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raires. Le premier ouvrage par lequel elle se fit connaître est une espèce de journal intitulé la Vieille Fille, commencé le 15 novembre 1755, continué jusqu'à la fin de juillet 1756, et dont les numéros ont été depuis recueillis en 1 vol. in-12. Elle publia ensuite plusieurs autres productions entre autres l'Histoire de Julie Mandeville, imprimée en 1763. Ce roman, dans le genre de ceux de Richardson, fut lu avec beaucoup d'avidite, obtint l'approbation générale, quoiqu'on eût désiré que la catastrophe en fût moins lugubre, et a été traduit en français (Voy. BOUCHAUD). Elle donna la même année une traduction des Lettres de Julie Catesby, roman de Me. Riccoboni, et partit quelque temps après pour le Canada, avec son mari, nommé chapelain de la garnison de Quebec. Ce fut là qu'elle prit l'idée des scènes pittoresques qu'elle a décrites dans son Histoire d'Emilie Montague roman très agréable, publié en 1769, en 4 vol. in-12, plusieurs fois réimprimé depuis, et qui est devenu un livre assez rare; il a été traduit en français, par Frenais, Paris, 1770, 4 part. in-12. De retour en Angleterre, elle se lia avec ce que Londres possédait de plus distingué dans le monde et dans la littérature, notamment avec le docteur Johnson. Elle mourut en 1789, quel

Moore, intitulée: Fables for the female sex; plusieurs ouvrages en prose, un entre autres en faveur des catholiques d'Irlande; plusieurs romans, entre autres le Fou de qualité, publié en 1766, ouvrage ingénieux, d'un ton original et un peu bizarre, et qui obtint un grand succès; Juliette Grenville, imprimé en 1774, mais qui, composé dans les dernières années de sa vie, indique le déclin de ses facultés. Des malheurs avaient contribué à les affaiblir. Quoique Brooke eût obtenu des succès, ils n'avaient pas été assez constants pour lui procurer une aisance proportionnée aux besoins d'un caractère généreux et imprévoyant. Dans le moment d'éclat que lui avait donné Gustave Vasa, Garrick avait désiré de l'attacher à son théâtre. Brooke refusa ses propositions avec quelque hauteur; peut-être plus tard il aurait pu se montrer plus traitable, mais plus tard les propositions ne s'étaient pas renouvelées. Il s'était vu obligé de vendre les biens qu'il tenait de sa famille, et de se réduire par degrés à l'habitation d'une petite ferme. Il n'avait pu trouver dans son esprit, aimable et doux, plutôt qu'énergique, de quoi supporter l'adversité qui l'atteignit dans sa vieillesse. La mort de sa femme, qu'il n'avait cessé de chérir tendrement, et la perte de celui de ses enfants qu'il aimait le plus, achevèrent de l'accabler. Il languit quelques jours après son mari. Parmi ses que temps dans un état d'enfance presque absolue, et mourut en 1783. Tous ses ouvrages, excepté ses romans, ont été réunis en 4 vol. in-8°., 1780. Gustave Vasa a été traduit en français par Maillet du Clairon, 1766,

in-8°.

S-D.

BROOKE (FRANÇOISE), fille d'un ecclésiastique anglais, nommé Moore, se distingua également par ses agréments, son esprit et ses talents litté

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autres productions, on distingue : 1°. Virginie, tragédie, suivie d'odes, de pastorales et de traductions, 1756, in-8°.; 2°. Mémoires du marquis de St.-Forlaix, 1770, 4 vol. in-12; 3°. l'Excursion ou l'Escapade, 2 vol. in-12, 1777; il a été traduit par Henri Rieu, Lausanne 1778, 2 parties, in-12: c'est un roman satirique, dirigé contre Garrick, alors directeur du théâtre de Drury

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BROOKES (Richard), médecin de Londres, du 18. siècle, connu par plusieurs ouvrages, tous écrits en anglais, et dont quelques-uns ont été traduits en diverses langues. Les principaux sont: I. Histoire naturelle du chocolat, Londres, 1730, in-8°.; II. Histoire de la Chine, de la Tartarie chinoise, de la Corée et du Tibet, d'après les pères Du Halde et Lecomte, Londres, 1741, 4 vol. in-4°., fig.; III. Pratique générale de médecine, ibid, 1751, 2 vol. in12; IV. Introduction à la médecine et à la chirurgie, ibid, 1754; ibid, 1763, in-8°.; V. Nouveau systéme d'histoire naturelle, Londres, 1763, 6 vol, in-12, avec 137 planches assez médiocres. L'ouvrage est peu exact et sans ordre systématique; les végétaux, par exemple, qui forment le 5. volume, sont par ordre alphabétique, VI. Précis des Pharmacopées de Londres et d'Edimbourg. On l'a traduit en allemand, Berlin, 1770. VII. Böhmer lui attribue un traité sur l'art de la pêche, the Art of angling Rok and sea fishing, 2o. édition, Londres, 1743, petit in-12, avec 155 fig.

