LES FLEURS. O! COMME chaque fleur, en ce riant dédale, Vers l'astre paternel dont il brave les feux Il est le Roi des fleurs dont la rose est la Reine. Aux pleurs de leur rosée entremêlant ses dons, Nous font encore aimer leurs antiques mensonges! Vois l'hyacinthe ouvrir sa corolle d'azur, Le riche œillet, ami d'un air tranquille et pur, Varier ses couleurs d'une teinte inégale, Le muguet arrondir l'argent de son pétale, BOISJOLIN. La Botanique. LE SACRIFICE DES PETITS ENFANTS. MIRTIL ET CHLOÉ. LE tendre enfant Mirtil, au lever de l'aurore,a Tristement occupée à rassembler des fleurs. CHLOÉ. Hélas! Mirtil, bientôt nous n'aurons plus de père! Que notre sort est douloureux ! MIRTIL. Ah! s'il allait mourir, ce père qui nous aime! Il a tant d'amour pour les dieux ! CHLOÉ. Oui, Mirtil, et les dieux devraient l'aimer de même. MIRTIL. O ma sœur, comme ici tout me paraît changer! Et c'est une autre main qui lui donne à manger. с CHLOÉ. Hélas! Il t'en souvient, mon frère ! Cinq jours bien longs se sont passés Depuis que sur son sein nous tenant embrassés Il se mit à pleurer.... MIRTIL. Oui, Chloé. Ce bon père ! Comme il devint pâle et tremblant ! "Mes enfants," disait-il, "je suis bien chancelant : Et touts les jours son mal augmente. CHLOÉ. Écoute quel est mon dessein : Si tu me vois de grand matin à Occupée à cette guirlande, C'est qu'au dieu des bergers j'en veux faire une offrande. Notre mère nous dit toujours Que les dieux sont cléments, qu'ils prêtent leur secours Aux simples vœux de l'innocence ; Moi, je veux du dieu Pan implorer la clémence ; Et vois-tu cet oiseau, mon unique trésor ? MIRTIL, O ma sœur! attends-moi, je n'ai qu'un pas à faire : * De mes fruits les plus beaux j'ai rempli mon panier; Je vais l'aller chercher; et, pour sauver mon père, Je veux y joindre mon ramier. Ces mots finis, il court, va saisir sa richesse, Tour-à-tour agité d'espoir et de tristesse. Les voilà tous deux en chemin f Pour arriver aux pieds de la statue. Que des pins ombrageaient de leur cime touffue. CHLOÉ. g Daigne, ô dieu bergers, agréer mon offrande, A tes genoux je la suspends : J'en ornerais ton front, si j'étais assez grande. MIRTIL. toi! Conserve ce bon père, ô dieu! Sois-nous propice : Quand je serai plus grand, j'en immolerai deux, CHLOÉ. Nous partageons les maux que notre père endure. Quel don peut te fléchir ?.. Tiens, voilà mon oiseau ! C'est pourtant tout mon bien, ô Pan, je te le jure. Vois, il vient dans ma main chercher sa nourriture, Et je veux que ma main lui serve de tombeau.i MIRTIL. O Pan! que faut-il pour te plaire ? Regarde mon ramier, je le vais appeler. Veux-tu sa vie? Elle m'est chère : Mais, pour que tu sauves mon père, Je vais.... oui, dieu puissant, je vais te l'immoler. Et leurs petites mains tremblantes Mais une voix s'élève: “Enfants trop généreux ! Leur père fut sauvé. Ce jour même avec eux |