle mau-

[ocr errors]

SBRIGANI.

Qu'eft-ce, Monfieur, eft-il encore arrivé quelque chofe?

M. DE POURCEAUGNAC. Ouy. Il pleut en ce païs des femmes & des lave

[blocks in formation]

Comment donc ? ·

M. DE POURCEAUGNAC.

Deux carognes de baragoüineufes me font venu accufer de les avoir époufé toutes deux, & me menacent de la Juftice.

SBRIGAN I.

Voilà une méchante affaire, & la Juftice en ce païs-ci eft rigoureuse en diable contre cette forte de crime.

M. DE POURCEAUGNAC Ouy: Mais quand il y auroit information,ajour nement, décret & jugement obtenu par surprise, defaut & contumace, j'ay la voye de conflit de ju

rifdiction, pour temporifer & venir aux moyens de nullité qui feront dans les procedures.

SBRIGAN I.

Voilà en parler dans les termes; & l'on voit bien, Monfieur, que vous étes du mêtier.

M. DE POURCEAUGNAC.
Moi, point du tout, je fuis Gentilhomme.
SBRIGANI

Il faut bien pour parler ainfi, que vous ayez étudié la pratique.

M. DE POURCEAUGNAC.

Point, ce n'eft que le fens commun qui me fait juger que je feray toûjours receu à mes faits justifcatifs, & qu'on ne me fçauroit condamner fur une fimple accufation, fans un recollement & confrontation avec mes parties.

SBRIGANI.

Envoilà du plus fin encore.

M. DE POURCEAUGNAC.
Ces mots-là me viennent fans que je les fçache.
SBRIGANI.

Il me femble que le fens commun d'un Gentilhomme peut bien aller à concevoir ce qui eft du droict & de l'ordre de la Juftice; mais non pas à fçavoir les vrais termes de la Chicane.

M. DE POURCEAUGNAC. Ce font quelques mots que j'ay retenus en lifant Les Romans. SBRIGAN I.

Ah fort bien.

M. DE POURCEAUGNAC.

Pour vous montrer que je n'entens rien du tout à la chicane, je vous prie de me mener chez quelque Avocat pour confulter mon affaire.

SBRIGANI.

Je le veux, & vais vous conduire chez deux hommes fort habiles; mais j'ay auparavant à vous avertir de n'être point furpris de leur maniere de parler; ils ont contracté du barreau certaine habitude de declamation,qui fait que l'on diroit qu'ils chantent, & vous prendrez pour musique tout ce qu'ils vous diront.

M. DE POURCEAUGNAC. Qu'importe comme ils parlent, pourveu qu'ils me difent ce que je veux fçavoir. SCE

SCENE XI.

SBRIGANI, M. DE POURCEAUGNAC, DEUX AVOCATS Muficiens, dont l'un parle fort lentement, & l'autre fort vîte, accompagnex de 2. PROCUREURS & de 2. SERGENS.

L

L'Avocat trainant fes paroles.
A Polygamie eft un cas,
Eft un cas pendable.
L'Avocat bredouilleur.
Votre fait

Eft clair & net,
Et tout de droit

Sur cet endroit

Conclut tout droit.

Si vous confultez nos Auteurs,
Legiflateurs & Gloffateurs,
Juftinian, Papinian,
Ulpian, Tribonian,

Fernand, Rebuffe, Jean Imoles
Paul, Caftre, Julian, Barthole,
Jafon, Alciat & Cujas,
Cegrand homme fi capable,

La Polygamie eft un cas,
Eft un cas pendable.

Tous les peuples policez,
Et bien fenfez;

Les François, Anglois, Hollandois,
Danois, Suedois, Polonois.

Portugais, Espagnols, Flamans,
Italiens, Allemans,

Sur ce fait tiennent loy femblable,

Et l'affaire eft fans embarras,
La Polygamie et un cas

Eft un cas pendable.

Monfieur de Pourceaugnac les bat. Deux Procu

reurs & deux Sergens dancent une Entrée,

finit l'Acte.

Fin du feconde Alte.

qui

ACTE

ACTE III.

SCENE I.

ERASTE, SBRIGANI.

[ocr errors]

SBRIGANI.

UY,les chofes s'acheminent où nous voulons: Et comme fes lumieres font fort petites, & fon fens le plus borné du monde, jeluy ay fait prendre une frayeur fi grande de la feverité de la Juftice de ce Païs, & des aprêts qu'on faifoit déja pour fa mort, qu'il veut prendre la fuite; & pour fe derober avec plus de facilité aux gens que je luy ay dit qu'on avoit mis pour l'arrêter,aux portes de la ville, il s'eft refolu à fe déguifer, & le déguisement qu'il a pris ett

l'habit d'une femme.

ERAST E.

Je voudrois bien le voir en cet équipage.

SBRIGANI.

Songez de vôtre part à achever la Comedie : & tandis que je joücray mes Scenes avec luy: allezvous en.... Vous entendez bien ?

ERASTE.

[blocks in formation]

Et lors que je l'aurai mis où je veux....

Fort bien.

ERAST E.

SBRIGANI.

Et quand le Pere aura été averti par moi.

ERAST E.

Cela va le mieux du monde.

SBRIGANI.

Voici nôtre Demoifelle, allez vîte, qu'il ne

nous voye ensemble.

SCE.

« PreviousContinue »