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UNIVERSELLE.

B..

BROCARD, BORCHARD, BUR-
CHARD, ou BURCARD (sans pré-
nom connu), né en Westphalie, sui-
vant Reineccius, et, suivant d'autres,
à Strasbourg, entra dans l'ordre de
Saint-Dominique, et fut envoyé, vers
l'an 1232, dans la Terre-Sainte. Il y
vécut dix ans au monastère du Mont-
Sion (d'où il fut surnommé Brocar-
dus de Monte Sion). A l'époque où
il visita ce pays, vers le milieu du
13. siècle, les chrétiens en étaient
encore en possession, de sorte qu'il
put aller dans beaucoup de lieux où
illeur est impossible de pénétrer
aujourd'hui. Il vit des villes et des
villages qui ont disparu. Sa relation,
malgré les traits fabuleux dont elle
est entremêlée, offre de l'intérêt. Il a
divisé son ouvrage en plusieurs voya-
ges particuliers: la ville d'Acre est le
point commun de départ. Brocard
porte son attention sur tous les objets
qui méritent de fixer les regards d'un
voyageur curieux; il voit bien, ob-
serve avec sagacité, et décrit avec
exactitude: ce qu'il dit de plusieurs vé-
gétaux étrangers aux contrées froides
de l'Europe, est si clair et si précis
qu'on les reconnait sans peine, quoi-
qu'il ne les indique pas par leurs
noms. Cet auteur donne aussi des
détails piquants sur l'Arménie et la Ci-
licie. Son voyage, qu'il a dédié à son
frère, religieux du même ordre, existe
en manuscrit dans diverses bibliothè-

la

ques. Toutes ces copies présentent des différences considérables, quelquesunes même ne portent pas son nom. Cette relation fut imprimée, pour première fois, dans le livre intitulé: Catena temporum, seu Rudimentum novitiorum, espèce d'histoire universelle, qui paru à Lubeck, en 1475, 2 vol. in-fol., et qui a été traduite en français gothique, sous le titre de Mer des Histoires, Paris, 1488, 2 vol. infol. Cette édition de Brocard est la meilleure. Elle contient un assez grand nombre de choses qui manquent dans les autres; celles-ci ont été grossies par des additions de tout genre. A la relation est jointe une carte de la Terre-Sainte, gravée en bois, la plus ancienne peut-être de cette sorte, qui existe. Le Voyage de Brocard a été réimprimé plusieurs fois dans différents recueils, et toujours avec des additions. Les éditions les plus conformes à la première, sont celle qui se trouve dans le Veridica TerraSanctæ regionumque finitimarum, Venise, 1519, et celle de Magdebourg, de 1593, réimpression de la précédente. On y a joint le Voyage de Salignac. Le texte est encore assez correct dans les diverses éditions du Novus orbis de Grynæus. La Relation de Brocard a été imprimée séparément à Anvers, en 1556, sous ce titre Locorum Terræ Sanctæ exactissima descriptio, etc. ( ce n'est

:

qu'une réimpression du texte de la re, édition de Grynæus), puis à Paris en 1544, et à Cologne en 1624. Les éditions que l'on trouve dans Canisius (Lectiones Antique) sont les plus fautives.. Les travaux de Brocard ont été mis à profit par Adrichomius, qui, dans le 16. siècle, publia une topographie de la Terre-Sainte, et par Busching, juste appréciateur du mérite d'un écrivain en géographie. On voit dans le catalogue de Gaignat, sous le No. 2637, un Recueil de pièces anciennes manuscrites concernant les historiens d'oultremer. La première pièce de ce manuscrit du 15. siècle (1460) est un Advis directif pour faire le saint voyage d'oultremer, composé en latin, par frère Brochard l'allemant, de l'ordre des Frères Prescheurs, et translaté en françois, en 1457, pour le duc de Bourgogne, par Jehan Mielot, chanoine de Lille en Flandres, avec la description de la Terre-Sainte. Ce duc de Bourgogne était Philippe - le - Bon, qui avait conçu le projet d'une croisade avec ses chevaliers de la Toison-d'Or. La conformité du nom latin Brocardus avec le français Brochard, a donné lieu de confondre le dominicain Brocard avec le cordelier Bonaven ture Brochard, qui avait aussi écrit une relation de son pèlerinage à Jérusalem (Voyez BROCHARD ). La différence d'institut, de nation, et du siècle où les deux moines voyageurs ont vécu, aurait pu faire éviter cette erreur, qui a été partagée par plusieurs savants, entre autres par Philippe Bosquier, qui fit imprimer à Cologne, en 1624, in-8°., sous le nom de Bonaventure Brochard, la description de la Terre-Sainte, de Brocard, jacobin allemand, qu'on n'a jamais appelé Bonaventure; et par

Canisius, qui, dans ses Lectiones antiquæ, lui donne le même prénom. Il y a cependant un espace de deux cent cinquante ans entre Brocard et Bonaventure Brochard.