C. M. P.

BROOKS (FRANÇOIS), né à Bristol, était marin, de profession. Il venait de quitter Marseille, et retournait dans sa patrie, lorsqu'en août 1681, le navire sur lequel il naviguait fut pris par un corsaire de Tanger. Con

duit à Salé, puis à Miquenez, Brooks y trouva plusieurs de ses compatriotes qui gémissaient dans l'esclavage. Ceuxci avaient adressé, l'année précédente, une supplique à Charles II, leur souverain, pour qu'il les délivrât de captivité.Ce prince, sensible à leurs maux, envoya un agent pour traiter de leur rançon avec l'empereur de Maroc. La négociation eut le succès le plus heureux, et l'agent anglais partit pour Tanger, emmenant ses compatriotes et les Portugais qu'il avait rachetés; mais les chefs des juifs ayant offert une somme d'argent aussi considérable que celle qu'avait promise l'agent, si l'empereur voulait lui accorder les esclaves chrétiens pour travailler à la construction du village des juifs, le despote sans foi fit courir après les chrétiens, qui furent contraints de reprendre leurs chaînes. Brooks fait un tableau déchirant du mauvais traitement et des cruautés affreuses que les malheureux captifs éprouvaient, souvent même de la main de l'empereur. Ce forcéné était Muley-Ismaël, dont d'autres voyageurs ont tracé un portrait non moins hideux. Brooks supportait depuis onze ans ce triste sort, lorsqu'un More, touche de compassion, lui proposa de le conduire à Mazagan, alors en la possession des Portugais, Brooks accepta ses offres, à condition qu'il emmenerait aussi deux de ses compatriotes. Ils sortirent de Miquenez en juin 1692. Ils parcoururent un pays aride et infesté par les lions, ne voyageant que la nuit, de crainte d'être découverts et trahis. Ils endurèrent, durant ce voyage, tous les tourments imaginables de la faim et de la soif, et passèrent quelques rivières avec grand péril. Un jour, le More, pour soulager ces infortunés, alla à une bourgade voisine vendre sa besace, et, avec le produit, leur ache

ta du pain. Ils arrivèrent vers le milieu de juillet à Mazagan, où ils furent accueillis par le gouverneur, et ensuite s'embarquèrent pour Lisbonne, où on les présenta au roi de Portugal. Brooks recommanda à sa bienfaisance les chrétiens captifs; il alla ensuite en Hollande, d'où il passa en Angleterre. Sa relation, publiée sous ce titre : Navigation faite en Barbarie, par Francois Brooks, trad. de l'anglais, Utrecht, 1737, in-12, est assez rare. E―s. BROOME (GUILLAUME), auteur anglais du 18. siècle, né de parents obscurs dans le Cheshire, fut élevé au college d'Eton, d'où il passa à l'université de Cambridge. Une grande facilité à faire des vers lui valut de bonne heure, parmi ses condisciples, le surnom de poète. Son premier ouvrage fut la traduction en prose de l'Odyssée, qu'il fit conjointement avec Ozell et Oldisworth. Pope l'employa à extraire des passages d'Eustathe, pour les notes de sa traduction de l'Iliade, et le succès de cet ouvrage l'ayant engagé à donner la traduction de l'Odyssée, il jeta les yeux sur Fenton et Broome, pour l'aider dans cette vaste entreprise. Il se réserva la moitié du travail, et partagea l'autre moitié entre ses deux associés, donnant quatre chants à traduire à Fenton, ct huit à Broome, à qui il confia en outre la rédaction de toutes les notes. Fenton reçut de Pope 300 liv. sterl., et Broome 500, et une centaine d'exemplaires de l'ouvrage. Le salaire n'était pas proportionné: Broome se plaignit, parla hautement de Pope, comme d'un homme intéressé, avare, et finit par s'attirer toute l'animosité du poète, qui, non seulement le nomma avec mépris dans la Dunciade, mais, dans son traité du Bathos, le présenta comme un de ces perroquets «< qui répètent les paroles

