Le Très - Révérend Pere DE LA CHAISE ayant répondu à l'Auteur qu'il le ressusciteroit infailliblement; l'Auteur deux mois après lui écrivit cette Lettre en Vers. A CHAISE, je fuis mort. On n'en fauroit douter. pagnie, Lorsque j'étois à l'agonie, Tu me promis de me reffufciter. Depuis deux mois cette promeffe est faite : Ainfi je dois bientôt fortir de mon tombeau. Qu'il étonnera la nature! Car j'ai deux mois de pourriture. MADRIGAL Au Très-Révérend Pere DE LA CHAISE. I L ne faut point qu'on s'imagine Que le vifage, que la mine Difent vrai dans ce fiécle-ci. Quand donc mon visage, La CHAISE, Songe bien qu'il en a menti. Tu me fais perdre patience, U LA CHAISE, c'en est fait, je cours à la vengeance, Je te connois humble & modefte, MADRIGAL Au Très-Révérend Pere DE LA CHAISE, Sur ce que l'on promettoit à l'Auteur une Penfion de cinq cens écus. Ou font-ils mes cinq cens écus ? Je les cherches par tout: ne les a-t-on point vûs? Ah qu'ils me mettroient à mon aife! Mais j'apréhende fort qu'ils ne foient nulle part; Car je n'ai pu les voir ni dans tes yeux, LA CHAISE, Ni dans ceux de Verjus, ni dans ceux de Maillard. PLACET AU ROr. Pour obtenir une chofe qu'aucune perfonne de la Cour n'ofoit demander à Sa Majefté, & que l'Auteur obtint fur le champ. Ous diftinguons deux perfonnes en toi: NL'une eft LOUIS, Pautre le ROY. Le Roy n'eft que le Roy de France. Mais qu'est-ce que LOUIS? (J'avertis par avance Qu'ici tout l'Univers va répondre avec moi;) C'est un Grand Homme dès l'enfance, Plus équitable que la Loi, Plus augufte que sa Naissance, Plus grand même que fa Puiffance, L'unique foutien de la Foi, Vrai pere de fon peuple, indulgent, bon, fincére. Mais à propos de bon, d'indulgent, de vrai pere, LOUIS voudroit il bien me prefenter au Rox? Tous mes amis n'ofent le faire. MADRIGAL AU ROT. Pour remercier Sa Majefté de ce qu'elle avoit témoigné, qu'elle ne cherchoit que l'occafion de faire du bien à l'Auteur. G RAND ROY, fi ton bienfait n'eft que digne de moi, Ma pauvreté fera toujours extrême. Il ne faut pas auffi qu'il foit digne de toi, ¥:000000000 MADRIGAL AU Ror. JE E parle en pur Hiftorien, Quand je dis que par tout tu fais autant de bien, Sera-ce une Fable pour moi? STANCES LIBRES au Roy. Après que l'Auteur eût remercié Sa Majefté d'une grace qu'Elle lui avoit accordée. AR toi tout le paffé céde au fiécle où nous fommes: PAR Et fi tout l'Univers s'affembloit une fois, On te verroit alors paffer les plus grands Rois, Comme les plus grands Rois paffent les autres .. hommes. Ton fort est au-deffus des defirs & des vœux. Ce font ceux qui, par leur devoir, Voïe a découvert ton visage, Du moins, que je ne ceffe pas De t'admirer dans ta plus noble image. |