V-VE et E-s. BROCARD (JACQUES), vénitien suivant les uns, piemontais selon les autres, est un fameux visionnaire du 16. siècle. Il fondait sa mission sur une prétendue vision, dans laquelle il crut avoir découvert à Venise, en 1563 l'application de divers endroits de l'Écriture sainte aux événements particuliers de son siècle, spécialement à ceux qui concernaient la reine Elisabeth, Philippe II, le prince d'Orange, etc. Comme il n'est pas de charlatan qui ne fasse des dupes, il trouva dans le crédule Ségur- Pardaillan, gentilhomme calviniste, toutes les ressources nécessaires pour l'impression de ses livres apocalyptiques. C'étaient des commentaires sur l'Apocalypse, des explications mystiques et prophetiques de quelques autres livres de l'Écriture; un traité du second avènement de J.-C., adressé aux chrétiens; un du premier avènement, adressé aux juifs; un troisième traité De antibaptismo jurantium in papam, etc., Leyde, 1580. On peut voir, dans J. A. Fabricius (Bibl. lat. mediæ et infimæ ætalis), la liste de ses écrits. Les voies de la persuasion n'ayant pu le ramener, il fut condamné dans les synodes de Middelbourg, de la Rochelle, en 1581, et dans quelques autres. Chassé de la première de ces villes, il se réfugia à Brême, courut toute l'Europe, se fixa enfin à Nuremberg, où il trouva des protecteurs, et y termina sa carrière sur la fin du 16. siècle. T-D.

BROCARIO (ARNAUD-GUILLAUME DE), célèbre imprimeur espagnol, au commencement du 16. siècle, im

prima, dans l'université d'Alcala de Henares Complutum ), en 1514 1516, les six volumes in-fol. de la fameuse Bible Polyglotte, dite de Ximenes, ou de Complute, ou d'Alcala. Cette grande entreprise n'avait encore été exécutée chez aucun peuple, et depuis elle a servi de modèle aux Bibles Polyglottes de Justiniani, de Jean Draconite, d'Arias Montanus, de Raimondi, de Le Chevalier, de Bertram, de Wolder, d'Elie Hutter, d'André de Léon, de Le Jay, de Walton et de Richard Simon. Les quatre premiers volumes de la Polyglotte d'Alcala, contiennent l'Ancien Testament, en hébreu, en chaldéen et en grec, avec une version latine. Ils furent imprimés en 1516. Le 5e. volume, portant la date de 1514, comprend le Nouveau Testament, imprimé, pour la première fois, en grec et en latin. Le 6e. volume contient un Vocabulaire hebraïque et chaldaïque, et fut imprimé en 1515. On voit, dans les préfaces de cette Polyglotte, que Brocario fondit les caractères hé breux (où il retrancha les accents) et les caractères grecs, sans accents et sans esprits, pour mieux représenter le texte des anciens manuscrits. 11 est dit que l'ouvrage a été imprimé industria et solertia honorabilis viri Arnaldi Guillelmi de Brocario, artis impressoriæ magistri. Il fallait, pour exécuter cette grande entreprise, un homme aussi puissant et aussi riche que le cardinal Ximenès; il fallait aussi un imprimeur aussi habile que Brocario. Ximenes acheta sept manuscrits hébreux qui lui coûtèrent quatre mille écus d'or. Léon X lui communiqua les manuscrits grecs du Vatican. Les pensions des savants, les gages des copistes, l'achat des manusGrits, les dépenses pour les voyages,

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et les frais d'impression, coûtèrent au cardinal plus de 50,000 écus d'or. Les savants qui travaillèrent à cette Bible, sont Démétrius Ducas, Antoine de Lebrixa, Jacques Lopez de Zuniga, Ferdinand Nuñez de Guzman, Paul Coronel, Alphonse de Zamora et Jean de Vergara. Arnaud Brocario avait un fils, nommé Jean, qui fut aussi imprimeur à Alcala. Il était encore enfant, lorsque son père l'envoya au cardinal pour lui présenter le dernier volume; et le cardinal, levant les yeux au ciel, remercia Dieu de ce qu'il lui était permis de voir la fin de cette vaste entreprise. Sa mort, arrivée quelques mois après, retarda la publication de la Polyglotte; il fallut, pour l'autoriser, un bref de Léon X; il est daté du 20 mars 1520, et ce ne fut que cette année-là que l'ouvrage fut rendu public. On pourrait conjecturer même que la vente en commença plus tard; en effet, Erasme ne le connaissait pas en 1522, lorsqu'il donna la 3o. édition du Nou. veau Testament grec, mais il le cite très souvent dans la 4°. édition, qui parut en 1527. Le prix de la Polyglotte, en feuilles, fut fixé, par ordre de Léon X, à 6 ducats d'or et demi, ce qui revient à 40 francs de notre monnaie de ce temps-là. Cette Polyglotte est rare, et le prix en est plus élevé que celui des Polyglottes de Le Jay et de Walton; un exemplaire, imprimé sur vélin, a été acheté 11,200 francs, par M. Maccarthy, à la vente de Pinelli. V -VE.