la

des autres d'un ton rauque et étrange qui semble les leur rendre propres. On dit qu'ils se réconcilièrent par suite. Broome mourut à Bath, en 1745, après avoir joui de quelques bénéfices ecclésiastiques. On a aussi de lui un recueil de poésies, et la traduction en vers de quelques odes d'Anacréon, publiée, sous te nom supposé de Chester, dans le Gentleman's Magazine. C'était, suivant Johnson, un véritable érudit, un pur versificateur, un homme tout-à-fait étranger aux usages et au ton du monde. Mais comment un pur versificateur est-il donc parvenu à faire des vers que, de l'aveu de Johnson lui-même, on ne peut guère distinguer d'avec ceux de Pope? Il est vrai que Pope les retouchait, et disait même qu'il avait plus de peine à corriger les vers de Broome, que ceux de son coopérateur Fenton. S-D.

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a

BROSIUS (JEAN-THOMAS, conseiller intime de l'électeur palatin dans les duchés de Juliers et de Berg, et syndic de l'ordre teutonique laissé: Annales Julia montiumque comitum, marchionum et ducum ouvrage publié après sa mort, par Ad. Mich. Mazzius, à Cologne, 1731, 3 vol. in-fol. Selon quelques bibliographes, Jean Buchel, bibliothécaire à Heidelberg, était le véritable auteur de cette compilation historique. G-T.

BROSSARD (SÉBASTIEN DE), maître de musique de la cathédrale de Strasbourg, ensuite de celle de Meaux, et chanoine de cette église, mourut le 10 août 1750, âgé de plus de soixante-dix ans. Il a été un des plus savants musiciens de la France, sous le double rapport de la théorie et de la pratique. Son Dictionnaire de musique, ouvrage dont celui de J.-J. Rousseau sur la même matière, a mon

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BROSSARD, chirurgien français, qui exerçait son art à la Châtre en Berri, vers le milieu du 18. siècle, connu pour avoir amené l'emploi de l'agaric en chirurgie pour arrêter les hémorragies. Dillen, médecin allemand, en avait déjà parlé dans les Mémoires des curieux de la nature ; mais Brossard rappela l'usage de ce moyen, que l'académie de chirurgie approuva, et pour lequel il eut une pension et une gratification de Louis XV. Cet agaric n'agit pas par une action styptique et spéciale, comme on l'avait cru, mais en arrêtant mécani quement le sang, qui dès-lors se coagule, et dont le caillot bouche ensuite l'ouverture faite au vaisseau, qui est le siége de l'hémorragie. C. et A.

tré l'insuffisance, contient une expli-genres de musique sacrée et profane, cation dogmatique des termes grecs, >> vocale et instrumentale, où tout est latins et italiens, relatifs à la musique, disposé avec ordre, ainsi qu'on peut Ire. édition, 1703, 1 vol. in-fol., et » s'en assurer par le catalogue que 2. édition, 1705, 1 vol. in-8°.; la 6o. » Brossard a remis à la bibliothèque édition (Amsterdam, in-8°.) est sans » de sa majesté ». L'auteur de cet date. Sa Lettre en forme de disser- article est propriétaire du manuscrit tation à M. Demoz, sur sa nouvelle de Brossard, renfermant une grande méthode d'écrire le plainchant et la partie de la traduction latine de l'oumusique, a paru en 1729, 1 vol. vrage allemand de Printz, sur l'hisin-4°. En musique pratique, Brossard toire de la musique. F-LE. a composé un Prodromus musicalis, 2 vol.in-fol. ; 2 livres de Motets, à une, deux et trois voix avec instruments, 1702, in-fol.; neuf leçons de Ténèbres et un recueil d'airs à chanter. Tous ces ouvrages ont été imprimés par Ballard. Brossard avait rassemblé une nombreuse bibliothèque de musique, dont il avait dressé lui-même le catalogue raisonné, et qu'il donna à Louis XIV. Ce prince, en l'acceptant, lui accorda une pension de douze cents livres sur un bénéfice, et une autre de même somme sur le trésor royal, pour sa nièce. M. Vanpraët, conservateur de la Bibliothèque impériale, a bien voulu nous communiquer le mémoire de Brossard, concernant son cabinet de musique, en voici le précis: « Ce » cabinet est des plus nombreux et » des mieux assortis que l'on con> naisse. Pendant plus de cinquante » années, l'auteur n'a épargné ni soins > ni dépenses pour se faire le recueil » le plus complet qu'il soit possible, » de tout ce qu'il y a de meilleur et de » rare en musique, soit imprimé, soit » manuscrit. La première partie du >> recueil contient les auteurs anciens >> et modernes, tant imprimés que » manuscrits, qui ont écrit sur la musique en général; la seconde partie >> renferme les praticiens: elle con» siste en un grand nombre de volu»mes ou de pièces, la plupart iné» dits. C'est une réunion de tous les

