M. LOY A L. Oui, Monfieur, s'il vous plaît. La maifon à préfent, comme fçavez de refte, Au bon Monfieur Tartuffe appartient fans contefte, De vos bien deformais il eft Maitre, & Seigneur, En vertu d'un contrat duquel je fuis porteur. Il eft en bonne forme, & l'on n'y peut rien dire. DA MIS. Certes, cette impudence eft grande, & je l'admire. Monfieur, je ne dois point avoir affaire à vous; Mais... ORGON. M. LOY À L. Oui, Monfieur, je fçais que pour un million Vous pourriez bien ici, fur vôtre noir jupon, Faites que votre fils fe taife, ou le retire, Ce Monfieur Loyal porte un air bien déloyal! Pour tous les gens de bien,j'ay de grandes tendreffes, ORGON. Et que peut-on de pis, que d'ordonner aux gens De fortir de chez eux? M. LOYA L. On vous donne dn temps, Et jufques à demain, je ferai furfeance A l'exécution, Monfieur, de l'Ordonnance, Avec dix de mes gens, fans fcandale, & fans bruit. Pour la forme, il faudra, s'il vous plait, qu'on m'apporte, Avant que fe coucher, les clefs de vôtre porte, Du meilleur de mon cœur, je donnerois fur l'heure Laiffez, ne gâtons rien. DA MIS. A cette audace étrange, J'ay peine à me tenir, & la main me demange. DORIN E. Avec un fi bon dos, ma foi, Monfieur Loyal, Quelques coups de bafton ne vous fiéroient pas mah M. LOYAL. On pourroit bien punir ces paroles infames, CLEAN T E. Finiffons tout cela, Monfieur, c'en eft affez; M. LOY A L. Jufqu'au revoir. Le Ciel vous tienne tous en joie. ORGON. Puiffe-t-il te confondre, & celuy qui t'envoie. SCENE V.. ORGON, CLEANTE, MARIANE, ELMIRE ORG ON.. 3 HE' bien, vous le voyez, ma Mere, fi j'ay droit. Vous vous plaignez à tort; à tort vous le blâmez, me; Et par charité pure, il veut vous enlever Tout ce qui vous peut faire obftacle à vous fauver. ORGON. Taifez-vous ; c'eft-le mot qu'il vous faut toûjours di re. CLEANTE. Allons voir quel confeil on doit vous faire élire, ELMIR E. Allez faire éclater l'audace de l'ingrat: Pour fouffrir qu'il en ait le fuccés qu'on veut croires VALERE, ORGON, CLEANTE, ELMIRE, MARIANE, &c. VALERE. AVec regret, Monfieur, je viens vous affliger Kkk s Le fecret que l'on doit aux affaires d'Etat, D'un Criminel d'Etat, l'importante caffette, J'ignore le détail du crime qu'on vous donne, Mais un ordre eft donné contre votre perfonne, Et lui-même eft chargé, pour mieux l'exécuter, D'accompagner celui qui vous doit arrêter. CLEANTE... Voilà fes droits armez, & c'eft par où le traître, De vos biens qu'il prétend, cherche à fe rendre mai tre. ORGON.. L'homme eft, je vous l'avoue, un méchant ani mal! VALERE Le moindre amufement vous peut être fatal. Ne perdons point de temps, le trait eft foudroyant, te, Et veux accompagner, jufqu'au bout, vôtre fuite, ORGON. Las! que ne dois-je point à vos foins obligeans? Pour vous en rendre grace, il faut un autre temps; Et je demande au Ciel, de m'être affez propice, Pour reconnoftre un jour de genereux fervice. Adieu, prenez le foin vous autres... CLEAN TE. Allez-tot. Nous fongerons, mon frere, à faire ce qu'il faut. SOE SCENE DERNIERE.. L'EXEMPT, TARTUFFE, VALERE, ORGON, EL MIRE, MARIANE, &c. TARTUFF E. Tout beau, Monfieur, tout beau, ne courez point fi vite, Vous n'irez pas fort loin, pour trouver votre gîte, Traître, tu me gardois ce trait pour le dernier. TARTUFFE. CLEANTE. La moderation eft grande, je l'avouë. DAMIS. Comme du Ciel, l'infame impudemment fe jouë! TARTUFF E. Tous vos emportemens ne fçauroient m'émouvoiry. Et je ne fonge à rien, qu'à faire mon devoir. . MARIA N E. Vous avez de ceci, grande gloire à prétendre, Et cet emploi pour vous, eft fort honnête à pren dre. TARTUFF E. Un emploi ne fçauroit être que glorieux, Mais t'es-tu fouvenu que ma main charitable, TARTUFFE. Out, je fçai quels fecours j'en ai pû recevoir; Mais l'interêt du Prince eft mon premier devoir. . Etouffe dans mon cœur toute reconnoiffance; Ami, femme, parens, & moi-même avec eux. « EL |