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forte une perfonne comme vous, & je vous demande pardon pour la ville.

M. DE POURCEAUGNAC. Je fuis vôtre ferviteur.

SBRIGAN I.

Je vous ay veu ce matin, Monfieur, avec le Coche, lors que vous avez dejeuné; & la grace avec laquelle vous mangiez vôtre pain, m'a fait naître d'abord de l'amitié pour vous: Et comme je fçay que vous n'étes jamais venu en ce Pais; & que vous y étes tout neuf, je fuis bien aife de vous avoir trouvé pour vous offrir mon fervice à cette arrivée, & vous aider à vous conduire parmi ce peuple, qui n'a pas parfois, pour les honnêtes gens, toute la confideration qu'il faudroit.

M. DE POURCEAUGNAC.
C'eft trop de grace que vous me faites.

SBRIGANI.

Je vous l'ay déja dit; du moment que je vous ay veu, je me fuis fenti pour vous de l'inclination. M. DE POURCEAUGNAC.

Je vous fuis obligé.

SBRIGA NI.

Votre phyfionomie m'a plû.

(

M. DE POURCEAUGNAC.

Ce m'eft beaucoup d'honneur.

SBRIGANI.

J'y ay veu quelque chofe d'honnête.

M. DE POURCEAUGNAC.

Je fuis vôtre ferviteur.

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SBRIGANI

Quelque chofe d'aimable.

Ah,

M. DE POURCEAUGNÁC..

ah. T

De gracieux.

SBRIGAN I

M. DE POURCEAUGNAC,

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SBRIGAN I.

Je vous affure que je fuis tout à vous.

M. DE POURCEAUGNAC.
Je vous ay beaucoup d'obligation.

SBRIGANI
C'eft du fond du coeur que je parle.

M. DE POURCEAUGNA C.

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Si j'avois l'honneur d'être connu de vous, vc fçauriez que je fuis un homme tout-à-fait fincere. M. DE POURCEAUGNAC.

Je n'en doute point.

SBRIGANI.

Ennemi de la fourberie.

M. DE POURCEAUGNAC.

J'en fuis perfuadé.

SBRIGANI...

Et qui n'eft pas capable de déguifer ses sentimens.
M. DE POURCEAUGNAC.

C'est ma pensée.

A

SBRIGAN I.

Vous regardez mon habit qui n'eft pas fait comme les autres; mais je fuis originaire de Naples, à votre fervice; & j'ay voulu conferver un peu la maniere de s'habiller, & la fincerité de mon Pais.

M. DE POURCE AUGNAC.

C'eft fort bien fait pour moy j'ay voulu me mettre à la mode de la Cour pour la campagne.

SBRIGANI.

Ma foi, cela vous va mieux qu'à tous nos Courtifans.

M. DE

M. DE POURCEAUGNAC.

C'eft ce que m'a dit mon Tailleur, l'habit eft pro e & riche, & il fera du bruit ici,

SBRIGAN I

Sans doute. N'irez-vous pas au Louvre?
M. DE POURCEAUGNAC, 7pm!
Il faudra bien aller faire ma cour.

S BRIGANI

Le Roy fera ravi de vous voir.

M. DE POURCEAUGNAC

Je le crois. Con

SBRIGAN I

Avez-vous arrêté un logis?

M. DE POURCEAUGNAC.

Non, j'allois en chercher un.

SBRIGANI

:3

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Je feray bien aife d'être avec vous pour cela, & je onnois tout ce païs-ci.

: SCENE IV. ERASTE, SBRIGANI, M. DE POURCEAUGNAC.

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EERTA S TE

H qu'eft ceci! que voi-je ! quelle heureuse ren

avi de vous voir! Comment? Il femble que vous. ayez peine à me reconnoître?

M. DE POURCEAUGNAC.
Monfieur, je fuis vôtre ferviteur.

ERASTE.

Eft-il poffible que cinq ou fix années m'ayent ôté de vôtre memoire ? & que vous ne reconnoiffiez pas le meilleur ami de toute la famille des Pourceaugnacs?

M. DE POURCEAUGNAC. Pardonnez-moy. d. Sbrigani. Ma foy, je ne fçay qui il eft.

..

ER A STIE

Il n'y a pas un Pourceaugnac à Limoges que je ne connoifle depuis le plus grand jufques au plus petit; je ne frequentois qu'eux dans le temps que j'y

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étois,

etois, & j'avois l'honneur de vous voir prefque tous les jours.

M. DE POURCEAUGNAC. C'est moi qui l'ay receu, Monfieur.

ERAST E.

Vous ne vous remettez point mon vifage?
M. DE POURCEAUGNAC..
Si fait. à Sbrigani. Je ne le connois point.
ERASTE.

Vous ne vous réfsouvenez pas que j'ay eu le bonheur de boire avec vous je ne fçay combien de fois ? M. DE POURCEAUGNAC.

Excufez-moi, à Sbrigani. Je ne fçay ce que c'eft. DERA STE.

Comment appellez-vous ce Traiteur de Limoges qui fait fi bonne chere?

M. DE POURCEAUGNAC.

Petit-Jean?

ERAST E.

Le voilà. Nous allions le plus fouvent ensemble chez luy nous réjouir. Comment eft-ce que vous nommez à Limoges ce lieu où l'on fe promene? M. DE POURCEAUGNAC.

Le Cimetiere des Arenes?

ERAST E.

Juftement: c'eft où je paffois de fi douces heures à jouir de vôtre agreable converfation. Vous ne vous remettez pas tout cela?

M. DE POURCEAUGNAC.

Excufez moy, je me le remets. à Sbrigani. Diable emporte, fi je m'en fouviens.

SBRIGANI.

Il y a cent chofes comme cela qui paffent de la tête.

ERAST E.

Embraffez moi donc, je vous prie, & refferrons les noeuds de nôtre ancienne amitié.

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Dites moi un peu des nouvelles de toute la Parenté: Comment fe porte Monfieur vôtre... là..... qui elt fi honnête homme ?

M. DE

M. DE POURCEAUGNAC.

Mon Frere le Conful?

ERAST E.

Oui.

M. DE POURCEAUGNAC.

Il fe porte le mieux du monde.

ERASTE.

Certes j'en fuis ravi. Et celui qui eft de fi bonne humeur? là... Monfieur vôtre...

(

M. DE POURCEAUGNAC. L

Mon Coufin l'Affeffeur?.

ERASTE.

Juftement.

Toûjours gay & gaillard.

M. DE POURCEAUGNAC.

14

SUMER AS TE."

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Ma foi, j'en ay beaucoup de joye. Et Monfieur vôtre Oncle? LeMANO 150

M. DE POURCEAUGNAC. PAT

Je n'ay point d'Oncie..

ERASTE.

Vous en aviez pourtant en ce temps-là....
M. DE POURCEAUGNAC. L

Non, rien qu'une Tante..

ERAST E.

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C'eft ce que je voulois dire, Madame vôtre Tan

te comment fe porte-t-elle ?

M. DE POURCEAUGNAC.

Elle eft morte depuis fix mois.

ERAST E.

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Helas la pauvre Femme! elle étoit fi bonne per

fonne.

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M. DE POURCEAUGNAC.. Nous avons auffi mon neveu le Chanoine, qui a penfé mourir de la petite verole.

ERAST E.

Quel dommage ç'auroit été !

M. DE POURCEAUGNAC.

Le connoiffez-vous autfi ?

ERAST E.

Vrayment fi je le connois! un grand garçon bien

fail.

PPP 4

M. DE.

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