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ce genre il rivalise réellement avec la nature. Nous n'avons d'autre regret que celui de n'avoir pu donner en entier cette même lettre. Mais les procédés longs et difficultueux de cette sorte de gravure auroient demandé plusieurs mois; et notre Édition n'a déjà été que trop retardée.

N. B. Les notes ajoutées par l'Éditeur aux Lettres de Sévigné se reconnoitront à la marque d'une ou plusieurs étoiles.

AVERTISSEMENT,

PLAN DE CETTE NOUVELLE ÉDITION.

CE que l'Éditeur, dès long-tems lecteur assidu des Lettres de Madame de Sévigné, a toujours désiré d'y trouver, est précisément ce qu'il se propose de donner au Public. C'étoit son plaisir de choix ; il eût voulu qu'il n'y manquât aucun assaisonnement; il s'est étudié à le perfectionner. Il a tracé son plan sur ses propres impressions. S'il ne contente pas le Public, c'est qu'il n'a pu se satisfaire lui-même.

Ces Lettres forment un livre admirable, comme modèles de style. Elles nous mettent dans la confidence intime de personnes qui joignoient à la célébrité le caractère et l'esprit le plus aimable ; sorte d'attrait que n'offre aucun autre ouvrage ni ancien ni moderne. Elles ont encore un intérêt particulier comme recueil d'anecdotes, et comme tableau d'un siècle et d'une Cour qui ont tant influé sur les mœurs, non-seulement de la France mais même de l'Europe entière. Leur lecture sera donc à jamais recherchée par tous les esprits, si raffinés ou si peu cultivés qu'ils

TOME I.

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soient. Personne ne peut voir avec indifférence les efforts qu'on a faits pour augmenter l'agrément de cette lecture.

La plupart des Éditions des Lettres de Sévigné, n'ont été que des copies de celle de 1754, à laquelle on a réuni les diverses additions qui depuis avoient paru successivement. Aucune n'est complète ni ordonnée comme elle devoit l'être.

Il est tems de faire de cette collection un monument digne de Madame de Sévigné, digne de ceux qu'on a consacrés aux plus beaux génies de son siècle, lesquels, dans leur genre, ne furent pas plus parfaits qu'elle; monument qu'on fondera moins sur le luxe typographique, que sur la plus soigneuse correction du texte, sur des additions intéressantes, sur un ordre méthodique, sur des notes instructives sur la réunion, avec choix, de tout ce qui peut servir à mieux apprécier l'Auteur et ses écrits.

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L'Édition nouvelle devant, autant qu'il est possible, remplir ces conditions, il est bon d'indiquer avec quelque détail les avantages qui la distinguent des précédentes.

I.

Additions.

Puisque Madame de Sévigné ne fut pas seulement une mère tendre, ses Lettres à sa fille ne seront pas les seules qu'on veuille lire. Puisqu'elle est devenue un Auteur presque unique dans son genre, tout ce qu'elle a laissé en ce genre doit être ici rassemblé.

Il existe, dit-on, beaucoup de Lettres inédites de Madame de Sévigné. Mais quelques démarches qu'on ait faites, rien n'a pu faire ouvrir les porte-feuilles où ces trésors paroissent être ensevelis. Nous ne sommes pas même en état de donner au Public, avec la certitude de son existence, l'espoir d'en jouir un jour. Cependant on trouvera ici un assez grand nombre de Lettres qui paroîtront nouvelles, en ce qu'elles n'ont jamais été jointes à aucun de ses recueils et qu'elles se trouvoient comme égarées dans des livres très-peu lus, ou même rares. Telles sont particulièrement celles qui commencent notre collection, d'autant plus curieuses qu'elles datent de tems très-antérieurs à celles que tout le monde connoît. La première est de 1647, où Madame de Sévigné entroit à peine dans sa vingtdeuxième année ; d'autres nous la montrent

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dans les années suivantes; en sorte que sa correspondance s'étend ici sur quarante-neuf ans, au lieu de vingt-sept seulement qu'elle avoit d'abord embrassés. Telle est sur-tout une Lettre précieuse, moins encore parce qu'elle étoit presque inconnue, que par le moment même où elle fut écrite. C'étoit environ huit jours avant la mort de Madame de Sévigné. Ces lignes pathétiques sont probablement les dernières qu'ait tracées sa main déjà languissante on peut les appeler le chant du cygne. Car n'y a-t-il que les Poëtes qui chantent? et quelle musique plus douce que la prose de notre Sévigné !

Mais pour compléter cette Édition, falloitil compiler jusqu'au moindre billet échappé à sa plume facile? Son génie ne s'est-il pas endormi quelquefois? Son imagination étoitelle également sollicitée dans tous les momens, par tous les sujets et par toutes les personnes? Non sans doute. Aussi n'admeton ici aucune Lettre qui n'offre quelque trait de sa charmante manière. On n'a pas craint de retrancher ce qui a paru sans intérêt ou répété en d'autres endroits.

L'intérêt qu'inspire Madame de Sévigné se réfléchit sur tout ce qui lui fut attaché, sur ses amis, et principalement sur sa fille.

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