BROCCHI (JOSEPH-MARIE), né à Florence, en 1687, était homine d'église, et obtint, en 1716, le prieuré de Ste.-Marie-aux-Ormes, près le bourg St.-Laurent. L'archevêque de Florence, Joseph-Marie Martelli, le fit, en 1723, recteur du séminaire des jeunes ecclésiastiques: il était proto

pour

notaire apostolique, et membre de la società Colombaria. Il mourut le 8 juin 1751. On a de lui plusieurs ouvrages conformes à son état; en latin: des Principes généraux de théologie morale; un Traité sur l'occasion prochaine du péché, sur les récidives; en italien: Les Constitutions du séminaire de Florence, et un assez grand nombre de Vies de Saints. On a aussi un ouvrage qui peut être utile l'histoire et la topographie d'une province de la Toscane; il est intitulé: Descrizione della provincia del Mugello, con la carta geografica del medesimo, aggiuntavi un' antica cronica della nobili famiglia da Lutiano, illustrata con annotazioni, etc., Florence, 1748, in-4°. La famille des Lutiani, qui était une des branches de la tige des anciens Ubaldini de Florence, venait, de s'éteindre; la dernière héritière de ce nom avait légué à Brocchi, par testament, en 1726, le château de Lutiano, ancienne habitation de cette famille, et situé au milieu de la province du Mugello; de-là vient son intérêt pour cette province et pour une famille qui y avait fleuri autrefois. La Chronique qui suit la Description de la province, fut commencée en 1366, par un Lorenzo da Lutiano, qui mourut en 1408, âgé de quatre-vingttreize ans, et la continua jusqu'à sa mort. Elle contient beaucoup de faits particuliers à lui et à sa famille, mais plusieurs aussi qui peuvent servir à l'histoire de la province. Brocchi y a joint des explications et des notes. G-É.

BROCHARD (BONAVENTURE), cordelier au couvent de Bernay, en Normandie, entreprit le voyage de la Terre-Sainte, en 1533, avec Greffin Arfagart, seigneur de Courteilles, che valier du Saint-Sépulcre. Il écrivit en français la relation de ce voyage (en

Hyérusalem et au mont Sinaï ), dont le manuscrit est conservé dans la bibliothèque impériale (sous le N°. 10265). Cette relation paraît être l'ouvrage commun du moine et du chevalier, qui avait fait trois voyages dans la Palestine. Brochard a été souvent confondu avec Brocard ( Voy. BROCARD). Possevin, Vossius, Canisius, Bayle, Dupin et plusieurs autres ont été induits en erreur par Simler, dans son Supplément à la Bibliothèque de Gessner. Lacroix du Maine avait vu le voyage de Bonaventure Brochard et de Greffin Arfagart, écrit à la main, avec la relation de celui que Jean Gassot fit aussi à Jérusalem et au mont Sinaï, vers le même temps, c'est-à-dire en 1547. V-VE.

BROCHARD (l'abbé MICHEL), professeur au college Mazarin, mort en 1728 ou 1729. Il a donné une nouvelle édition de Catulle, Tibulle et Properce, Paris, 1723, in-4°., qui passe pour être défectueuse, et à laquelle on reproche à l'éditeur d'avoir supprimé quelques vers de ces auteurs. Il a concouru avec Lamonnoye et l'abbé de Boissy à corriger le texte du livre du Pogge, De varietate fortunæ, que l'abbé Oliva fit imprimer pour la première fois, Paris, 1723, in-4°., en y joignant en marge les corrections conjecturales de ces trois savants. Il donna aussi, en na aussi, en 1728, une édition d'Horace purgée de toutes obscénités. L'abbé Brochard, littérateur instruit, était un de ces amateurs éclairés qui passent la plus grande partie de leur vie à se former une collection de livres précieux; il n'en admettait dans son cabinet aucun qui ne fût ou foncièrement bon, ou recommandable, soit par sa singularité, soit par sa rareté et par son prix. Il mettait à leur beauté, à leur conservation et à leur condition une attention si scrupuleuse, qu'il fit

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