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MADRIGAL AU ROY.

C'est une Mufe en colère qui lui parle.

OUIS, je me vengerai bien.
Je ne te prédirai plus rien.
Te faffe qui voudra la charmante peinture
De ta gloire future.

Pourquoi fuis-je pouffée à bout?

Je prédirois des coups plus beaux que ceux d'A

chile.

Mais hélas! Vengeance inutile!
Ta Sageffe te prédit tout.

MADRIGAL AU ROr,

Sur la grande Victoire remportée par le Prince Loüis de Bade, fur les Turcs.

Uv, ce qu'on dit eft vrai, que Bade & fes
Guerriers

Sont gorgés de butin, & couverts de lauriers;
Mais, s'ils fçavoient leur fort, ils gémiroient fans

ceffe.

Comme ils feront bientôt tes victimes, GRAND

Roy',

La victoire à prefent les pare & les engraiffe

Pour les rendre dignes de toi.

BILLET

A Meffieurs de l'Académie Françoise,

Sur la prise de Mons.

IL eft donc vrai que MoNs eft pris?

Taifons-nous vous & moi, Meffieurs les beaux efprits.

LOUIS eft au-deffus de vos Panégyriques,
Et GUILLAUME au-deffous de mes Vers fatiriques.

KKKKKKKKKKKKKKKKKKK

MADRIGAL

Au Très-Révérend Pere DE LA CHAISE,

Sur ce que le Roy s'étoit trop exposé au Siége de Namur.

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I le meilleur des Rois s'expofe encor aux coups, Point de milieu, LA-CHAISE, ou nous deviendrons fous,

Ou nous mourrons d'inquiétude:

Dis-lui donc, mais du ton qu'il faut,
Qu'il corrige en lui ce défaut;

C'est fon feul péché d'habitude.

1

WAXAAWWWX

CHANSON

A Madame DE PONTCHARTRAIN,

Qui dans le Château de Pontchartrain preffoit depuis plufieurs jours l'Auteur de faire contr'elle une

Aque

Satire.

Que Madame de Pontchartrain!

Plus j'y veux trouver à redire,
Plus je vois que je rêve en vain.
Eft-il un plus cruel martyre

Pour un railleur du genre humain?
Ah quel écueil pour ma Satire
Que Madame de Pontchartrain!

C'est bien malgré moi que j'admire
Ce port noble, cet air ferain,
Et ce majestueux foûrire
Dont le pouvoir est fouverain.
Ah quel écueil pour ma Satire
Que Madame de Pontchartrain!

Adieu, TOUREIL, je me retire:
Ma mufe ailleurs ira fon train.
Elle ne vit que de médire,
Elle mourroit ici de faim.
Ah quel écueil pour ma Satire
Que Madame de Pontchartrain!

SONNET

A Monfieur l'Abbé DESMARETS,

Nommé par le ROY, à l'Evêché de Chartres.

PRELAT, fois tout à tous: ne vis qu'en Jesus

CHRIST.

Fais dire que fa Grace eft l'ame de ton ame. Prens dans tous tes deffeins les mesures qu'il prit. Ne puife qu'en fon cœur un zèle qui t'enflamme.

Songe à bien diftinguer la lettre de l'efprit.
Croi que l'orguëil eft bas, & l'avarice infame.
Et pour connoître mieux tout ce qui t'eft prescrit,
Voi ce qu'en un Prélat l'Apôtre loue & blâme.

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Que la pompe jamais n'accompagne tes pas.
Affaifonne toujours ce que tu nous diras,
D'un beau je-ne-fai-quoi qui corrige & qui plaife.

Repêche l'Hérétique échapé de nos Rets,
Et que l'Evêque enfin de notre Diocèfe
Ne dégénére point de l'Abbé Defmarets.

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Après la Victoire de Steinkerque,

Qui arriva deux mois après la prise de Namur.

T

Andis que tes nouveaux exploits
Réjouiffent tous les François,
GRAND ROY, le chagrin me dévore.
Pourquoi ce chagrin", me dis-tu?
Hélas! C'eft que je tremble encore
Des périls où Namur t'a vu.

MADRIGA I

Au Très-Révérend Pere DE LA CHAISE,

Qui devoit au plûtôt parler au ROY d'une affaire de grande importance, où l'Auteur s'interreloit beaucoup.

Tu vas bientôt décider de mon fort.

Tout m'inquiéte en cent maniéres.

Non, les aproches de la mort

N'allarment pas plus fort.

Ah que fur tout mes nuits ont d'heures meurtriéres! La Chaife, dis pour moi certains mots bienfaifans. Parler en ma faveur, c'eft dire les priéres

Pour les Agonifans.

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