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BROSSE (PIERRE DE LA), homme de basse extraction, naquit en Touraine, où il embrassa la profession de barbier ou de chirurgien, ce qui était la même chose de son temps. Cet homme, qui avait autant d'esprit que d'habileté, quitta sa province, se fit connaître à la cour, et devint barbier du roi S. Louis. Ayant gagué les bonnes grâces de Philippe de France, fils aîné de Louis IX, à peine ce prince fut-il sur le trône, en 1270, qu'il fit la Brosse son chambellan; bientôt Mathieu de Vendôme, abbé de Saint-Denis, ne posséda plus entièrement la confiance du jeune roi, et la faveur du chambellan nuisi

beaucoup à l'autorité du premier ministre. Philippe-le-Hardi perdit, en 1271, sa première femme, Isabelle d'Arragon, dont il avait trois enfants. Il épousa, en 1274, Marie de Brabant, dont il eut un fils, tige de la branche royale d'Evreux. Ici commence un tissu d'atrocités invraisemblables, et qui n'a jamais été appuyé de preuves. La Brosse, jusque-là tout-puissant, craignit l'ascendant qu'il voyait prendre à la jeune reine, et chercha à la perdre. Louis, fils aîné de Philippele-Hardi, vint à mourir, et son genre de mort permit de soupçonner qu'il avait été empoisonné. La Brosse entretint le roi dans ce soupçon: même il parait qu'il tâcha de lui persuader que c'était la jeune reine qui avait fait empoisonner le prince, et qu'elle réservait le même sort à ses frères, afin d'assurer la couronne aux enfants qu'elle pourrait avoir. On informa contre Marie de Brabant, et on lui donna des gardes. La Brosse conseilla à son jeune maître d'envoyer à Nivelle, consulter une devineresse, pour savoir si la reine était coupable. Le roi y envoya Mathieu de Vendôme, qui n'était rien moins que dans les intérêts de la Brosse, et l'on vit un principal ministre du royaume, revêtu du caractère de prêtre, aller dans un village de Flandre, consulter follement une béguine accréditée par ses impostures. Pierre, évêque de Bayeux, parent de la Brosse, fut le compagnon de voyage de l'abbé de Saint-Denis; il promit, dit-on, à la béguine de Nivelle de grandes récompenses, si elle voulait charger la reine; elle ne répondit rien que

de

vague et d'obscur, et le roi, instruit des démarches suspectes de l'évêque de Bayeux, commença à croire que la Brosse avait cherché à le tromper et à perdre une princesse inno

:

cente, pour régner avec plus d'empire sur son esprit. On commença mêine à répandre que la Brosse était coupable lui seul de la mort du prince. L'oracle de la béguine fit tomber le crédit du chambellan; une intrigue monacale acheva de le perdre. La France était alors en guerre avec Alphonse X, roi de Castille le comte d'Artois, qui commandait l'armée française envoyée en Espagne, eut une entrevue avec ceroi, et prétendit qu'il était convenu d'avoir des intelligences à la cour de Philippe-le-Hardi, et des espions dans son conseil. On répandit le bruit que Pierre de la Brosse était le traître. Un jacobin de Mirepoix vint à la cour, demanda à parler au roi, lui remit une cassette, disant la tenir d'un inconnu qui était venu à son abbaye, où il était mort, et qui, en mourant, lui avait recommandé de remettre cette cassette au roi en mains

propres. On l'ouvrit en plein conseil, et on y trouva une lettre vraie ou supposée qui prouvait la trahison de la Brosse. Il fut arrêté et conduit d'abord à Janville en Beauce, puis au château de Vincennes. Son procès ne fut point instruit publiquement; mais il fut condamné à être pendu en 1276. Les ducs de Bourgogne et de Brabant, le comte d'Artois, et une foule de seigueurs à qui sa mort était agréable parce qu'il leur avait rendu de mauvais services auprès du roi, voulurent assister à son exécution. Rien ne prouve qu'il fût coupable de haute trahison; Mézerai, cependant, trouve « qu'il l'était assez quand il n'aurait commis d'autre crime que d'avoir obsédé son roi, et enlacé sa personne sacrée et son esprit par ses artifices ». S-Y.

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BROSSE (JEAN DE), connu sous le nom de maréchal de Boussac, du nom d'une petite ville du Bourbonnais

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